Patois lorrain du Valtin
par Maurice Gérard
Lis dèrêres novalles
Il î co trop-bé dis wètûres caboulâyes,
Mais vala co ène sèquante dis esquintès.
Lis gens n’fèyat mi essèz ettentio,
Is sot de pus en pus pressès.
Lis jènes, a z-è bé lû z-y prâch’ : allèz bâll’mat,
Is ne v’lat ré n-escoutè,
Is allat tocoûs pus vite.
Ah bé tot-la, ç’ast lis chés mwachis.
I n-î, i n-î dis pollutios, dis escroqu’ries,
Dis gens qu’a n’retrove mi,
Dis çals que s’dèbarrassat,
Dis çals que sot piès.
Il î dis abus d’tout’ sortes.
Mon Dû, mon Dû, i s’n-è pesse das ène jonâye.
Po lè politique, ç’ast co pés,
Ç’ast tout’ dis mentous.
Po faire dis promåsses, ây, is sot tot-la.
Is s’y k’nnahhat po nos è foute piè lè vûe,
Mais lûs promasses, is n’y t’nat mi.
Ah, tiès, tot-la, is d’hat qu’lis effaires ot r’pris.
Oh wây, ç’ast co dis mentes, dis magouilles,
Ç’ast seul’mat dis effaires de pots d’vî,
Et co dis escroqu’ries.
A n’sêrôt pus lû z-y faire confiance,
Is nos peurnat po dis v&yos.
A s’demande bé où’st-ce qu’is vot nos m’nè.
Au z-ettadant, a z-ast tocoûs bon po pè’i.
Èvo l’Europe-la, qu’ast-ce que cè vè d’nnè.
Je n’passe mi qu’cè s’rè nos
Que r’tîr’ros lis mârros do feû.
I n-î co ène sèquante dis groûs-la
Que vot s’rèpî lis pwaches.
Et nos, je s’ros tocoûs lis dîndos.
Èda-la, das lis autes pè’is,
Ç’ast co pés qu’chîz nos.
Is s’touat po dis idées
Ou bé po lè r’ligio.
I n-î dis autes que cravat d’faim.
Ç’ast lè haute finance
Que meune lè danse.
Tout’ ça, ç’n’ast ré d’bon po lis p’tiats.
A dîrôt bé qu’lis gens sot fûns tot-pwatot.
Enfin, po nos i n’faut co mi trop s’piande,
I n-î dis pés qu’nos,
Tout’ çals-la que n’ot pus d’chîz zâs,
I n-î de pus en pus.
Cè fait dotè po notis p’tits-èfants.
Mais chîz nos, i n’faut co mi tout’ vêr è nâr.
I n-î co d’temps en temps dis bonnes novalles.
Ah bé tiès, val în poème.
Ç’n’ast mi èque de bé r’levè
Mais cè chinge lis idées.
Ç’ast ène câille de s’lo das lè grisâille.
I n-î çals que d’hat
Qu’po bé faire ou po bé dîre,
I vaut meux s’cohi
Mais mi, je n’sêrôs mi lè framè,
Je dis çu que j’passe.
Les dernières nouvelles
Il y a encore beaucoup de voitures renversées,
Mais voilà encore quelques uns des blessés.
Les gens ne font pas assez attention,
Ils sont de plus en plus pressés.
Les jeunes, on a beau leur dire : allez doucement,
Ils ne veulent rien écouter.
Ils vont toujours plus vite.
Ah bien là, ce sont des chiens écrasés.
Il y en a, il y en a des pollutions, des escroqueries,
Des gens qu’on ne retrouve pas,
De ceux qui se suicident,
De ceux qui sont ivres.
Il y a des abus de toutes sortes.
Mon Dieu, mon Dieu, il s’en passe dans une journée.
Pour la politique, c’est encore pire,
Ce sont tous des menteurs.
Pour faire des promesses, oui, ils sont là.
Ils s’y connaissent pour nous en foutre plein la vue,
Mais leurs promesses, ils ne les tiennent pas.
Ah, tiens, là, ils disent que les affaires ont repris.
Oh oui, ce sont des mensonges, des magouilles,
Ce sont seulement des affaires de pots de in,
Et des escroqueries.
On ne serait plus leur faire confiance,
Ils nous prennent pour des veaux.
On se demande bien où ils vont nous mener.
En attendant, on est toujours bon pour payer.
Avec cette Europe-là, qu’est-ce que cela va donner.
Je ne pense pas que ce sera nous
Qui retirerons les marrons du feu.
Il y en encore quelques uns de ces gros-là
Qui vont se remplir les poches.
Et nous, nous serons toujours les dindons.
Et alors, dans les autres pays,
C’est encore pire que chez nous.
Ils se tuent pour des idées
Ou bien pour la religion.
Il y en a des autres qui crèvent de faim.
C’est la haute finance
Qui mène la danse.
Tout cela, ce n’est rien de bon pour les petits.
On dirait bien que les gens sont fous partout.
Enfin, pour nous il ne faut pas encore trop se plaindre,
Il y en a des pires que nous,
Tous ceux-là qui n’ont plus de chez eux,
Il y en a de plus en plus,
Ça fait peur pour nos petits-enfants.
Mais chez nous, il ne faut pas encore tout voir en noir.
Il y a de temps en temps des bonnes nouvelles.
Ah bien tiens, voilà un poème.
Ce n’est pas quelque chose de bien relevé
Mais ça change les idées.
C’est un peu de soleil dans la grisaille.
Il y a de ceux qui disent
Que pour bien faire ou pour bien dire,
Il vaut mieux se taire
Mais moi, je ne peux pas la fermer,
Je dis ce que je pense.
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