1962, l’hiver où il a tant neigé

 

 

 

            Laurent raconte son arrivée en 1962, à l’âge de dix ans. Peu de temps auparavant, son père avait trouvé du travail comme maçon. La famille l’a rejoint et s’est installée comme elle a pu, dans une maison de vendangeurs. « On avait pas de mobilier. Au début, on mangeait assis sur des gamates (auges de maçon) renversées, recouvertes de toile cirée. Puis mon père a fait des petits bancs et des tabourets avec des planches qu’il récupérait sur les chantiers. On avait une cheminée mais on avait pas assez de bois et il était impossible de se chauffer. En plus, l’hiver 62 il a énormément neigé. On avait très très froid.

 

En 1962, la couche était bien plus épaisse

 

            En 1964, mon père a acheté une vieille maison. C’était une maison abandonnée, très délabrée, on l’a achetée pour 2 000 à 3 000 francs. ça correspondait à peu près à la prime de 2 500 francs qu’on a touchée en tant que rapatriés. Mais il y avait beaucoup de réparations à faire. Il a fallu gagner chaque sou pour remettre la maison en état. Mon père travaillait comme tâcheron, et faisait du travail à boudre (en quantité). Il prenait aussi de nombreux petits travaux, qu’il faisait même tard le soir. »

            Histoires maintes fois entendues. Parvenu au stade des confidences, le Pied-Noir a souvent les larmes aux yeux.

 

Source : René Domergue, L'intégration des Pieds-Noirs dans les villages du Midi, éd.L'Harmattan, 2006, p. 41

 

 

 

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