Les veillées

 

 

 

Ils finissaient par te foutre la pète

 

         Les gens se rassemblent aussi, l’hiver, à l’occasion des veillées. « Dans le temps, l’hiver, les gens se retrouvaient les uns chez les autres, le soir après souper. Ils finissaient de souper vers sept heures et restaient ensemble jusqu’à neuf ou dix heures. Un peu plus longtemps les veilles de dimanche ou de fête. » (...)

         Ces soirées sont le théâtre de récits où réalité et épouvante font bon ménage. On commente inlassablement l’histoire de l’empoisonneuse de Saint-Gilles ou celle des assassins de l’auberge de Peyrebelle... « Ils finissaient par te foutre la pète », par te faire peur. Pour peu que, sous le feu de l’excitation, on en vienne à parler des fantômes et des esprits, les enfants sont terrorisés au moment de regagner la maison dans la nuit. (...)

         Les anciens ont le sentiment que les veillées qu’ils ont vécues, « c’était pas comme celles de l’ancien temps ». « Les veillées, c’était du temps de mes parents, avec les voisins ; ma mère en parlait », dit Aline. Ma tante Lucie précise, en parlant des soirées qu’elle passait chez des amis de la famille : « C’étaient pas des veillées, on allait chez un, chez l’autre... Les veillées, c’était par exemple quand se réunissait toute la Calade : les Albigès, les Bessac, les Marseille, les Domergue, tous les voisins et amis. C’était bien avant 1914. » Elle n’a pas connu cette coutume, mais son père ou sa mère l’évoquaient parfois. Et pourtant, la dimension des cuisines de nombreuses vieilles maisons ne permettait certainement pas l’accueil de cinq ou six familles du voisinage.

 

Source : R. Domergue, Des Platanes, on les entendait cascailler, éd.RD, p. 201

(Etude de la vie quotidienne dans un village du pays de Nîmes, Gard)

 

 

 

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