Langage

 

 

             Lors de la Féria, les estrangers, peuvent s’étonner de voir fleurir dans les bouches locales des mots et expressions assez éloignées du français que l’on enseigne dans les écoles. Ce langage populaire est issu de l’occitan -  plus précisément du provençal pour le langage lié aux taureaux -. Il manifeste l’existence d’une autre culture et permet à coup sûr de distinguer les gens d’ici. Les vrais de vrai, pardi

            Nous avons rassemblé ici des termes que l’on retrouve fréquemment dans le contexte de la Féria.

 

ATTRAPAIRE : Les attrapaïres sont les jeunes qui s’efforcent d’attraper les bióus lors des abrivados ou des bandidos.

BANE : Corne. Une banasse est donc une grosse corne. Un homme qui porte des banes n’a pas une femme très fidèle ! Mais en temps de Féria, c’est pas pareil...

BIOU : Taureau de Camargue. Un gros taureau est un biòulas, un petit taureau un biòulet. Surtout ne pas confondre le biòu, raseté lors des courses camarguaises, et le "toro" espagnol, combattu lors des corridas.

BRAVE : Pour les aficionados, imprégnés de culture espagnole, un toro brave est un toro qui lutte avec vaillance. Mais pour la plupart des gens d’ici, le mot brave est utilisé pour qualifier une personne gentille, serviable, éventuellement un peu naïve. Dans ce contexte un toro brave ne serait pas du tout un foudre de guerre mais au contraire un toro gentil, coopératif, un peu couillon quoi !

DEVARIER : Troubler, énerver à ne plus savoir que faire. "Avant, du premier au dernier jour de la Féria, tu avais plein de jeunes qui balançaient des pétards, ça te dévariait. ”

ENGAVATCHER (s’) : Mot qui vient de l’occitan gavatch, gosier. S’engavatcher signifie s’étouffer. "En voulant boire son pastaga trop vite, le péquélou (petitou) s'est engavatché. Peuchère ! Il a pas encore l'habitude !"

ESCAGASSSER : Ecraser, aplatir. "Avant, pendant la Féria, les jeunes pour s'amuser secouaient les voitures qui s'aventuraient dans le centre ville, certaines sautaient sur le capot ou grimpaient sur le toit au risque de tout escagasser." 

ESCALUDER : Aveugler, éblouir jusqu’au vertige. "Pendant la Féria, il peut faire un soleil terrible. Aurx arènes, on s'escalude."

ESCOUBILLES : Balayures. "Pendant la Féria, les gens balancent les verres par terre, les papiers. Quand arrive le soir, il y a des escoubilles de partout."

ESPEILLER :  Oter la peau, déchirer. "Pendant labrivado un biòu a chopé mon copain et lui a espeillé les brailles. ” (pantalons). "Si je passe encore une nuit dans la bodéga et que je entre empégué, je crois que ma femme, elle m’espeille !”

ESTOUFADOU : En occitan un estoufadou est un étouffoir, un lieu où on étouffe. Si un nîmois vous dit que les paellas servies dans les stands sont des estoufadous, c’est qu’il faudra prévoir un bon litre de Costières des Nîmes pour la faire passer. On pourrait traduire ce mot par étouffe-chrétien, mais nous, à Nîmes, on est respectueux des ancêtres : les chrétiens on les étouffait pas, on les gardait pour les lions.

ESTRAMBORD : Enthousiasme. A Nîmes ce mot signifie plus précisément liesse populaire en temps de féria ! Jusque dans les années 70 il était couramment utilisé. Il se fait rare désormais mais on le rencontre encore au détour d’un article d’un des quotidiens locaux, et dans la bouche des nostalgiques de la Camargue et de Mistral.

ESTRANGER : Etranger. Etranger à la France, au midi de la France. Et, pour les Nîmois, étranger à Nîmes et sa proche périphérie : Castanet, Saint-Cézaire, Garons peut-être. Qui habite depuis moins de cinquante ans à Nîmes. Dont le père et le grand-père ne sont pas nés à Nîmes. Etc., selon le contexte. Souvent synonyme de Parisien, ce qui est terrible ou peu s’en faut.

PASTAGA : Pastis. On ne se sert pas un pastaga, on se le quiche (quicher : serrer)

PATARAS : Un pataras est un sale, et même un gros sale. Un gros pataras est donc quelqu’un d’encore plus sale ! Par exemple, celui qui tripote les merguez avec des doigts dont il se cure les oreilles...

RABALLER (se) : Traîner (se) "Les musiciens de penas, au milieu de la nuit, ils en peuvent plus, ils se raballent.”

SUCE-RAQUE : La raque désigne le déchet qui subsiste après avoir pressé le raisin.Un suce-que est quelqu’un qui aime tellement boire qu’il est prêt à succer ce rebus de la préparation du vin. Un suce-raque, c’est un bois-sans-soif. Il peut l’être le temps d’une Féria ou par vocation, dans ce cas c’est un ibrougnasse.

 

Adaptation de deux articles de Cyril Agranat, Michaël Alaterre et Farli Ayari.

 

Source : La Féria de Nîmes, tome 1, 1994, et 2, 1996, éd. AL2. Sous la direction de R Domergue

 

 

 

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