Messe provençale

 

 

            Depuis longtemps diverses messes ont lieu durant la féria de Pentecôte : messe pour les peñas espagnoles en 1961, messe dans la chapelle des arènes en 1962, messes en espagnol en 1964-65-66 à l’initiative de la Peña Ordonez, messe flamenca en 1985 organisée par le Club Taurin Emilio Munoz. Toutefois, la seule qui semble s’être solidement implantée est la messe provençale. Nous en trouvons la première trace dans le Midi-Libre du lundi 31 mai 1982, évoquant la journée de dimanche (...)

            Nous avons rencontré Monsieur Roger Valette, inlassable organisateur de festivités camarguaises depuis plus de trois décennies. Selon lui la première messe provençale fut instaurée le dimanche matin, jour de Pentecôte, par l’association La Tour Magne félibréenne. Puis cette messe a été abandonnée. C’est alors qu’il a décidé de relancer la tradition. Au début, le curé de Saint Charles était totalement d’accord, non seulement pour accueillir la cérémonie, mais aussi pour dire la messe en langa nostra (dans notre langue). C'était un vieux curé. "Il parlait le provençal. L'idée l'avait emballée... Les deux premières années ce fut grandiose." Hélas le vieux curé mourut. "Le nouveau curé, un jeune prêtre qui avait des idées modernes, a dit qu'il tolérait la messe cette année-là, mais qu'en suite on aille la faire ailleurs."

            La messe provençale finit par trouver refuge à la cathédrale où elle se déroule encore maintenant. Dans la pratique actuelle le curé de la paroisse fait le sermon d’accueil en français mais une partie de la messe est dite en langa nostra par le père Causse, lazariste de Marseille et Majoral du félibrige, ou par l’Abbé Saint-Pierre, curé de Collias. S’y retrouvent les groupes folkloriques locaux. Mais les gardians ne viennent plus à cheval, car "les chevaux, attachés devant l'église en attendant la fin de la messe, ne restgent pas tranquille. Ils glissent sur les pavés de la place, font du raffut, ce qui empêche le bon déroulement de la cérémonie."

            Seul problème : le retard chronique ! "La messe est prévue à dix heures. A dix heures moins cinq, il n'y a toujours personne ! Puis les groupes folkloriques arrivent peu à peu ! Il y a rien à faire, c'est une maladie. Le retard vient en partie du temps qu'il faut aux filles pour se préparer. Peu de filles savent se coiffer seules. Quand on a une vingtaine de filles à préparer, ça prend deux heures."! 

            La lecture des informations que j’avais recueillies a donné à mon professeur l’envie d’assister à la messe provençale lors de la dernière Féria. Voici comment il a vécu la chose :  « A l’entrée de l’église il y a bien une sorte de haie d’honneur, mais elle est montée non par les arlésiennes ou les gardians, mais par des militants anti-corridas qui distribuent des tracts. La cathédrale est pleine, mais on n’est pas esquichés. Aux places réservées je vois peu de gens en tenue camarguaise ou régionale, à l’exception des groupes folkloriques. L’évêque lui-même intervient en provençal, mais son langage est un peu hésitant. En revanche celui d’un des curés est excellent. Au bout de dix minutes, une famille (de touristes ?) se lève et quitte l’église. Ils en ont assez vu. Cinq minutes après, une deuxième famille fait de même. Et ainsi de suite jusqu’à la fin. Au total une trentaine de personnes quitteront la cérémonie. Je comprends que certains touristes amateurs d’émotions faciles puissent être déçus : la cérémonie se déroule sans aucune esbrouffe, elle est très sobre, ce qui contraste avec les bruits et les lumières de la Féria. Moi qui ne mets plus les pieds à l’église depuis longtemps je ressens une profonde émotion, particulièrement au moment de l’élévation qui se déroule sur fond léger de fifres et tambourins. La moitié de l’assistance a communié. Les chants en langue provençale sont peu repris par la foule, contrairement aux chants en français. La cérémonie se termine par Coupo Santo, repris en coeur, par presque toute l’assistance cette fois. Mon enfance défile à toute allure. Je ressors les larmes aux yeux. »

 

            Adapté de l’article de Magali Grenier. Documentation, Alice Percevaud.

 

Source : La Féria de Nîmes, tome 2, éd. AL2, 1996. Sous la direction de R Domergue.

 

 

 

Accueil

 

Sommaire

Texte suivant

Début de page