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Helene
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 2846 Lieu: Athènes, Grèce
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écrit le Tuesday 11 Sep 07, 20:32 |
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Il est vrai que Constantin Noica était surtout philosophe mais il laisse une grande œuvre derrière lui . |
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Sabin
Inscrit le: 30 Jul 2007 Messages: 62 Lieu: Constanţa(Roumanie)
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écrit le Wednesday 12 Sep 07, 13:01 |
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De Panait Istrati j'ai lu Kyra Kyralina (Les récits d'Adrien Zograffi).
De Panait Istrati am citit Kyra Kyralina. |
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Helene
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 2846 Lieu: Athènes, Grèce
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écrit le Wednesday 12 Sep 07, 14:57 |
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En effet Sabin, il avait aussi une origine grecque. Voici son portrait |
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Vasilica
Inscrit le: 01 May 2007 Messages: 83 Lieu: Bucarest
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écrit le Wednesday 12 Sep 07, 15:26 |
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Moi j'adore Panait Istrati et j'ai lu presque toutes ses oeuvres:
Eu ador Panait Istrati şi am citit aproape toate operele sale:
Kyra Kyralina,Oncle Anghel(Unchiul Anghel),Domniţa de Snagov etc.
Ce n'est pas pour rien qu'il a été appelé "le Gorki des Balkans".
Voici aussi le commentaire de Dino:
Iată deasemenea şi comentariul lui Dino:
Dino a écrit: | Je devrais ajouter le grand écrivain roumain-grec Panaït Istrati (le "Maxim Gorky" des Balcans) qui, dans la plupart de ces livres, montre l'homogénéité qui régnait sur la peninsule balcanique malgré les guerres, grandes ou locales, les révoltes, les différentes religions, langues, etc. Ayant beaucoup voyagé, grand ami de Nikos Kazantzakis à Moscou, et de Romain Rolland en France après sa tentative de suicide, il écrivait directement en français. Étant adolescent, j'avais lu plusieurs fois Kyra Kyralina dont le contexte me rappelait Alexis Zorbas. Je ne me souviens plus d'autres détails. |
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Helene
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 2846 Lieu: Athènes, Grèce
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écrit le Wednesday 12 Sep 07, 20:00 |
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Merci Vasilica et Dino pour cette description, personnellement je ne le connaissais que schématiquement, à présent il ne me reste plus qu’à le lire. |
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Magda-Claudia
Inscrit le: 09 Mar 2007 Messages: 307 Lieu: Craiova, Roumanie
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écrit le Thursday 13 Sep 07, 11:22 |
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Vasilica a ecrit:
Un château très intéressant en Roumanie est le château de la poétesse Iulia Haşdeu à Câmpina:
L'histoire de cette poétesse:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Iulia_Hasdeu
Je me permets de transférer ce message avec cette poétesse qui pour moi reste une grande énigme:
Îmi permit să transfer acest mesaj cu această poetă, care pentru mine rămâne o mare enigmă. |
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Sabin
Inscrit le: 30 Jul 2007 Messages: 62 Lieu: Constanţa(Roumanie)
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écrit le Thursday 13 Sep 07, 15:26 |
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Merci Magda-Claudia c'est vrai que cette poétesse jeune a été un grand talent.Moi j'aime bien aussi Vasile Voiculescu:
Mersi Magda-Claudia,este adevărat că această tânără poetă a fost un mare talent.Mi îmi place deasemenea şi Vasile Voiculescu:
http://www.romanianvoice.com/poezii/poeti/voiculescu.php |
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Vasilica
Inscrit le: 01 May 2007 Messages: 83 Lieu: Bucarest
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écrit le Wednesday 19 Sep 07, 22:09 |
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J'ai une grande admiration pour Emil Cioran.
Am o mare admiraţie pentru Emil Cioran.
Citation: | Emil Cioran
(1911-1995)
- Biographie - (Encyclopédie Universalis)
«Je pense, dit quelque part Cioran, à un moraliste idéal — mélange d’envol lyrique et de cynisme — exalté et glacial, diffus et incisif, tout aussi proche des Rêveries que des Liaisons dangereuses, ou rassemblant en soi Vauvenargues et de Sade, le tact et l’enfer.» On dirait là d’un autoportrait ou d’un art poétique, tant ces lignes le définissent lui-même merveilleusement. Le tact et l’enfer, en effet. Sous le couvert d’un style qui a les charmes et les gracieusetés de l’Ancien Régime, sous la mousse légère des aphorismes et des pensées qui évoquent l’univers suranné d’un Chamfort ou d’un Joubert, il y a dans son œuvre, tapis et terribles, non pas une banale éthique, mais la dérision systématique, le «précis de décomposition» des systèmes de valeur de l’homme moderne et de la civilisation occidentale.
Ni poète, ni philosophe, ni sociologue, aussi secret que Michaux, son frère en «connaissance par les gouffres», aussi téméraire que Blanchot dans l’expérience suicidaire de l’écrire, c’est sur lui-même d’abord que Cioran semble expérimenter la volonté iconoclaste qui génère ses ouvrages. Né en 1911 en Roumanie, où il publie ses premiers livres, écrits en roumain (Sur les cimes du désespoir, 1934; Des larmes et des saints, 1937), il vient en 1937 à Paris grâce à une bourse d’études et s’y fixe définitivement. C’est en 1947 qu’il abandonne sa langue maternelle pour apporter au français, tout comme Ionesco sur le plan du verbe, une espèce de délire de la réflexion dont la première expression sera son Précis de décomposition (1949). Authentique bergsonien au terme d’études supérieures de philosophie, il se tourne ensuite vers Nietzsche auquel il reprochera bien vite de «n’avoir démoli les idoles que pour les remplacer par d’autres» et préférera Marc Aurèle voire Joseph de Maistre dont il tracera un portrait éblouissant (Essai sur la pensée réactionnaire, 1957, repris dans Exercices d’admiration, 1986, qui rassemble les textes consacrés à des écrivains).
Décapante, corrosive, maniant les figures logiques du paradoxe, du syllogisme ou de l’aporie que pour mieux exprimer l’absurdité, empruntant les ressources de la vocifération, du juron, de l’épitaphe et presque du borborygme, l’œuvre de Cioran ne s’érige que contre soi, l’humain et le monde. Se souvenant des écrits gnostiques qui disent la mauvaiseté substantielle du monde, elle s’organise comme une manière de contre-Évangile, comme un discours unanimement dévastateur qui prétend ne rien laisser réchapper.
Tout découle d’un constat fondamental: mieux aurait valu le non-être que l’existence, car tous nos maux viennent de ce que nous soyons et qu’il y ait quelque chose. «N’être pas né, rien que d’y songer, quel bonheur, quelle liberté, quel espace;» (De l’inconvénient d’être né, 1973.) De là, tout s’ensuit. Qu’a-t-on à faire de la divinité et de la religion, quand on entend encore résonner «le rire des dieux au sortir de l’épisode humain»; «La Création fut le premier acte de sabordage», à quoi bon dès lors se préoccuper de celui qui n’a jamais été qu’un triste plaisantin; (Le Mauvais Démiurge, 1969.) Faut-il croire en l’histoire; Celle-ci n’est productrice que d’utopies et les utopies ne provoquent que le Mal, se retournent dans les abberrations de la tyrannie et de la servitude (Histoire et utopie, 1960). «Ce n’est qu’un défilé de faux absolus, une succession de temples élevés à des prétextes, un avilissement de l’esprit devant l’improbable.» Doit-on faire confiance au progrès et à la civilisation; Combattre l’anthropophagie et l’analphabétisme; Multiplier les illusions sociales et les mythologies; Cioran, derechef, vient mettre son grain de sable: «Toute idée devrait être neutre; mais l’homme l’anime, y projette ses flammes et ses démences: le passage de la logique à l’épilepsie est consommé [...] Ainsi naissent les mythologies, les doctrines et les farces sanglantes. Point d’intolérance ou de prosélytisme qui ne révèle le fond bestial de l’enthousiasme.» (Précis de décomposition, 1949; La Chute dans le temps, 1964.) Nul recours, alors, que de faire le panégyrique de la vis inertiae et que de revendiquer, à cor et à cri, le néant auquel nous aurions dû avoir droit (Syllogismes de l’amertume, 1952), sans succomber à la «tentation d’exister».
Reste à dire que cette œuvre — et c’est peut-être là sa plus grande force —, bien loin de faire de sa propre existence une valeur ultime, rescapée du désastre général, déjoue constamment l’assertion et la thèse par le recours aux formes brèves qui n’ont pas le temps de «prendre», par le travail continu de la dérision et de l’auto-ironie, toujours plus féroce, plus acharnée à se défaire dans l’instant où elle se formule (Écartèlement, 1979; Aveux et anathèmes, 1987). Car «un livre qui, après avoir tout démoli, ne se démolit pas lui-même, nous aura exaspérés en vain».
- Extraits -
Les autres n'ont pas le sentiment d'être des charlatans, et ils le sont; moi... je le suis autant qu'eux mais je le sais et j'en souffre.
Se lever de bonne heure, plein d'énergie et d'entrain, merveilleusement apte à commettre quelque vilenie insigne.
Précipité hors du sommeil par la question : "Où va cet instant? - A la mort", fut ma réponse, et je me rendormis aussitôt.
Par nature je suis si réfractaire à la moindre entreprise, que pour me résoudre à en exécuter une il me faut parcourir auparavant quelque biographie d'Alexandre ou Gengis Khan.
Frivole et décousu, amateur en tout, je n'aurai connu à fond que l'inconvénient d'être né.
On ne s'intéresserait pas aux êtres si on n'avait l'espoir de rencontrer un jour quelqu'un de plus coincé que soi.
Nous sommes tous au fond d'un enfer dont chaque instant est un miracle.
J'aimerais être libre, éperdument libre. Libre comme un mort-né.
Etre en vie - tout à coup je ne suis frappé par l'étrangeté de cette expression, comme si elle ne s'appliquait à personne.
- Que faites-vous du matin au soir? - Je me subis.
Si on avait pu naître avant l'homme!
Nous avons perdu en naissant autant que nous perdrons en mourant. Tout.
Je sens que je suis libre mais sais que je ne le suis pas.
Se tuer parce qu'on est ce qu'on est, oui, mais non parce que l'humanité entière vous cracherait à la figure.
Vivre, c'est perdre terrain.
Dire que tant et tant ont réussi à mourir!
Plus on vit, moins il semble utile d'avoir vécu.
Plutôt dans un égout que sur un piédestal.
L'homme accepte la mort mais non l'heure de sa mort. Mourir n'importe quand, sauf quand il faut que l'on meure!
Si je récapitule mes projets qui sont restés tels et ceux qui se sont réalisés, j'ai tout lieu de regretter que ces derniers n'aient pas eu le sort des premiers.
Personne n'a été autant que moi persuadé de la futilité de tout, personne non plus n'aura pris au tragique un si grand nombre de choses futiles.
Une seule chose importe : apprendre à être perdant.
L'Occident : une pourriture qui sent bon, un cadavre parfumé.
N'a de convictions que celui qui n'a rien approfondi.
Les pires forfaits sont commis par enthousiasme, état morbide de presque tous les malheurs publics et privés.
Lorsqu'on a commis la folie de confier à quelqu'un un secret, le seul moyen d'être sûr qu'il le gardera pour lui, est de le tuer sur-le-champ.
Dès qu'on commence à vouloir, on tombe sous la juridiction du Démon.
"Je me fous de tout" - si ces paroles ont été prononcées, ne serait-ce qu'une seule fois, froidement, en parfaite connaissance de ce qu'elles signifient, l'histoire est justifiée et, avec elle, nous tous.
Chacun expie son premier instant.
Mon mérite n'est pas d'être totalement inefficace mais de m'être voulu tel.
Le plaisir de se calomnier vaut de beaucoup celui d'être calomnié.
Règle d'or : laisser une image incomplète de soi...
Rien ne surpasse en gravité les vilenies et les grossièretés que l'on commet par timidité.
On ne peut pas vivre sans mobiles. Je n'ai plus de mobiles, et je vis.
Il n'est pas de position plus fausse que d'avoir compris et de rester en vie.
Ces grondements intérieurs qui n'aboutissent à rien, et où l'on est réduit à l'état de volcan grotesque.
L'homme dégage une odeur spéciale : de tous les animaux, lui seul sent le cadavre.
Vais-je pouvoir rester encore debout? Vais-je m'écrouler?
Croire à l'avenir de l'homme, je le veux bien, mais comment y arriver lorsqu'on est malgré tout en possession de ses facultés? Il y faudrait leur débâcle quasi totale, et encore!
Naissance et chaîne sont synonymes. Voir le jour, voir des menottes...
Ne pas naître est sans contredit la meilleur formule qui soit. Elle n'est malheureusement à la portée de personne.
Nul plus que moi n'a aimé ce monde, et cependant me l'aurait-on offert sur un plateau, même enfant je me serais écrié : "Trop tard, trop tard!"
Il n'est personne dont, à un moment ou l'autre, je n'aie souhaité la mort.
Rien ne rend modeste, pas même la vue d'un cadavre.
Fonder une famille. Je crois qu'il m'aurait été plus aisé de fonder un empire.
Seule une fleur qui tombe est une fleur totale, a dit un Japonais. On est tenté d'en dire autant d'une civilisation.
Il est réconfortant de pouvoir se dire : Ma vie correspond trait pour trait au genre d'enlisement que je me souhaitais.
Dans mes accès d'optimisme, je me dis que ma vie a été un enfer, mon enfer, un enfer à mon goût.
"Je me permets de prier pour vous." - "Je le veux bien. Mais qui vous écoutera?"
Il faut être maboul pour se lamenter sur la disparition de l'homme, au lieu d'entonner un : "Bon débarras!"
Un dégoût, un dégoût - à en perdre l'usage de la parole et même de la raison. Le plus grand exploit de ma vie est d'être encore en vie.
Il ne rime à rien de dire que la mort est le but de la vie. Mais que dire d'autre?
La vieillesse, en définitive, n'est que la punition d'avoir vécu.
Tout projet est une forme camouflée d'esclavage.
La timidité, source inépuisable de malheurs dans la vie pratique, est la cause directe, voire unique, de toute richesse intérieure.
L'homme est inacceptable.
Où survit mieux le suicide qu'en un sourire?
Toutes les fois que quelque chose me semble encore possible, j'ai l'impression d'avoir été ensorcelé.
Si on pouvait se voir avec les yeux des autres, on disparaîtrait sur-le-champ.
Ne plus vouloir être homme..., rêver d'une autre forme de déchéance.
Plutôt dans un égout que su un piédestal.
Objection contre la science : ce monde ne mérite pas d'être connu!
Le suicide, seul acte vraiment normal, par quelle aberration est-il devenu l'apanage des tarrés?
On est et on demeure esclave aussi longtemps que l'on est pas guéri de la manie d'espérer.
La mort est un état de perfection, le seul à la portée d'un mortel.
"N'est-il pas suffisamment impressionnant en soi de s'ôter la vie, sans qu'on ait à chercher des raisons ? J'ai le plus grand mépris pour ceux qui raillent le suicide par amour, car ils sont incapables de comprendre qu'un amour irréalisable représente, pour l'amant, une impossibilité de se définir, une perte intégrale de son être. Un amour total, inassouvi, ne peut mener qu'à l'effondrement."
Je ressens en ce moment un impérieux besoin de crier, de pousser un hurlement qui épouvante l'univers.
Une existence constamment transfigurée par l'échec.
Tout misanthrope, si sincère soit-il, rappelle par moments ce vieux poète cloué au lit et complètement oublié qui, furieux contre ses contemporains, avait décrété qu'il ne voulait plus en recevoir aucun. Sa femme, par charité, allait sonner de temps en temps à la porte.
Ce n'est pas la peur d'entreprendre, c'est la peur de réussir qui explique plus d'un échec.
On ne redoute l'avenir que lorsqu'on n'est pas sûr de pouvoir se tuer au moment voulu.
En permettant l'homme, la nature a commis beaucoup plus qu'une erreur de calcul : un attentat contre elle-même.
Rien n'est tragique. Tout est irréel.
Qui ne voit pas la mort en rose est affecté d'un daltonisme du coeur.
Le sentiment d'être tout et l'évidence de n'être rien...
Des arbres massacrés. Des maisons surgissent. Des gueules, des gueules partout. L'homme s'étend. L'homme est le cancer de la terre.
Je ne peux contempler un sourire sans y lire : "Regarde-moi, c'est pour la dernière fois."
Paraître joyeux à tout le monde, et que personne ne voie que même les flocons sont des pierres tombales : garder de la verve dans l'agonie...
L'orgasme est un paroxysme; le désespoir aussi. L'un dure un instant; l'autre, une vie. |
source:
http://pixeledena.free.fr/cioran/ |
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Gérard Marty
Inscrit le: 12 Jun 2007 Messages: 50 Lieu: Rodez,France
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écrit le Wednesday 19 Sep 07, 23:42 |
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Quel grand philosophe Emil Cioran!! |
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Vasilica
Inscrit le: 01 May 2007 Messages: 83 Lieu: Bucarest
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écrit le Thursday 20 Sep 07, 13:07 |
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J'ai aussi une grande admiration pour Eugène Ionesco(Eugen Ionescu)
Quelques citations:
Citation: | Un médecin consciencieux doit mourir avec le malade s'ils ne peuvent pas guérir ensemble.
(La cantatrice chauve, p. 14 Folio n°236)
[...] la vérité ne se trouve d'ailleurs pas dans les livres, mais dans la vie.
(La cantatrice chauve, p. 54 Folio n°236)
Toujours, on s'empêtre entre les pattes du prêtre.
(La cantatrice chauve, p. 63 Folio n°236)
Elle [la pendule] marche mal. Elle a l'esprit de contradiction. Elle indique toujours le contraire de l'heure qu'il est.
(La cantatrice chauve, p. 64 Folio n°236)
Mme Martin : Ce matin, quand tu t'es regardé dans la glace tu ne t'es pas vu.
M. Martin : C'est parce que je n'étais pas encore là...
(La cantatrice chauve, p. 68 Folio n°236)
Quand je dis oui, c'est une façon de parler.
(La cantatrice chauve, p. 72 Folio n°236)
Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux !
(La cantatrice chauve, p. 72 Folio n°236)
Les mathématiques sont les ennemies acharnées de la mémoire, excellente par ailleurs, mais néfaste, arithmétiquement parlant !
(La leçon, p. 115 Folio n°236)
L'élève : Les racines des mots sont-elles carrées ?
Le professeur : Carrées ou cubiques. C'est selon.
(La leçon, p. 125 Folio n°236)
Attention, car les ressemblances sont grandes. Ce sont des ressemblances identiques.
(La leçon, p.130 Folio n°236)
Il y a des choses qui viennent à l'esprit même de ceux qui n'en ont pas.
(Rhinocéros, p.36, Livre de poche n°2620)
Je ne me suis pas habitué à moi-même. Je ne sais pas si je suis moi.
(Rhinocéros, p.41, Livre de poche n°2620)
Bérenger : C'est une chose anormale de vivre.
Jean : Au contraire. Rien de plus naturel. La preuve : tout le monde vit.
Bérenger : Les morts sont plus nombreux que les vivants. Leur nombre augmente. Les vivants sont rares.
(Rhinocéros, p.43, Livre de poche n°2620)
Daisy : [...] il s'agit tout simplement d'un chat écrasé par un pachyderme : un rhinocéros en l'occurrence.
Botard : C'était peut-être tout simplement une puce écrasée par une souris. On en fait une montagne.
(Rhinocéros, p.92, Livre de poche n°2620)
Je n'insulte pas. Je prouve.
(Rhinocéros, p.129, Livre de poche n°2620)
Bérenger : Vous avez tort de ne pas croire à la médecine.
Jean : Les médecins inventent des maladies qui n'existent pas.
Bérenger : Cela part d'un bon sentiment. C'est pour le plaisir de soigner des gens.
(Rhinocéros, p.144, Livre de poche n°2620)
Il y a des maladies qui sont saines.
(Rhinocéros, p.175, Livre de poche n°2620)
Tout est logique. Comprendre, c'est justifier.
(Rhinocéros, p.190, Livre de poche n°2620)
La culpabilité est un symptôme dangereux. C'est un signe qui manque de pureté.
(Rhinocéros, p.223, Livre de poche n°2620)
Je ne peux plus changer. Je voudrais bien, je voudrais tellement, mais je ne peux pas. Je ne peux plus me voir. J'ai trop honte ! Comme je suis laid ! Malheur à celui qui veut conserver son originalité !
(Rhinocéros, p.241, Livre de poche n°2620)
LE ROI
Les rois devraient être immortels.
MARGUERITE
Ils ont une immortalité provisoire.
(Le Roi se meurt, p.53, Folio n°361)
MARGUERITE
[Le Roi] s'imagine qu'il est le premier à mourir.
MARIE
Tout le monde est le premier à mourir.
(Le Roi se meurt, p.60, Folio n°361)
Pourquoi suis-je né si ce n'était pas pour toujours ?
(Le Roi se meurt, p.66, Folio n°361)
Mon chéri, mon Roi, il n'y a pas de passé, il n'y a pas de futur. Dis-le-toi, il y a un présent jusqu'au bout, tout est présent ; sois présent. Sois présent.
(Le Roi se meurt, p.74, Folio n°361)
Que tous meurent pourvu que je vive éternellement même tout seul dans le désert sans frontières. Je m'arrangerai avec la solitude. Je garderai les souvenirs des autres, je le regretterai sincèrement. Je peux vivre dans l'immensité transparente du vide. Il vaut mieux regretter que d'être regretté.
(Le Roi se meurt, p.76, Folio n°361)
Tant qu'on est vivant, tout est prétexte à littérature.
(Le Roi se meurt, p.78, Folio n°361)
Vous tous, innombrables, qui êtes morts avant moi, aidez-moi. Dites-moi comment vous avez fait pour mourir, pour accepter. Apprenez-le moi. Que votre exemple me console, que je m'appuie sur vous comme sur des béquilles, comme sur des bras fraternels. Aidez-moi à franchir la porte que vous avez franchie. Revenez de ce côté-ci un instant pour me secourir. Aidez-moi, vous, qui avez eu peur et n'avez pas voulu. Comment cela s'est-il passé ? Qui vous a soutenus ? Qui vous a entraînés, qui vous a poussés ? Avez-vous eu peur jusqu'à la fin ? Et vous, qui étiez forts et courageux, qui avez consenti à mourir avec indifférence et sérénité, apprenez-moi l'indifférence, apprenez-moi la sérénité, apprenez-moi la résignation.
(Le Roi se meurt, p.78, Folio n°361)
Des milliards de morts. Ils multiplient mon angoisse. Je suis leurs agonies. Ma mort est innombrable. Tant d'univers s'éteignent en moi.
(Le Roi se meurt, p.81, Folio n°361)
Il n'est pas naturel de mourir, puisqu'on ne veut pas. Je veux être.
(Le Roi se meurt, p.83, Folio n°361)
LE ROI
Dis-moi ta vie. Comment vis-tu ?
JULIETTE
Je vis mal, Seigneur.
LE ROI
On ne peut vivre mal. C'est une contradiction.
(Le Roi se meurt, p.88, Folio n°361)
LA DEMOISELLE : Ne dites jamais : c'est bien dommage. Dites : c'est plutôt dommage. Il ne faut jamais parler ni écrire comme on lit.
LE MONSIEUR : Ou vice versa. Pour employer le passé simple.
(Le salon de l'automobile, p.196 in Théâtre IV, Gallimard NRF 1966)
LA DEMOISELLE : Monsieur veut acheter de l'automobile.
LE VENDEUR : Un automobile ou une automobile ?
LE MONSIEUR : Les deux. Pour avoir le couple. Je n'aime pas désunir les ménages.
(Le salon de l'automobile, p.197 in Théâtre IV, Gallimard NRF 1966)
Je suis complètement et à moitié désespérée.
(Jacques ou la soumission, p.100, in Théâtre I, Gallimard NRF 1954)
Fils ! fils ! écoute-moi. Je t'en supplie, ne réponds pas à mon brave coeur de mère, mais parle-moi, sans réfléchir à ce que tu dis. C'est la meilleure façon de penser correctement, en intellectuel et en bon fils.
(Jacques ou la soumission, p.101, in Théâtre I, Gallimard NRF 1954)
O paroles, que de crimes on commet en votre nom !
(Jacques ou la soumission, p.103, in Théâtre I, Gallimard NRF 1954)
JACQUELINE : Je vais tout te dire en vingt-sept mots. Voici, et tâche de te souvenir : tu es chronométrable.
JACQUES : Et le reste ?
JACQUELINE : C'est tout. Les vingt-sept mots sont compris, ou comprises, dans ces trois-là, selon leur genre.
(Jacques ou la soumission, p.103, in Théâtre I, Gallimard NRF 1954)
Toute la loi s'insurge contre elle-même quand on ne la défend pas.
(Jacques ou la soumission, p.103, in Théâtre I, Gallimard NRF 1954)
[...] la vérité n'a que deux faces mais son troisième côté vaut mieux !
(Jacques ou la soumission, p.112, in Théâtre I, Gallimard NRF 1954)
Vous réfléchissez ? moi aussi, des fois. Mais dans un miroir.
(Jacques ou la soumission, p.119, in Théâtre I, Gallimard NRF 1954)
En somme, monde intérieur, monde extérieur, ce sont des expressions impropres, il n'y a pas de véritables frontières pourtant entre ces deux mondes ; il y a une impulsion première, évidemment, qui vient de nous, et lorsqu'elle ne peut s'extérioriser, lorsqu'elle ne peut se réaliser objectivement, lorsqu'il n'y a pas un accord total entre moi du dedans et moi du dehors, c'est la catastrophe, la contradiction universelle, la cassure.
(Tueur sans gages, p.73, in Théâtre II, Gallimard NRF 1954)
La pénicilline et la lutte contre l'alcoolisme sont bien plus efficaces que les changements de gouvernements.
(Tueur sans gages, p.145, in Théâtre II, Gallimard NRF 1954)
Penser contre son temps c'est de l'héroïsme. Mais le dire, c'est de la folie.
(Tueur sans gages, p.145, in Théâtre II, Gallimard NRF 1954)
J'ai toujours été seul... Pourtant j'aime l'humanité, mais de loin.
(Tueur sans gages, p.160, in Théâtre II, Gallimard NRF 1954)
Vous avez certainement de l'amour-propre, le culte de votre intelligence. Rien n'est plus gênant que d'être sot. C'est beaucoup plus compromettant que d'être criminel, même la folie a une auréole.
(Tueur sans gages, p.170, in Théâtre II, Gallimard NRF 1954)
Il est possible que la vie du genre humain n'ait aucune importance, donc sa disparition non plus... l'univers entier est peut-être inutile et vous avez peut-être raison de vouloir le faire sauter, ou de le grignoter au moins, créature par créature, morceau par morceau... Peut-être ne devez-vous pas le faire. Je ne sais plus du tout, moi, je ne sais plus du tout. Peut-être vous êtes dans l'erreur, peut-être l'erreur n'existe pas, peut-être c'est nous qui sommes dans l'erreur de vouloir exister...
(Tueur sans gages, p.171, in Théâtre II, Gallimard NRF 1954)
Mon Dieu, on en peut rien faire !... Que peut-on faire... Que peut-on faire...
(Tueur sans gages, p.172, in Théâtre II, Gallimard NRF 1954)
[À l'entrée sur scène du Maître :]
Tous :
Mais, mais... il n'a pas de tête, le maître !
L'Annonciateur :
Il n'en a pas besoin, puisqu'il a du génie.
(Le Maître, p.241, in Théâtre II, Gallimard NRF 1954)
DUNCAN : Permettez-moi de vous le dire franchement, avec ma franchise habituelle.
LADY DUNCAN : Franchement ou non, cela revient au même.
(Macbett, p.92, Folio n°694)
Tous les oeufs ne font plus qu'un, dans la même omelette.
(Macbett, p.94, Folio n°694)
Oublie que tu existes. Souviens-toi que tu es.
(Macbett, p.110, Folio n°694) |
Source:
http://www.aufildemeslectures.net/?au=187 |
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clara
Inscrit le: 23 Jul 2007 Messages: 31 Lieu: france
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écrit le Saturday 22 Sep 07, 22:34 |
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Eugène Ionesco est un très bon écrivain et ces citations sont pour la plupart très vrai. |
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Magda-Claudia
Inscrit le: 09 Mar 2007 Messages: 307 Lieu: Craiova, Roumanie
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écrit le Saturday 22 Sep 07, 22:39 |
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Je suis entièrement d'accord avec toi Clara.Moi aussi j'adore Ionesco. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10944 Lieu: Lyon
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écrit le Wednesday 17 Oct 07, 12:51 |
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Lu aujourd'hui dans Courrier International.
Mihail Sebastian est-il célèbre en Roumanie (je ne connaissais pas son nom) ?
Pouvez-vous nous présenter "Observator cultural" ? A-t-il un gros tirage ?
Citation: | Le journal de Mihail Sebastian
Jeudi 18 octobre, l'écrivain roumain d'origine juive Mihail Sebastian aurait fêté ses 100 ans. Son traducteur espagnol Joaquin Garrigos compare son 'Journal 1935-1944' à celui de l'allemand d'ascendance juive Victor Klemperer. "Il faut citer ce livre, qui est à la fois un essai et un récit. C'est une analyse approfondie (...) de la société roumaine à la lumière du désastre de la Seconde Guerre mondiale. (...) La tragédie nationale constitue la toile de fond, qui envahit peu à peu l'ensemble du livre. (...) Mihail Sebastian, qui est juif, voit ses relations avec ses amis se dégrader peu à peu avant la guerre à cause de leur sympathie pour le fascisme certes inconsciente, mais néanmoins manifeste. (...) Le journal est le portrait le plus abouti de cette époque jamais publié."
Observator cultural (Roumanie) |
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András Animateur
Inscrit le: 20 Nov 2006 Messages: 1488 Lieu: Timişoara, Roumanie
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écrit le Wednesday 17 Oct 07, 14:56 |
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Je ne pourrais pas te dire quel est le tirage de Observator Cultural. Pas très grand, sans doute. En tout cas, il est sur la toile aussi. Peut-être que tu y comprendrais quelque chose, si tu essayais de le lire, même sans connaître le roumain. Ce qui me dérange, c'est qu'ils ne mettent pas les diacritiques.
Mihail Sebastian est bien connu en Roumanie, surtout pour son théâtre. Sa pièce la plus célèbre est Steaua fără nume (L'étoile sans nom), dont on a tiré un film dans les années '60, avec Marina Vlady dans le rôle principal féminin. Sa prose a commencé à être connue après '90, parce qu'elle ne plaisait pas beaucoup au régime communiste. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10944 Lieu: Lyon
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écrit le Wednesday 17 Oct 07, 15:01 |
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Merci Andras. En fait leur site a une version française, je retournerai y faire un tour pour regarder de plus près la version en roumain.
Steaua veut dire "étoile" ? Je ne m'étais jamais posé la question à propos du Steaua de Bucarest . |
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