Lo Ruscle
Du temps de sa jeunesse, mon père et ses amis rendaient volontiers visite aux filles de Combas. C’était un village majoritairement protestant et républicain,
les filles y jouissaient de plus de libertés que celles de Montpezat où la plupart des familles étaient de religion catholique.
La grosse averse
On partait de la Rouquette 1. Sans un coup de pédale
on passait devant les baraques 2. Ça descend.
Avec un peu d’élan, et sans faire d’effort,
On grimpait la côte appelée Pouligor.
Pour venir en vélo depuis notre Montpezat,
Il fallait avoir une grande envie de danser.
Disons la vérité, si on venait à Combas
C’était pour serrer les filles dans nos bras.
Quand on les serrait esquitiavian de toute notre force
Et qu’elles n’en bombaient que davantage le torse
Ce qu’on sentait bien tendu sous ces jaquettes
Nous aurait fait sauter les boutons de braguette.
1 - Grande descente à la sortie du village de Montpezat, direction Combas.
2 - Les baraques de Montpezat
---------------
Mais ça nous a bien passé. Avec nos cheveux blancs,
Le reste a descendu de quelques crans
Je vais vous raconter une histoire qui nous est arrivée
Un jour qu’on n’avait pas décidé de danser
Et qu’il y avait une fête à Prime-Combe 3
On y est allé tous à pied, en passant par les combes
Avec une petite on a perdu le convoi
C’est vrai que tous deux n’avions pas pris l’express
En laissant les autres nous semer
Elle et moi nous nous sommes on peu mis à l’écart
On en a eu vite assez de chercher. Comme on se sentait fatigué,
Alors on s’est couché au coin d’une terre abandonnée.
3 - Notre-Dame de Prime Combes, lieu de dévotion
.---------------------..
Reconnaissez qu’il n’était pas un champion
Celui qui a caché dans les bois cette dévotion 4
Ce qui nous est arrivé quand le soir est tombé
Dépasse tout ce que vous pouvez imaginer
D’un coup, depuis Quissac jusqu’à La Vaunage
Le ciel s’est couvert de gros nuages noirs
Quelques gouttes d’abord, de ci, de là
Mais ce temps plutôt gai fut vite fini aquel tems gaillé agué vité fini
Mais ces quelques gouttes qui venaient de tomber
Se transformèrent vite en pleins seaux per de plein ferata
Le diable et le bon dieu avaient dû faire un pacte
Pour envoyer sur nos têtes cette cataracte
4 - Le sanctuaire se situe au milieu des bois
---------------
Et ses cheveux frisés avec tant d’attention
Ressemblaient plutôt à une touffe de joncs mata de joun
Et les miens trempés jusqu’à la racine
L’eau coulait en trombe dans mon cou, me baignait l’échine ,
Collait contre mon corps empegava contra iéou ma chemise d’été
Et
changeait en ruisseau la raie de mon cul.
Nous nous sommes vite trouvés tous deux
Le temps de nous mettre à l’abri, trempés comme des rats.
Marie5 ne fit pas de nous des jaloux
Nous envoya un cadeau, le même pour les deux,
Et moi à Montpezat, et elle à Combas
On a eu dans la semaine un gros rhume séquen din la sémana un drolé de roumas
5 - La vierge Marie, à qui le pèlerinage était dédié
---------
La Fontaine achevait ses fables 6
En y ajoutant quelques mots de morale
Moi, je ne suis pas à son niveau Ieou mé cresé pas tant, mais puisqu’il faut achever
Je vais vous donner la mienne. Au moins ne l’oubliez pas :
Si vous allez là-bas à pieds, passez par les combettes
Ne
vous arrêtez pas pour faire des galipettes.
Je vous le redis, si vous allez à Prime-Combe
Priez la Sainte vierge, mais pas dans les buissons pas din li bartas.
6 - Dans la version écrite il est mentionné ‘Le félibre Bigot’.