Patois lorrain du Valtin
par Maurice Gérard

Maurice Gérard était originaire de la vallée de la Combe (Balveurche, lieu de sabbats). Il tenait le restaurant « Lè Skièche d’ôr » / « La Clenche d’or », qu’il cite dans une de ses histoires.

Si au Valtin, d’après l’enquête pour l’Atlas linguistique de 1975, on dit bôs, côp et -aizôr pour l’imparfait prochain, le patois de Maurice Gérard est influencé par Xonrupt-Gérardmer : bûns, kûnp (transition entre beûs, keûp et bôs, côp). De même, au Valtin et Grand-Valtin, on dit : (h)èwé, d’wêr comme à Gérardmer, Corcieux et non (h)euvî, devîr, comme à Fraize (vallée de la Meurthe).

André Tronchet

Introduction : quelques accents patois

Lis dèrêres novalles - Les dernières nouvelles

Lis gens de das lo taps - Les gens de dans le temps

Lo bon sens de notis ancés - Le bon sens de nos anciens

Lo dèrer sebbet - Le dernier sabbat

Lo lâ dis villes et lo lâ dis champs - Le rat des villes et le rat des champs

Lo pâté dè mère Conot - Le pâté de la mère Conot

Lo pè’isan et sis èfants - Le paysan et ses enfants

Lo râpiat - L’avare

Lo serpent do Vêti - Le serpent du Valtin

Lo tanné do curé - Le tonneau du curé

Lo topographe - Le topographe

Lo trèveil, c’îre lè santè - Le travail, c’était la santé

Lè conâille et lo r’nârd - Le corbeau et le renard

Lè confessio - La confession

Quand a vût în bé mesé - Quand on veut un beau jardin

Staline sus so balco - Staline sur son balcon

Sus lis Hauts - Sur les Hauts

Urmain et aujud’(h)eû - Hier et aujourd'hui

Note pain - Notre pain

Lo sèch d’èkûnle – lo keû - Le sac d'école - le cuir

Lè lègende Jean Mèyo - L'histoire de Jean Meyon

Lè ratrâye d’èkûnle - La rentrée à l'école

Lè natûre - La nature

Lo hader d’vèches - Le vacher

Maurice Gérard

 

Maurice Gérard fut un poète vosgien charitable et bienfaisant. Ces poèmes, au nombre de 400, s’inspirent de la nature, des événements et faits de société. Ils sont regroupés dans  5 recueils dont 4 ont été édités. Les recettes des ventes furent reversées intégralement au Secours catholique.

 

Maurice Gérard naquit en 1928 dans la vallée de la Combe où il vécut pendant 22 ans avant de se marier avec Claire, d’origine alsacienne. Il était issu d’une famille modeste composée de deux garçons et d’une fille. Dès l’obtention de son certificat d’études en 1940 et malgré son goût pour l’école, son père, garde forestier,  l’envoya très tôt travailler dans les bois pour y apprendre le métier de bûcheron qu’il exercera jusqu’en 1953. Élevé en français, il apprit le patois avec ses grands-parents qui ne connaissaient pas d’autre langue et surtout avec les bûcherons avec qui il travaillait. Il travailla ensuite pendant 15 ans à la Société lorraine de laminage continu (SOLLAC) en Moselle. En 1969, de retour au pays, il achète avec sa femme l’auberge « À la clenche d’or » au Grand Valtin qu’il sera amené à revendre. Il reprendra le métier de bûcheron qu’il exercera jusqu’à sa retraite, en 1988.

 

Maurice Gérard se découvre poète sur le tard à l’occasion de la fête des mères dans les années 1995. L’inspiration pouvait lui venir n’ importe où ou de n’importe quoi. Grand rêveur, il possédait toujours à porté de main le nécessaire pour prendre des notes, de jour comme de nuit, qu’il retravaillait par la suite. Peut-être le poète avait-il toujours été là. En tout cas, ces œuvres reçurent plusieurs mentions et un diplôme d’honneur de la Société des poètes et artistes de France (S.P.A.F).

 

En 2005, Maurice Gerard, membre de l'Académie du Patois vosgien de Gérardmer, avait enregistré un CD en dialecte du Valtin de 26 titres (fiauves et poésies) qu’il a réalisé seul à l'aide de son ordinateur et d’un micro. Le CD était vendu pour une modique somme de 5 euros. Il  était accompagné d'un livret avec les traductions en français. Le premier titre du CD débute ainsi : 

 

« Je pense qu’il serait bon que nous laissions quelques uns de nos discours à nos descendants. C’est bien que nous leur laissions des écrits mais il faut aussi leur laisser des accents et les accents pour ne pas les perdre, il faut les enregistrer.  Plus tard, quand nous ne serons plus là, tout risque d’être perdu. Mais si on leur laisse nos voix enregistrées, ils pourront toujours écouter comment parlaient les ancêtres. Peut-être que certains seront contents d’entendre les gens d’autrefois. C’est pour cela que j’essaie d’enregistrer quelques histoires. Ce n’est pas la perfection mais je pense que ça vaut bien le coup d’essayer. » 

   

C’est maintenant chose faite. En cette année 2009, l'homme n'est plus. À la fin du livret accompagnant le CD, Maurice Gérard avait écrit :  

 

« Merci d'avoir fait le voyage avec moi / Merci braumat d'avoû fait lo vouyêge èvo mi ! »  

André Tronchet

Projet Babel