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PatoisantLorrain
Inscrit le: 25 Aug 2006 Messages: 224 Lieu: Bayonnais
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écrit le Friday 20 Oct 23, 14:13 |
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En 2018 était paru "Bóquet dés Champs", une suite de 25 poèmes bilingues (214 pages) du Colonel Adolphe Villemin en vosgien de Padoux (village entre Rambervillers et Épinal), publiés à l'origine dans les années 1920. En 2021, suivit la parution de de "Contes & Légendes, Récits, Souvenirs (souvenirs et anecdotes bilingues sur le village de Padoux, 308 pages) toujours du Colonel Villemin et cette année, en 2023, un troisième tome vient de paraître, "Mon Drapeau" (souvenirs militaires bilingues du même Colonel Villemin, 222 pages).
Le vocabulaire des trois livres est très riches, notamment en ce qui concerne les plantes et les animaux. Comme il y avait eu une thèse sur le patois de Padoux dans les années 1970 pour l'Atlas Linguistique de la Lorraine romane (je vais me faire incendier !, patois étant un mot tabou sur les forums, c'est toujours comme ça que les patoisants nomment le lorrain / vosgien roman, même si c'est une véritable langue. Mais c'est toujours dans un sens affectif, c'est leur patois !).
Avec ces trois livres et cette thèse, cela m'a permis de reconstituer le vosgien de Padoux, un vosgien de transition entre celui de la plaine sous-vosgienne (Rambervillers) et celui de la montagne (vallée de la Vologne). |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Saturday 21 Oct 23, 14:12 |
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PatoisantLorrain a écrit: | je vais me faire incendier !, patois étant un mot tabou sur les forums, c'est toujours comme ça que les patoisants nomment le lorrain / vosgien roman, même si c'est une véritable langue. Mais c'est toujours dans un sens affectif, c'est leur patois ! |
Sur les forums ? peut-être mais en tout cas pas sur sur le forum Babel !
Personnellement, je ne vois rien de péjoratif dans l'usage de ce terme. Je constate effectivement que les "patoisants" sont très attachés à leur terme "patois".
Qu'est-ce qu'un patoisant ? C'est un locuteur "naturel", dont c'est sa langue maternelle.
Comme on parle de "bretonnant" pour les distinguer de ceux qui apprennent le breton à l'école, un breton "normalisé" qui est différent du patois breton.
Si le terme est devenu péjoratif, c'est dû en partie à l'action des défenseurs des langues régionales qui souvent veulent parfois inconsciemment imposer leur langue normalisée pour la remplacer par la langue "nouvelle". Le mot "patois" est péjoratif, mais aussi ce qu'il désigne. "Vous ne parlez pas le patois, vous parlez l'occitan". Mais le patoisant est mal à l'aise avec l'occitan. Ce n'est pas sa langue.
Oui, il faut défendre les patois !
J'espère qu'on pourra lire ce patois de Padoux en ligne ! |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3664 Lieu: Massalia
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écrit le Saturday 21 Oct 23, 18:50 |
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Xavier a dit:
Citation: | "Vous ne parlez pas le patois, vous parlez l'occitan". Mais le patoisant est mal à l'aise avec l'occitan. Ce n'est pas sa langue. |
De fait, les dialectes ( appelés ici " patois") sont constitutifs de toute langue. Chaque langue se forme à partir de dialectes, forme à son tour des variantes régionales qui constituent la langue.
C'est pareil pour l'occitan. Dans Lou Tresor dóu Felibrige , Mistral donne des variantes de l'occitan , tel mot employé dans l'Ariège et le Sud-Ouest, tel autre vers Marseille et toutes ces variétés font bien partie de l'occitan pour lui. Seuls des " puristes " pensent que l'occitan, c'est juste la langue normalisée. Le patoisant parle le " parler " de son coin, de sa vallée, de son village et... s'il n'a pas fait d'études, il ne sait pas obligatoirement ( ou ne savait pas , c'est plutôt du passé ) qu'il parle bien une forme ou une variante de l'occitan.
Le tout est de ne pas vouloir imposer une seule et unique forme arbitrairement déclarée correcte...
Alors , oui, qu'on lise ce patois ici en ligne et que l'auteur traduise pour les " ignorants " |
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 889 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Saturday 21 Oct 23, 18:51 |
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Oui, Mauriac lui-même parlait de "patois" à propos du gascon...
Le mot "patois" est banni des linguistes, qui lui substituent les termes de dialecte, surtout en diachronie, et de "langue régionale" pour l'époque moderne. Bien sûr, il faut faire état des multiples variations qui existe à travers une aire linguistique souvent définie "en creux" à moins d'être allophone. |
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PatoisantLorrain
Inscrit le: 25 Aug 2006 Messages: 224 Lieu: Bayonnais
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écrit le Monday 23 Oct 23, 17:03 |
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Sur d'autres forums, sur Discord (il y a un "Discord Langues Régionales" maintenant !) mais surtout sur les groupes Facebook, dès qu'on cite le mot patois, ça met en fureur certains. Ceux qui utilisent le mot patois en général, c'est les locuteurs du marchois, de l'arpitan ou encore de franc-comtois. J'ai remarqué aussi que le mot patois irrite sont en général des néo-locuteurs qui ont appris en cours du soir et non directement avec des patoisants.
Quand les patoisants disent qu'ils parlent patois, c'est le patois de leur village, de leur coin, pas besoin de préciser.
Comme Xavier l'a si gentiment demandé, voici le début d'une poésie en patois vosgien de Padoux (orthographe de l'auteur), je peux mettre le reste s'il faut :
Zós Bó:s
Sous-Bois
Salut ! Grands bó:s, dió:r(e) d(é) « Pôdoux » !
Viés âb(es), fàyèz mó coeû:r zombèr !
Gransèz mó ‘n âm(e), quiqu(es) dé vóhhou,
Ouss’qu’ouhé s’é pó:s(e), pou Dèy(e) chantèr !
Salut ! Grands bois (forêts), gloire (orgueil) de « Padoux » !
Arbres vénérables, faites vibrer mon cœur !
Grandissez mon âme, cime de verdure,
Où l’oiseau se pose, pour chanter le « Très-Haut » !
T(é) m’és vu sóvót, némie « Grolèye » ?
Quóèrant bó:s chòch, drâhaût tés sòtes,
Fré:s(es), jaunirés, póéróttes, âlièyes,
« Bon bó:s », fayïn(es), mó:l(es) èt neuhòtt(es).
Tu m’as vu souvent, n’est-ce pas « Grêlé » ?
Cherchant du bois sec (mort) à travers tes sentiers,
Fraises, jaunirés (chanterelles), poirettes (poires sauvages), alises,
« Bon bois » (salsepareille), faînes, moules (mûres) et noisettes.
« Pòtieu d’(é) Vòlance » ! J’èr’wòs, coeû:r gró:s,
Tés pïns poutiant bóss(es) d’ècurons ;
J’ôy(e), dòs tés « flòhh(es) » chantèr lés bós,
Tés « bîm(es) » beû:lèr, l’èrriér(e) sòhon.
« Trou de Valence » ! Je revois, le cœur gros (très ému),
Tes pins portant bosses (nids) d’écureuils ;
J’entends, dans tes « flèches » (sagittaires, chanter les crapauds,
Et sourdre tes « bîmes » (abîmes), à l’arrière-saison (automne). |
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