Patois lorrain du Valtin
par Maurice Gérard
Sus lis Hauts
Is trèveillant lo bûns, is trèveillant lè tiêrre.
Is vikant snas excès, s’contentant d’wé d’ûve.
Au ryt(h)me dis sâhos is m’nant l’ajeû
D’existè simplemat de ç’qu’is sèvant faire.

Dûns pia’is, mains èleudies, mouillant lû suaire,
Is pônant snas rècriminè das lis austères mwétans
È faire tocoûs lis mêmes mov’mats èreintants
Qu’lû z-y denn’rant lo jeute nècessaire.

Oh bé peû d’chûnse comparè è notis jos :
Ène câille de brocatte, dis foûs ène h’lîne au pot
Mais jamais ré d’trop, sino dè bravoûre.

Rèsignès è lû tiêrre èn’das lo grand mètîn,
Is n-allant das lo chaud, das lo frâd
Mais èvo tant d’corêge qu’is n-è tîrant do bé !
Sur les Hauts
Ils travaillaient le bois, ils travaillaient la terre.
Ils vivaient sans excès, se contentant de peu de chose.
Au rythme des saisons ils menaient l’enjeu
D’exister simplement de ce qu’ils savaient faire.

Dos pliés, mains calleuses, mouillant leur suaire,
Ils peinaient sans récriminer dans les austères milieux
À faire toujours les mêmes mouvements éreintants
Qui leur donneraient le juste nécessaire.

Oh bien peu de chose comparé à nos jours ;
Un peu de lait caillé, parfois une poule au pot
Mais jamais rien de trop, sinon de la bravoure.

Résignés à leur terre dès le grand matin,
Ils allaient dans le chaud, dans le froid
Mais avec tant de courage qu’ils en tiraient du bien !
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