Bandido

 

 

             Les bandidos sont souvent au programme de la féria de Nîmes. D’où vient ce mot ?

            Anciennement, les taureaux destinés aux courses n’étaient pas transportés en chars, ils étaient convoyés à pied (à patte, plus précisément) de la manade jusqu’aux arènes, ce qui donnait lieu à l’abrivado. Le retour s’effectuait dans les mêmes conditions, sauf dans les villages camarguais, proches des près comme Aimargues, le Cailar, Vauvert ou Saint-Laurent d’Aigouze. Dans ce cas le toril était ouvert en fin de course et les taureaux trouvaient naturellement la direction des près, guidés par leur instinct. Il faut voir là l’origine du mot bandido. Bandir signifie lâcher, délivrer. Précisons que les taureaux sortaient ensemble, et que deux ou trois cavaliers poussaient le groupe, de manière à faciliter la manoeuvre et limiter les risques que attrapaïres fassent échapper les bêtes. Leur présence permettait aussi une intervention rapide en cas de problème, par exemple au cas où un taureau se tromperait de direction. "Les interventions étaient rares, car il faut le dire les taureaux avaient l'habitude, et ils ne risquaient pas de se tromper de chemin." S’il y a quelques taureaux jeunes, ils sont guidés par leur instinct, et en tout cas le cimbèou connaît la route.

            Dans les années 60, des petites villes camarguaises comme les Saintes-Maries de la Mer poursuivaient la tradition, mais les taureaux sortaient un par un, chaque fois suivis d’un ou deux gardians à cheval.

            Au-dela de la zone proche des près, il est impossible de bandir des taureaux. Ceux-ci se perdraient dans la nature et risqueraient de causer des accidents. C’est pourquoi les anciens ne se souviennent pas d’avoir assisté à des bandidos du temps de leur jeunesse. Dans ces pays les bandidos ne correspondent pas à un tradition ancienne, mais à une mode qui est arrivée avec celle des abrivados. En toute logique, l’abrivado devrait consister en l’escorte par des gardians à cheval des taureaux de la course, du point d’arrêt du char aux arènes, et la bandido devrait être le retour de ces taureaux après la course. Nous avons expliqué comment l’abrivado avait perdu son côté fonctionnel : des taureaux autres que ceux de la course sont encadrés par des gardians sur un parcours qui généralement n’a plus de rapport avec le trajet vers les arènes, c’est un parcours de char à char, disposés à chaque extrémité d’un parcours établi par le comité des fêtes. Il en est de même pour les bandidos, comme celles auxquelles nous assistons lors de la féria de Nîmes où elles constituent éventuellement un complément de spectacle aux abrivados. Dans ce cas un trajet retour des taureaux est effectué, mais cette fois les taureaux sont lâchés un à un du char qui les a accueillis à l’issue de l’abrivado, et chacun est escorté par seulement deux gardians.

            Toutefois, bien qu’ayant perdu leur côté fonctionnel, les bandidos tout comme les abrivados restent des spectacles dans l’esprit de la culture camarguaise fondée sur des jeux d’adresse avec taureaux et chevaux. Adresse... et courage ! Courage des gardians qui, à tout moment, risquent de se prendre une pelle si leur cheval glisse sur le bitume, ce qui est fréquent, et courage des attrapaïres dont la gloire est d’arriver à se saisir d’un taureau afin de le faire échapper.

            Depuis 1994, l’avenir de ces spectacles taurins est lié à des décisions de justice. En effet, suite à divers accidents mortels survenus lors d’abrivados ou de bandidos, des manadiers, des maires et des présidents de clubs taurins ont été mis en examen pour manquement aux règles de sécurité. Leur relaxe récente semble indiquer que la justice se montrera tolérante, à condition que les règles de sécurité soient renforcées sur les lieux de spectacle et que les manadiers soient judicieusement sélectionnés. Monsieur Valette nous explique qu’à Nîmes le barriérage a été amélioré, le parcours réétudié et que des agents de sécurité interviennent désormais pour dissuader les personnes âgées ou les parents avec de jeunes enfants de rester sur le parcours. Par ailleurs, depuis 1995 les taureaux sont emboulés à l’aide d’un étui en cuir.

 

                                    Légère adaptation de l’article de Magali Grenier

 

Source : La Féria de Nîmes, tome 2, éd. AL2, 1996. Sous la direction de R Domergue

 

 

 

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