Le commérage

 

 

Les langues de pétas

 

         Les bassins sont un lieu réservé aux femmes, les enfants y sont mal reçus. « Lorsqu’on tentait de s’approcher, les femmes nous faisaient sirguer », filer.

         Aux bassins, les langues de pétas s’en donnent à cœur joie : « Une telle est une dégavailleuse (gaspilleuse)... et son homme, il pense qu’à campéjer (courir)... » Un pétas, c’est un rapiéçage.

 

Les femmes cascaillent aux bassins, l'écho de leurs voix parvient au village

Montpezat - Photo René Domergue

 

 

          Le commérage est un divertissement. Dans une société fermée, c’est aussi l’expression d’un fort contrôle social, d’autant plus lourd que l’individu est prisonnier de sa naissance. S’il arrive à un gamin de voler alors que son arrière-grand-père avait la réputation d’être peu délicat, cela ne surprend pas, « il a de qui tenir », « il semble son grand ». Si un enfant rechigne devant le travail et qu’il s’est trouvé, « un jour », un fainéant dans sa famille, il ressort que « c’est de famille ».

         Les femmes s’escacalassent (rient très fort), s’espoussent (s’engueulent), discutent à voix haute, les conversations vont bon train. Les bassins jouant le rôle de chambre d’écho, les éclats de leurs voix portent très loin. « Des Platanes, on les entendait cascailler. » Lorsque le paysan laboure dans un terrain pierreux ou très sec, le soc de la charrue émet des sons métalliques, on dit que ça cascaille.

 

Source : R. Domergue, Des Platanes, on les entendait cascailler, éd.RD, p. 187

(Etude de la vie quotidienne dans un village du pays de Nîmes, Gard)

 

 

 

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