Mountpezat din lou tem
La première partie est une description du village du temps de la jeunesse de l’auteur (né en 1917),
Le texte est écrit en 1992, l’auteur est fatigué, malade du cœur.
Montpezat auparavant
Où est En t’a pougu passa mon village d’avant,
Un peu plus grand qu’un hameau de quelques habitants ?
Je ne peux pas oublier, je m’en rappelle toujours,
Qui que ce soit que tu rencontrais te souhaitait bonjour
Dans les petites rues pas toujours balayées
Les femmes aux fenêtres mettaient la lessive bugada à sécher
Les poules béquetaient bécavou d’ici, de là
Les crottins laissés par les chevaux.
Et sur le coup de midi, au moment du gros soleil
Sous les platanes1 on s’installait sans retard.
Les jeunes, d’un côté, racontaient les histoires sourneta
Arrivées à Justin 2 ou à Marianette
Les vieux, eux, parlaient surtout
De ce qu’ils avaient fait le matin au travail.
Et puis, on se quittait pour partir dans les champs
Pour aller labourer comme le jour d’avant
Ou alors dépiquer les céréales sur l’aire
On remontait les manches pour tourner la manivelle du tarare per vira lou bramaïré
Les charrettes chargées de paumelle ou de blé
De gerbes en gerbiers caméla faisaient de beaux tas.
Le soir, une fois le soleil parti
On se dirigeait vers la table avec un bon appétit.
L’hiver, pour finir nos longues veillées veillada
Chez un bon ami on se retrouvait sian mai una manada
On sortait les oreillettes, et il fallait que ça s’arrose
Avec de la cartagène ou du vin de noix vin de nose
On faisait aussi parfois rôtir les châtaignes rousti la castagnada
Dans la poêle noire, toute trouée dedia touta traoucade
Et Marcel sans prendre de retard
Chantait une chanson, toujours Le Pinard 3
Mais à Montpezat les bonnes choses disparaissent lou bon biaï s’avalis
Je ne reconnais plus ce qui était mon pays
On peut voir passer des quantités dé ninèilla d’enfants
Ils vous marcheraient dessus pour vous passer devant.
Pour vous éviter, ils ne feraient pas un détour
Ils t’écraseraient les pieds sans te dire bonjour.
Si jamais vous leur trouviez à dire
Vous pourriez vous préparer espera à entendre le pire
Ils vous sortiraient de gros mots jamais entendus diamaï aousi
Et d’un tas de sottises vous seriez agonis
Je ne peux pas achever avec ces mots si tristes.
De bons souvenirs, j’ai
n’ia
une longue liste.
Même si l’hiver il fait mauvais temps
Il pousse toujours des fleurs chaque année au printemps
Le soleil n’a pas obscurci ses rayons
Et l’herbe pousse toujours verte dans tous les sentiers verdedia toudiour din touti li draillon
Et si on n’entend plus les vendangeurs chanter
Les petits oiseaux, eux, rien va les empêcher
Je garderai dans ma tête les meilleurs souvenirs
Jusqu’au jour pas très lointain où j’irai dormir.
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1 - Grands platanes plantés au centre du village, abritant la banquette où les hommes se retrouvaient.
2 - Célèbre pour son originalité, et ses talents de braconnier.
3 - Le pinard, c’est de la vinasse.
Ça fait du bien par où ce que ça passe