Dossier
Analyse critique du recensement de 1901
Les données du recensement de 1901 relatives au village de Montpezat ne sont pas toujours conformes aux souvenirs des anciens.
Le document ne fait état que de l’épicerie de Marie Chabert. Or, si les anciens se souviennent bien de l’épicerie de Chabertoune, ils en évoquent aussi d’autres, celle de Marie Compan et celle de Delphine Chabal dite Madelon. Dans le recensement ces deux femmes sont qualifiées de sans profession, alors que figure la profession du mari, « propriétaire », agriculteur exploitant selon la terminologie actuelle.
A l’opposé sont enregistrées comme artisans des personnes qui vivent tout autant, sinon plus, de leur activité agricole. Si l’on en croit le relevé officiel, le village compte deux cordonniers, chiffre vraiment excessif pour 490 habitants qui ne vivent pas dans le luxe. Les anciens ne se souviennent d’ailleurs que d’Alfonse Meix, le pégo, terme qui désigne couramment le cordonnier, le mot pègue signifiant colle. Il fabriquait surtout sur commande des souliers de travail pour les hommes.
Aucune information n’étant fournie sur les doubles activités, il n’est fait aucune allusion aux cafetiers existant à l’époque, alors qu’il existe deux cafés : le café des républicains tenu par Stobiac, officiellement boulanger, et le café des « blancs » tenu par Loubat, officiellement maçon. Pierrou Cruveiller et Sandret Compan apparaissent comme propriétaires, sans spécification de l’activité de transporteur en diligence du premier, de gérant de moulin d’huile du second.
A plus forte raison, le recensement ne fournit-il aucune information sur toutes les activités non officielles comme repasseuse, bugadière (blanchisseuse), couturière, coiffeur occasionnel, charcutière, accoucheuse, alumétaïre (fabricant d’allumettes de contrebande), bouscatier (bûcheron).
Source : R. Domergue, Des Platanes, on les entendait cascailler, éd. RD, p. 57
(Etude de la vie quotidienne dans un village du pays de Nîmes, Gard)
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