Le chauffage

 

 

 

Celui qui est devant se rabine

 

         Même en plein hiver, le seul moyen de chauffage est la cheminée, située dans la pièce qui sert de cuisine et de salle à manger. Il arrive souvent que les cheminées ne tirent pas bien ; il faut alors laisser la porte de la pièce entrouverte. « Notre cheminée tirait si mal qu’on avait fini par carrément enlever la porte » (Lucie). Dans ces conditions, chauffer une pièce n’est pas chose aisée. D’autant que la chaleur des cheminées se diffuse mal. « Quand il fait bien froid, celui qui est devant la cheminée se rabine le nez mais a le dos gelé » (Marie-Jeanne). « Enfants, on se réchauffait en jouant à la marelle dans le couloir. On traçait la marelle à la craie, sur le ciment » (Lucie). Et les adultes ? « Ils se réchauffaient en janglant ! » Ils se réchauffaient en gémissant, en tremblant de froid.

         Les fourneaux apparaissent dans les années 20. Ils permettent de mieux se chauffer. Les femmes les utilisent aussi pour cuisiner. Mais les grands-mères ne les apprécient pas toujours. « Angeline, Germaine ou Isabelle en veulent pas pour faire la biace (cuisiner), elles préféraient leur potager. » Le potager est une sorte de banquette dans laquelle s’encastrent une ou deux grilles sur lesquelles sont déposées les braises. Les plats, posés dessus, mijotent doucemanette.

         Les hommes ne sont pas tous enchantés de l’arrivée des fourneaux, cela représente pour eux un travail supplémentaire. Alors que la cheminée est alimentée par des calos, gros morceaux de bois, le fourneau exige des bûches équarries d’une longueur de vingt à trente centimètres maximum. La solution consisterait à utiliser du charbon, mais cela revient cher.

 

Source : R. Domergue, Des Platanes, on les entendait cascailler, éd.RD, p. 79

(Etude de la vie quotidienne dans un village du pays de Nîmes, Gard)

 

 

 

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