La clouca
Sourneto (conte pour rire)
Je pense qu’il s’agit d’une histoire qu’on racontait lors des veillées, et que l’auteur a adapté à sa façon.
La poule pondeuse
Je me souviens de l’histoire arrivée à un sage
C’était tout simplement le curé du village.
Il arrivait à manger en bricolant un peu
Il passait du bon temps et ne vivait pas trop mal.
Les gens de Montpezat ne manquaient pas la messe
Mais ils ne faisaient pas étalage d’une grande largesse
Et après la quête, quand il comptait les restes
Il fallait toujours enlever quelques boutons de veste
Alors pour compenser ce qui manquait ici
Il bricolait un peu par là, par ci.
Il avait une bonne qu’il ne payait même pas
Elle se contentait du couvert et du manger.
Tous deux faisaient même leur vin
En allant grappiller rapuga ils trouvaient des raisins
Mêlés à des grappillons. Tout ça écrasé
Dans un vieux tonneau, ça fermentait.
Ça ne devait pas peser beaucoup, et ça arrachait
S’il vous en offrait un verre, vous n’en demandiez pas davantage.
Il installa même un grillage - oh, on en avait vite fait le tour ! -,
Il baptisa cela : ma belle basse cour.
Un coq se promenait au milieu des poules
Qui étaient en bonne santé
que se portavou ben
et avaient la chair
fine.
Au milieu du troupeau un oie se dandinait
Sans penser qu’à Noël elle serait dans casserole.
La Roussette, elle, passait la Noël
Et chaque an à Pâques donnait des poussins
Qu’elle couvait tranquille pendant quarante jours.
Jamais une oie n’a couvé avec autant d’amour
Mais cette année je ne sais pas ce qu’il lui est passé par la tête
Elle est sortie du grillage pour aller au verger.
Quand la bonne vit cela, sans demander son reste
Réveilla le curé, qui faisait la sieste.
A moitié endormi, il s’étire, baille
Et enfila sa soutane en oubliant ses brailles.
Il courut jusqu’au nid sans retard
Et arriva en soufflant comme un lézard.
Il toucha les oeufs, ils étaient encore chauds
Et pour les empêcher de refroidir et pour pas qu'ils s’abîment
S’assit dessus avec son cul à la peau fine.
Sans faire d’effort il remplaça la poule
Un moment après, il fallait savoir
Si le curé avait pu tenir les oeufs bien au chaud.
Et pour s’en rendre compte la bonne Marianne
Passa tranquillement la main sous la soutane.
Elle la retira vite, saisie de peur.
« Monsieur le curé, il faut se lever,
Les poulets sont nés, miracle de l’éternel,
Les deux que j’ai touché ont perdu leur coquille.
Il y en a même un drôlement avancé,
Je vous dirais même que c’est un beau col pelé.
Montpezat 1991