Le tracteur

 

 

Un sémalon de raisins accroché aux charrues

 

         Le tracteur commence à s’imposer à partir du milieu des années 50. Il permet de gagner beaucoup de temps. « Quand tu  laboures avec un tracteur, au bout de la gabieu (rangée) c’est fini, tandis qu’avec les chevaux tu dois passer sept fois, en pressant sur les manipes (poignées des charrues). Tu te crevais et parfois ça rentrait pas. Et pour que ça marche, il suffit de verser de l’essence dans le réservoir ! » (mon père). Mais dans un premier temps les tracteurs sont décriés. « Le tracteur piétine le terrain, ça cultive pas. » « Creiriás un pòrc qu’a bosigat », tu croirais qu’un cochon a trifouillé. « Avec les tracteurs on fout des ancades (des raclées) aux vignes. »

         Il faut dire que les premiers résultats ne sont pas toujours fameux. Celui qui laboure avec un tracteur ne peut plus éviter les souches qui penchent vers le milieu de la rangée, et les premiers passages entraînent beaucoup de dégâts. De même, il y a de la casse lors des manœuvres pour tourner en bout de rangée. A l’époque « on dépointe peu », les vignes sont très touffues : « A chaque bout de rangée tu as un sémalon (une comporte) de raisins accrochés aux charrues. »

 

Source : R. Domergue, Des Platanes, on les entendait cascailler, éd.RD, p 51

(Etude de la vie quotidienne dans un village du pays de Nîmes, Gard)

 

 

 

Accueil

 

Sommaire

Texte suivant

Début de page