« Ce jeu, il bade ! » Bader, admirer, regarder bouche bée. Aux boules, un jeu qui bade est un jeu facile. Le chemin que doit parcourir la boule du pointeur est tout tracé. « Elle a qu’à suivre la gabieu.» C’est comme si on  avance dans une rangée de vigne, impossible de s’égarer !

        Pour le tireur, une boule qui bade « c’est une boule qui est belle », on ne voit qu’elle, nettement à l’écart des autres. En la percutant, aucun risque de démarquer. Du côté de Nîmes on dit : Elle est à beau. « Une boule à beau, elle se coufle, tu la vois grosse comme un foudre. Tu te dis : Je vais pas la manquer. » Elle se gonfle, devient aussi énorme qu’un gros tonneau. « Cette boule, elle est pas de manque. »

        Et le tireur qui rate une telle boule est un trace de tireur. Un tireur plus que médiocre.

        Face à un jeu très encombré on ne sait trop que faire. Une solution est de démarmailler. De démêler. Pour cela il faut pointer fort dans le moulon (tas) de boules et, c’est prudent, implorer le dieu de la chance. En effet, « quand tu démarmailles, tu risques d’empéguer une boule tienne qui avait le point. » Autrement dit tu risques de faire une cagade, voire une belle cagade.

 

Source : Avise, la Pétanque ! Édité par René Domergue, p.12

Texte : René Domergue. Dessins : Eddie Pons.