Lou gros lo

Sourneto (conte pour rire)

Je pense qu’il s’agit d’une histoire qu’on racontait lors des veillées, et que l’auteur a adapté à sa façon.

 

 

 

Le gros lot

 

Pierrot et Margaridou, avaient un bon fond

Et comme les autres se mirent à l’unisson.

Ils s’aimèrent pendant dix ans

Et dans ce peu de temps firent huit enfants.

Ils faut dire qu’ils en eurent sept en cinq ans

Une fois des triplets, et deux fois des jumeaux.
Le Pierre était toujours prêt à les fabriquer

Pour nourrir tout ça, il fallait travailler,

Mais se lever le matin coupait tout le charme

De la nuit qu’il avait passé à présenter les armes.

Il parlait plus d’un coup le visage blême,

Il traînait rébalava souvent une grosse flemme.
Il fallait le voir quand il allait au travail

S’il fallait se diriger d’un côté, il partait de l’autre

Pendant pas mal de temps et sans trop travailler

Ils arrivaient à vivre et même à bien manger.
Dans ses vignes, sans trop forcer

Bon an mal an il faisait au moins deux cent hectos.

Si une année il avait moins de raisins,

Il arrivait quand même à avoir autant de vin.

Il était un peu fainéant mais il était à la page.

Il tournait la gouttière dans les cuves les jours d’orage.
Si le vin cette année était un peu plus clair,

Il disait : Cette année j’ai réussi mon rosé.

De ce temps vous le savez, c’était une chance.

Ils (les courtiers) ne pesaient pas le vin et le payaient d’avance.
Mais comme les belles choses ont toutes une fin

La vigne lui fit de moins en moins de vin.

Ils avaient du mal tiravou au renard et sans faire la fête

Ils tournaient et retournaient les poches de la veste.

Margaridou dit un jour : « Il faut changer tout ça,

Il faudrait prendre un billet et gagner le gros lot. »

- Ton idée, Margaridou, est celle d’un grand champion,

L’autre semaine, Charles a bien gagné un million.
Pour gagner au loto, c’est pas bien difficile,

Pas plus que Charlot, je ne suis un imbécile.

Il m’a raconté comment il avait fait pour gagner.
Le numéro gagnant, il l’a rêvé dans la nuit.
Je vais boire un petit coup, comme ça je serais content,

Ce serait bien un hasard si je ne rêvais pas.
Si je vois un numéro, je ferais comme lui,

Le lendemain matin j’irai le jouer. »
Margaridou dit à Pierre : « Je suis d’accord,

A une aussi bonne idée, je ne peux donner tort.

Voici la cartagène, je ne te la plains pas

Puisque plus tu bois et mieux tu vois clair. »

La bouteille finie, Pierre était moitié mort

Et cinq minutes plus tard, ronflait comme un porc.
Le lendemain matin il partit en chantant

Au bureau de tabac pour prendre le gagnant.
Et le soir pour fêter les dix ans de mariage,

Ils prirent à la radio, le résultat du tirage.

Mais qu’ils furent sot quand le speaker dit :

Gagne le 606, regardez vos billets.

« Ne me prend pas Margaridou pour plus couillon que je ne suis

Ce que j’ai vu dans mon rêve, c’était le 66.
Je dirais mieux, j’ai vu ça sur toi,

Tu te promenais le cul tafanari à l’air,

À un mètre de moi ton gros cul s’est planté

Et j’ai vu sur chaque fesse un beau 6 dessiné. »

Margaridou se retint de lui mettre une baffe,

Mais elle lui dit avec des yeux qui sortaient de la tête :

« Tu aurais bien pu voir en mieux regardant

Entre ces deux 6, le zéro du milieu. » d’ou mitan

 

 

                      Montpezat, 1984