Patois lorrain du Valtin
par Maurice Gérard
Staline sus so balco

În mètîn qu’Staline îre sus so balco au kremlin, il auyeut ène wès qu’li deheut : Salut è ti, Staline, grand mâte de tout’ lis Russies.

I feureut bé n-aihe d’au’i qu’a lo vènèrait dîna.

È midi, quand i r’n-alleut sus so balco, i r-auyeut lè même wès qu’li r’dehit co : Salut è ti, Staline, oh grand mâte de tout’ lis Russies.

I s’deheut : Faut-i que j’sôs grand po qu’lo s’lo m’sèlueusse dîna. Lo sâ, i fèyeut v’ni ses ministres sus so balco po qu’is auyassent lo s’lo dîre qu’c’îre bé lu lo mâte.

Is ettadeûnent, is ettadeûnent mais lo s’lo d’valait et n’dehit pus ré.

Alors Staline l’èpostropheut : Eh bé què lo s’lo ! Lo mètîn, te m’è sèluè, è mé-jo, te m’es co sèluè. Et mèt’nant qu’ç’ast lo sâ, te n’dis pus ré.

Eh bé, qu’rèpondeut lo s’lo. Mèt’nant que j’seus pessè è l’Ouest, eh bé, j’t’emmerde.

Staline sur son balcon

Un matin que Staline était sur son balcon au kremlin, il entendit une voix qui lui dit : Salut à toi, Staline, grand maître de toutes les Russies.

Il fut bien content d’entendre qu’on le vénérait ainsi.

À midi, quand il retourna sur son balcon, il entendit de nouveau la même voix qui lui redisait encore : Salut à toi, Staline, oh grand maître de toutes les Russies.

Il se dit : Faut-il que je sois grand pour que le soleil me salue ainsi. Le soir, il fit venir ses ministres sur son balcon pour qu’ils entendent le soleil dire que c’était bien lui le maître.

Ils attendirent, ils attendirent mais le soleil descendait et ne disait plus rien.

Alors Staline l’apostropha : Eh bien quoi le soleil ! Le matin, tu m’a salué, à midi, tu m’as encore salué. Et maintenant que c’est le soir, tu ne dis plus rien.

Eh bien, répondit le soleil. Maintenant que je suis passé à l’Ouest, eh bien, je t’emmerde.

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