La toilette

 

 

 

Parfois ils se savonnaient

 

         « Au début du siècle il y avait pas de salles de bain. On se lavait dans un coin de la cuisine, avec du savon et de l’eau versée dans une cuvette. » L’hiver, la cuisine est la seule pièce chauffée.

         On pourrait croire qu’au sein de la cuisine le meilleur endroit pour se laver se situe près de l’évier, mais l’avantage n’est pas si évident. En l’absence d’eau courante, les éviers ne sont pas équipés de robinet, et « dans beaucoup de maisons, les éviers donnent dehors par un traoucas », un grand trou en guise d’écoulement. Le courant d’air s’y engouffre. « L’hiver, le froid te pèle. » Il est plus confortable de s’installer près de la cheminée.

         « S’ils décidaient de se laver au retour du travail, les hommes se passaient un peu d’eau à la figure, aux bras, aux mains. De fès que i a se savonavan, » parfois ils se savonnaient. L’été il leur arrivait de se laver les pieds. « Même au retour du sulfatage ou du soufrage, beaucoup d’hommes étaient vite lavés. » Les femmes se lavent peu, elles aussi. Davantage que les hommes tout de même, à cause des règles et des rapports sexuels. Mais, habituellement, « on se lavait le bout du nez ». Faire sa toilette « en grand » tous les jours aurait été signe de dégavaillage (dépense inutile), de perte de temps voire d’étrangeté.

 

Source : R. Domergue, Des Platanes, on les entendait cascailler, éd.RD, p. 89

(Etude de la vie quotidienne dans un village du pays de Nîmes, Gard)

 

 

 

Accueil

 

Sommaire

Texte suivant

Début de page