Escamper

 

 

             Escamper, lancer. S’escamper, s’élancer.

             Un taureau qui s’escampe, se jette après le raseteur, parfois jusqu’au niveau des gradins dans les arènes où les premiers rangs sont bas. Frisson de pète délicieuse pour les spectateurs les plus proches de l’action qui sentiront le souffle du taureau.

 

Dessin de Patrick Ouradou (Péo)

Fan dé chiche, ce taureau, il s’escampe !

 

             Le raseteur qui est enrégué par un tel taureau a intérêt à s’escamper lui aussi. Selon la configuration des arènes, il peut se retrouver parmi les spectateurs. Mèfi alors de ne pas prendre un coup de crochet !

             Pris de court, le raseteur peut s’escamper à terre. S’il est proche de la barricade, il peut même tenter de glisser sous le marchepied.

             Les taureaux qui s’escampent sont généralement des taureaux jeunes. En effet, celui qui s’escampe prend des nioques, des coups, il finit par s’escarnir, se dégoûter. De toute manière, avec l’âge, le biòu se fait moins leste. 

             En course espagnole, dans les années 50-60, à Nîmes ou en Arles, on voyait encore des spectateurs mécontents escamper des tomates ou autres restes de repas à des toreros. A Séville les spectateurs déçus escampent les coussins loués à l’entrée. Cela ne se voit pas en course camarguaise, où les spectateurs se contentent de bader ou de siffler. De même lorsqu’un torero a brillé, la présidence lui accorde un tour de piste et les spectateurs lui escampent des fleurs, des chapeaux ou autre chose à leur portée. Cela n’existe pas en course camarguaise et c’est peut-être dommage.

 

Commentaire de Péo sur le passage du dessin noir et blanc à la couleur 

 

 

Extraits du lexique

(cl) renvoie à la graphie classique.

(mis) renvoie à la graphie provençale mistralienne.

 

Fan dé chiche (p.38) : Exclamation. Origine incertaine. Fan renvoie à un enfant, mais rien n'est sûr pour chiche. L'interprétation la plus satisfaisante semble celle de Georges Gros, enfant de bohémien. Chincha (cl). Chincho (mis). Par extension, enfant de la misère.

Fan dé chichourle (p.20) : Exclamation. Mot à mot, enfant de jujube. Fan de chinchorla ! (cl). Fan de ginjourlo ! (mis). Pour certains, la jujube se mange sèche, noire, ridée, un enfant de chichourle serait alors un enfant de vieille. Selon Jean-Claude Rey (op.cit.) la chichourle était associée au sexe féminin, plus spécialement à celui des femmes de petite vertu, il faut alors comprendre enfant de pute.

Escamper (p.30, 38, 42, 56) : jeter, répandre. S’escamper : se jeter, s'élancer. Escampar (cl). Escampa (mis).

Mèfi ! (p.38, 52) : Attention ! Mèfi (cl et mis).

Nioque (p.18, 38) : coup, ecchymose. Nhòca (cl). Gnoco (mis).

Escarnir (p.38) : décourager, dégoûter. S’escarnir : se décourager. Escarnir (cl). Escarni (mis).

Bader : regarder bouche bée (p.58) mais aussi, en Languedoc, crier (p.38). Badar (cl). Bada (mis). Un taureau peut bader les gens en contrepiste ou sur les gradins : les regarder en se désintéressant des raseteurs.

 

Source :  Avise, le Biòu ! , éd. René Domergue, p.38

 

 

Informations complémentaires sur le site de la FFCC. http://www.ffcc.info/rubrique91.htm

 

 

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