Défilé de gardians

 

 

               "Le défilé des gardians a été instauré dès la deuxième Féria, le samedi matin", nous explique Roger Valette, organisateur de ces défilés depuis 1957. "Lors du premier défilé, il y avait les cavaliers de la Nacioun Gardiano, ceux de la confrérie de Saint Georges, ainsi que les cavaliers de nombreuses manades." La tradition veut que les cavaliers portent l’habit camarguais : chemise provençale à bouton taillée dans un même tissu, veste en velours noir, noeud en velours noir également, pantalon de gardian, chapeau noir, bottes.

Trophée des As 2004     Cliché Paul Hermé

             Des femmes et des filles en costumes traditionnels du pays d’Arles participent également au défilé, les chato et les chatouno, termes qui signifient respectivement jeune fille et fillette.. Elles sont portées en croupe par les cavaliers.

               Un record de participation semble établi en 1979 avec 171 cavaliers. De nos jours, le défilé existe encore (...) mais les temps ont changés : "Auparavant, aucune indemnité n'était allouée. Pour tous les cavaliers, défiler en ville, c'était un prestige. Ils considéraient aussi l'apéro et le repas en commun comme une fête" Peu à peu cela n’a plus suffit pour motiver les cavaliers et beaucoup se sont montrés réticents. La mairie a dû passer un accord avec la Tour Magno Gardiano, qui reçoit environ 1000 F pour fournir 20 à 25 cavaliers. De même la mairie a dû imposer aux manades participant au concours d’abrivado de fournir 5 à 8 cavaliers, et pour faciliter les choses une prime de 1000 F est octroyée à ce titre. Mais ces sommes, très modestes, ne suffisent pas toujours. Par exemple, en 1994 deux manades n’ont pas été représentées. Il faut dire aussi qu’il n’y a généralement pas foule autour des boulevards, à cette heure, matinale pour un jour de féria, ce qui constitue sans doute un facteur de démobilisation.

            Autre changement : dans les défilé, Arlésiennes et Mireilles, portées en croupe, sont devenues rares. Il faut dire qu’on ne trouve pratiquement plus de chevaux porteurs, c’est-à-dire de chevaux qui, en plus du cavalier en selle, acceptent de porter une fille en croupe, plus précisément, une fille assise les deux pieds pendant sur le côté gauche. "Avec la multiplication des courses et des ferrades, les gardians n'ont plus le temps d'entraîner leurs chevaux." Ainsi il n’y a que dans des clubs comme la Tour Magno Gardiano qu’on prend le temps de faire cela. Cette pénurie de chevaux porteurs a fait qu’il y a quelques années des filles ont dû défiler à pied.

Sans le gardian Trophée des As 2004 Cliché Paul Hermé

            Ce n’est pas tout. Revêtir le costume traditionnel est une coutume que beaucoup de jeunes filles considèrent comme démodée, parfois un peu ridicule. Et même celles qui éprouvent une certaine tendresse pour l’habit ne désirent pas nécessairement participer aux défilés. Une Mireille nous explique :"Aujourd'hui, combien de filles ont envie de passer une demi-heure ou trois quarts d'heures à se faire crêper les cheveux, brosser, tirer, enrouler, pour être coiffée. Plus une demi-heure au minimum pour s'habiller en prenant garde de pas se planter d'aiguilles dans le ventre ou dans le dos... Tout cela pour faire une haie d'honneur de dix minutes ou faire un défilé nocturne où parfois on se gèle pendant une heure ou plus, ou encore défiler en pleine chaleur et attraper des coups de soleil."

            Tout cela c’est l’envers du décor, il existe aussi un endroit. Ce défilé fait le bonheur des touristes matinaux qui sont à la recherchent de couleur locale. Son aspect très peu spectaculaire, mais émouvant, peut aussi toucher la population locale. C’est ce qu’exprime une personne interviewée :"Un samedi matin, vers 9 ou 10 heures, je me suis retrouvé par hasard sur le boulevard Victoire Hugo. Les services de nettoyage étaient passés, le boulevard était tout propre, comme quelqu'un qui vient de faire sa toilette. Il n'y avait pas un chat. Et tout à coup j'ai apperçu, venant de la Maison Carrée, un groupe d'une centaine de gardians à cheval qui défilaient au pas, dans le silence. On entendait seulement le martèlement des sabots sur la chaussée.Ca m'a fait quelque chose. J'ai compris à quel point moi, qui ne suis pas fanatique des manifestations folkloriques, j'étais imprégné par cette culture, à quel point ce pays était le mien."

 

                        Larges extraits de l’article de Magali Grenier.

 

Source : La Féria de Nîmes, tome 2, éd. AL2, 1996. Sous la direction de R Domergue

 

 

 

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