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telephos
Inscrit le: 13 Feb 2008 Messages: 341 Lieu: Montréal
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écrit le Friday 25 Sep 09, 1:00 |
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Chez Plutarque, je viens de voir ces correspondances étranges :
Nŭma correspond à Νομᾶς.
Rōmŭlus correspond à Ῥωμύλος.
Comment expliquer la disparate ? Ces noms sont-ils transcrits de la même façon chez des auteurs grecs plus anciens ? Les deux transcriptions datent-elles de la même époque ? |
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Omicron
Inscrit le: 04 Oct 2007 Messages: 97 Lieu: Grenoble
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écrit le Friday 25 Sep 09, 8:59 |
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Je trouve passionnant cette comparaison entre grec et latin. C'est vrai que le monde romain a été très longtemps au contact avec le monde grec (sud de la l'Italie et Sicile) avant l'annexion de la peninsule grècque proprement dite en -140. Auparavant, il y eu la conquête du sud de l'Italie de -300 à -270, puis celle de la Sicile en -220. Tout cela pendant la période du latin archaïque. |
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Horatius Animateur
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 695
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écrit le Friday 25 Sep 09, 9:31 |
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Dans les cas que vous citez, la différence tient au fait que dans Numa, le [u] bref est en syllabe initiale.
Il est relativement fréquent que dans le passage du grec au latin, le [o] bref se ferme et évolue en [u] bref en syllabe initiale.
On trouve aussi dans Plutarque Νουμᾶς.
Pour les problèmes de correspondances phonétiques entre grec et latin, voyez l'ouvrage de Frédérique Biville "Les emprunts du latin au grec : approche phonétique, volume 2": le phénomène du rapprochement [u/o] est détaillé et expliqué page 64 et suivantes. |
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telephos
Inscrit le: 13 Feb 2008 Messages: 341 Lieu: Montréal
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écrit le Friday 25 Sep 09, 17:15 |
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Merci pour la référence.
Dans le cas de deux noms cités, s'agit-il initialement d'emprunts du latin au grec ?? L'historicité de Romulus et de Numa est remise en cause à l'heure actuelle, mais je m'étonne d'une possible origine grecque. |
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Horatius Animateur
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 695
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écrit le Friday 25 Sep 09, 18:10 |
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Pardon: par manque de temps, j'ai été trop allusif.
Bien-sûr, Numa et Romulus sont des latins latins.
Ce que je voulais dire, c'est que dans la transcription des noms latins en grec, on trouve le même phénomène que dans les emprunts latins au grec :
le ŭ latin en syllabe initiale correspond fréquemment au ŏ grec.
Tout cela est très bien expliqué par F. Biville.
Elle rappelle, d'ailleurs, que, de toute façon, en latin, à certaines positions et dans certains environnements, [u] et [o] peuvent alterner (hominem / huminem, frondes / frundes) |
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telephos
Inscrit le: 13 Feb 2008 Messages: 341 Lieu: Montréal
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écrit le Friday 25 Sep 09, 23:49 |
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Je viens de lire qu'en position médiane ŭ et ĭ pouvaient alterner (maxĭmus / maxŭmus). Est-ce que ceci pourrait expliquer Ῥωμύλος ? Au début du IIe siècle, l'upsilon bref commençait-il à s'iotaciser ? |
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Horatius Animateur
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 695
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écrit le Saturday 26 Sep 09, 9:45 |
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Je connais vraiment très peu la phonétique historique grecque. Il est vrai que l'iotacisme est un phénomène ancien, mais je ne pense pas qu'il joue un rôle ici.
D'après ce que vous proposez, il y aurait eu confusion entre un [ĭ] résultant d'une alternance latine avec [ŭ] et le /υ/ grec qui aurait iotacisé.
Pourtant, les Latins étaient très sensibles à l'originalité phonique du upsilon grec : ils ne cessent de répéter que c'est là un phonème "exotique", étranger à la langue latine (cf. par exemple, Quintilien). Il est donc difficile d'admettre qu'on puisse le confondre avec le son latin [i].
Pour la graphie Ῥωμύλος, je ne pense pas qu'il y ait besoin d'aller chercher bien loin :
même si, phoniquement, en grec, upsilon note [ü] tandis que le /u/ latin note [u], graphiquement il y a équivalence entre upsilon et /u/ latin : certains grammariens latins, qui se placent dans cette perspective graphique, le disent : uidetur esse eamdem apud nos u litteram quae apud Graecos est u. (Verrius Flaccus).
Pour cela, cf. toujours F. Biville (p. 17 sq).
Tout n'est pas forcément d'une logique absolue là-dedans : transcrire une langue dans un autre alphabet que le sien pose nécessairement des difficultés qui ne sont pas toujours résolues de façon univoque. |
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