Villon
Inscrit le: 21 Oct 2006 Messages: 92 Lieu: Rio de Janeiro - Brésil
|
écrit le Thursday 11 Oct 07, 6:38 |
|
|
Voilà trois beaux poèmes d’un des plus grands poètes de tous les temps, Kavafis :
Citation: | DEUX JEUNES HOMMES, DE VINGT-TROIS A VINGT-QUATRE ANS.
Depuis dix heures et demie il était au café,
et s’attendait toujours à le voir apparaître.
Minuit vint – et il l’attendait encore.
Une heure et demie ; le café s’était s’était
presque entièrement vidé.
Il s’était lassé de lire des journaux,
machinalement. De ses trois pauvres schellings,
un seul lui restait ; en l’attendant,
il avait dépensé le reste en cafés et en cognacs.
Il avait fumé toutes ses cigarettes.
Une si longue attente l’épuisait. Car,
comme il était seul, depuis des heures entières,
des pensées inopportunes sur sa vie dévoyée
commencèrent, aussi, à s’emparer de lui.
Mais lorsqu’il vit entrer son ami – aussitôt
la fatigue, l’ennui, les pensées inopportunes s’évanoirent.
Son ami apporta une nouvelle inattendue :
il avait gagné soixante livres au tripot.
Leur beau visage, leur jeunesse merveilleuse,
l’amour affectueux qui les unissait,
furent rafraîchis, ranimés, fortifiés
par les soixante livres du tripot.
Et, pleins de joie et de vigueur, radieux de beauté,
Ils se rendirent – non pas dans leurs honnêtes familles
(où, d’ailleurs, on ne voulait même plus d’eux –
mais dans une maison de débauche
qui leur était familière, d’allure spéciale ;
et, là, ils demandèrent une chambre
et des boissons couteuses, et de nouveau ils se mirent à boire.
Et, lorsque les boissons coûteuses furent épuisées,
lorsqu’il fut près de quatre heures,
ils se livrèrent, heureux, à l’amour.
CAVAFIS, Constantin. Poèmes. Paris: Les Belles Lettres, 1958.
traduction de Georges Papoutsakis.(page, 191 et 192) |
Citation: | LA VILLE
Tu as dit : « J’irai dans une autre terre, sur une autre mer.
Une autre ville surgira meilleure que celle-ci.
La fatalité condamne, ici, tous mes efforts ;
et mon cœur – tel un mort – gît enterré.
Jusqu’à quand mon esprit restera-t-il dans ce marasme ?
Partout où je dirige mon regard, partout
je ne vois que les noir décombres de ma vie, ici
où j’ai passé tant d’années, tout détruit et tout ruiné »
De nouveaux lieux, tu n’en trouveras point, ni d’autres mers.
La ville te suivra : dans ces mêmes rues tu rôderas,
Dans ces mêmes quartiers tu vieilliras
Et sous ces mêmes toits blanchiront tes cheveux.
Toujours à cette ville tu aboutiras. Quant à aller ailleurs –
Plus d’espoir – pont de bateau pour toi, point de route.
Comme tu as ruiné ta vie en ce petit recoin,
Sur toute la terre tu l’as aussi détruite.
CAVAFIS, Constantin. Poèmes. Paris: Les Belles Lettres, 1958.
traduction de Georges Papoutsakis. (page,55) |
À mon avis, « Choses Tues » est un de mes poèmes préférés. C'est bouleversant et inoubliable.
Citation: | CHOSES TUES
Qu’on ne cherche pas à découvrir qui je fus
en alléguant ce que j’ai pu faire ou dire.
Un obstacle était là qui transformait
mes actes et ma façon de vivre.
Un obstacle était là qui me retenait
souvent lorsque j’allais parler.
Ce sont mes actes les plus imperceptibles,
ce sont mes écrits les plus voilés –
et eux seuls qui permettront de me deviner.
Mais sans doute ne vaut-il pas la peine
de dépenser tant d’efforts pour me comprendre.
Un jour –dans la société meilleure-
un autre, fait tout comme moi,
apparaîtra , c’est sûr, et agira librement.
CAVAFIS, Constantin: Poèmes, trad. Dominique
Grandmont,Paris Gallimard, 1999.(page 260) |
J'espère que vous les aimez.
VICTOR VILLON |
|
dann06
Inscrit le: 07 Mar 2007 Messages: 197 Lieu: Antibes, France
|
écrit le Thursday 11 Oct 07, 13:24 |
|
|
Villon a écrit: | Voilà trois beaux poèmes d’un des plus grands poètes de tous les temps, Kavafis :
J'espère que vous les aimez.
VICTOR VILLON |
La dernière chanson dont j'ai proposé la traduction sur "traduction de chansons Grecques" était "la Ville" (Η πόλις)
Ma traduction, scolaire et littérale, n'a rien à voir avec celle-ci !
Alors, Merci ( Ευχαριστώ) |
|
Dino
Inscrit le: 09 Oct 2006 Messages: 479 Lieu: Αθήνα – Ελλάδα
|
écrit le Thursday 11 Oct 07, 22:15 |
|
|
@dann06: J'ai souvent mentionné sur Babel (surtout à propos de traductions de poèmes et de chansons) qu'il n'existe pas de traduction définitive, bonne ou mauvaise ...Tout comme l'original, la traduction d'un texte ne fait que "traduire" surtout le sentiment et l'esprit (+ les connaîssances) de la personne qui écrit.
@villon: Tempo atrás, graças a Kavafis, chegamos a ser bons amigos e companheiros. Agradeço o teu interesse literário pelo meu patrício alexandrino e pela minha língua materna.
Il y a longtemps, grâce à Kavafis, nous sommes devenus de bons amis et compagnons. Je te remercie de ton intérêt littéraire pour mon compatriote alexandrin et pour ma langue maternelle. |
|