Montpezat - carte postale - coll. René Domergue
Les beca-grums
« Les courses de buòus (taureaux) étaient gratuites (...) En général une seule course a lieu, le dimanche, toutefois, s’il reste de l’argent en caisse, une autre peut être organisée le lendemain.
Au sens strict buòu signifie bœuf. En effet, la plupart des mâles proposés par les manadiers sont castrés. Toutefois, dans la réalité, course de buòus peut aussi bien signifier course de vaches. D’ailleurs, « les abats commandaient généralement au manadier une course avec quatre buòus et deux vaches ».
Les bêtes courent cornes nues et portent une cocarde pour tout attribut. Les primes montent jusqu’à cinq, voire dix francs, à une époque où un ouvrier agricole gagne environ treize francs par jour. Deux ou trois raseteurs participent à la course. On les appelle les beca-grums, becque-grains, ramasse-miettes. « C’était pas la fleur qui faisait ça, mais souvent des noïs », des gitans.
L’observation des photos de l’époque peut semer la confusion : sur la piste se déploie parfois une profusion de tenues blanches, laissant penser que Montpezat possède une arène de première catégorie fréquentée par de nombreux raseteurs. Il s’agit en fait de garçons ou d’hommes du village ou des environs, en tenue « du dimanche » : pantalon blanc et chemise blanche. Ayant « tombé la veste », ils ont tout à fait l’allure de raseteurs d’aujourd’hui. Les quelques hommes vêtus d’un pantalon sombre et que l’on pourrait prendre pour des villageois s’amusant à raseter sont en réalité les raseteurs. Ces derniers portent un pantalon bleu, semblable à celui des paysans au travail. Un détail ne trompe pas : la plupart des hommes en tenue blanche sont coiffés d’un canotier, coiffure alors à la mode, les vrais raseteurs, eux, portent une casquette, bleue ou blanche.
Source : R. Domergue, Des Platanes, on les entendait cascailler, éd.RD, p. 119
(Etude de la vie quotidienne dans un village du pays de Nîmes, Gard)
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