L’étranger venu du village voisin

 

 

 

Son pas d’aquí

 

         Des années 20 aux années 60, l’estranger arrive souvent d’Italie ou d’Espagne. Auparavant il vient plutôt de la Lozère et des Cévennes, c’est le Gavot ou le Raïou. « Aqueli, son pas d’aquí. » Ceux-là, ils sont pas d’ici. Il arrive aussi des villages voisins. On peut lire sur des affiches de fêtes votives, jusque dans les années 50 : Bienvenue aux étrangers ou Meilleur accueil aux étrangers. Ces étrangers viennent de Souvignargues, de Combas, de Saint-Mamert, ou d’ailleurs, mais ils habitent généralement à moins de dix kilomètres.

         L’étranger venu du village voisin s’installe le plus souvent à l’occasion de son mariage. La plupart du temps, il ne se trouve pas en position de dominé au plan économique, et il est accueilli par la belle-famille et son réseau d’amis. De plus, il maîtrise les codes culturels, les codes linguistiques en particulier. Pourtant, comme pour les autres, on marque la différence.

          « Pour voir les étrangères, c’est facile, c’est toutes celles qu’on appelle Madame », explique ma mère. Mariée en 1948, elle vient de Souvignargues, et la plupart des gens d’ici lui disent Madame.

         On dit Madame Roux, Madame Jalaguier, Madame Lebrun, Madame Nicolas, Madame Pantel. (...) Toutes ces femmes arrivent au village au moment de leur mariage, la plupart viennent de villages voisins, parfois très proches.

 

Source : R. Domergue, La parole de l'estranger, éd. L'Harmattan, p.173

(Etude de l'intégration des étrangers dans les villages du pays de Nîmes, Gard)

 

 

 

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