Chiens, chats et autres animaux.

 

 

 

       (Que deviennent les animaux familiers durant la Féria ?)

        Un journaliste du Provençal écrit, en 1961 : "Le bruit des pétards effraie les chevaux. Ils n'ont pas l'habitude des bruits, des mouvements de foule." Il va jusqu’à se demander s’il faut continuer à faire participer les chevaux à la fête. Aujourd’hui il y a moins de pétards, mais on en entend claquer tout de même. Quand au bruit : les sonos crachent plus fort que jamais. Est-ce que les chevaux se sont adaptés ? Ou sommes-nous sourds à leurs plaintes ? Ce même journal, l’année précédente, évoquait le malheureux sort des pigeons "effrayés par les bombes qui annoncent l'abrivado". Personne ne pense plus aux pigeons semble-t-il ! Un article de la Marseillaise, daté du 1er juin 1966, donc paru en pleine Féria, parle d’un chien qui serait tombé dans le canal de la Fontaine. Distraction du chien ou mauvais délire d’humains, on ne saura jamais. En tout cas depuis cette date les journaux que nous avons parcourus ne semblent plus s’intéresser aux animaux.

            Nous avons pris contact avec l’association Chats Libres, qui a pour objet de "surveiller, nourrir, soigner les chats sans maître de la ville de Nîmes." Nous avons été reçues par deux charmantes mamies vivant dans une grande maison remplie de chats qu’elles ont recueillis et qui gambadent dans toutes les directions. Elles nous expliquent qu’en période de Féria et à l’heure des repas, les membres de l’association ne retrouvent plus à leur poste habituel les chats abandonnés. Ce n’est pas, comme on pourrait le penser, qu’ils trouvent de la nourriture en abondance ailleurs : "ils se cachent pour éviter la foule et le bruit... Les chats sont très attachés à leurs habitudes. Si on met leur gamelle à tel endroit, ils y reviennent instinctivement. S'ils ne viennent pas au lieu habituel, ce n'est pas parce qu'ils vont chercher de la nourriture ailleurs, mais à coup sûr parce qu'ils ont peur et restent cachés." Les chats sont donc à inscrire sur la longue liste des victimes méconnues de la Féria.

Léo, retour de Féria

            Cependant les plus perturbés par la Féria semblent bien être les chiens. Les chiens détestent le bruit des pétards, et certains ne le supportent pas. Une dame habitant le centre-ville nous confie : "Dans les années 60, il y avait beaucoup de pétards. Certains jeunes les envoyaient par la fenêtre et ils pétaient dans l'appartement. D'autres en mettaient dans le trou d'écoulement de l'évier, ce qui faisait un bruit infernal. Mon chien de l'époque avait tellement peur que, chaque fois, il se paralysait du train arrière. Il ne voulait plus manger et je devais moi-même lui mettre les aliments dans la bouche." En fait, explique un vétérinaire, les chiens épileptiques risquent de faire des crises à ce moment. Cela arrive car quelques jeunes jettent encore des pétards. D’ailleurs certains maîtres font faire des piqûres de calmant à leur chien. Mais il n’y a pas que les pétards pour perturber les chiens. Des sons soudains, avec beaucoup d’intensité, les effraient. "Ils craignent les bruits inhabituels, surtout les sifflets." Une dame, professeur d’espagnol au Lycée et responsable de la SPA nous affirme : "En temps de Féria, le bruit en ville fait que de nombreux chiens ont peur et s'échappent. Certains se perdent. On nous en amène au refuge bien plus que d'habitude. La pire époque a été celle des pétards. Toutefois, même maintenant, on constate une différence." 

            En fait le tintamarre des sonos et des peñas va cruellement atteindre l’ouïe des animaux. Nous n’en avons pas toujours conscience car notre perception auditive est différente. "Chez l'homme, les sons ne sont audibles que si leur fréquence est comprise entre 16 000 et 20 000 hertz ; le chien, lui, entend les ondes sonores jusqu'à 40 000 hertz" (cf. Le guide du chien de chasse) Tous ceux qui ont entendu des chiens aboyer de douleur au son des cloches, comprendront aisément que le chien peut souffrir de sons qui nous sont agréables à l’oreille, à cause des harmoniques produites par ces sons, qui les agressent alors que nous ne les percevons même pas. Il en est de même pour le chat. "La capacité auditive de l'homme et du chat ne diffère pas beaucoup aux basses fréquences. (En revanche) la structure de la cochlée permet au chat de réagir à des sons au moins une octave et demie au-dessus de la limite de l'ouïe humaine" (cf. Le livre des chats). Tout cela signifie que les animaux concernés vont être agressés par des harmoniques produites par les trompettes ou saxo des peñas, ou encore de sons électriques diffusés par les sonos, harmoniques que l’être humain ne perçoit même pas.

            Ce n’est pas fini : une enquête auprès de nos chers camarades de classe permet de découvrir que certains d’entre eux, membres de l’élite intellectuelle, se sont amusés un soir de Féria à pisser sur les cygnes de la Fontaine, ce qui les a follement amusé. D’autres, des surdoués, après une grande biture, ont fait au même endroit un concours de vomis : pour gagner, le pâté devait atteindre un de ces pauvres volatiles.

            On raconte enfin qu’à l’époque des bombes à mousse un certain professeur de SES s’était pris deux jets dans les oreilles, administrés par des élèves sournois. Mais semble-t-il nous nous éloignons du sujet...

 

            D’après Mélanie Flameng et Anna Lafont.

 

Source : La Féria de Nîmes, tome 2, éd. AL2, 1996. Sous la direction de R Domergue

 

 

 

Accueil

 

Sommaire

Texte suivant

Début de page