Jeannotin Animateur
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 879 Lieu: Cléden-Poher
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écrit le Tuesday 04 Nov 14, 18:56 |
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Le breton est présenté par Jean Le Dû comme une langue para-romane. Cela signifie que si le breton n'est pas roman dans sa structure, il a préservé, par emprunts, des faits de langue que l'évolution des parlers romanes a fait disparaître.
En breton standard et dans les dialectes KLT, le mot sekred ['sekrət] est un emprunt transparent au français. Cependant, le breton présente une prononciation qui en français est récente. Voici ce qu'écrit Littré dans la préface de son dictionnaire, où l'on reconnaît une description de l'effet Buben :
Citation: | On peut citer d'autres exemples de cet empiétement de l'écriture sur les droits de la prononciation. Les vieillards que j'ai connus dans ma jeunesse prononçaient non secret, mais segret ; aujourd'hui le c a prévalu. Dans reine-claude la lutte se poursuit, les uns disant reine-claude, les autres reine-glaude, conformément à l'usage traditionnel. Second lui-même, où la prononciation du g est si générale, commence à être entamé par l'écriture, et l'on entend quelques personnes dire non segon, mais sekon. | Le nom de famille mainiot Le Segrétain, qui est une forme populaire du mot savant sacristain, a conservé l'ancienne prononciation.
Mais si la plupart des dialectes bretons ont suivi le français dans son évolution, le vannetais a conservé l'ancienne prononciation française dans le mot segred [səg'ret]. Ainsi, dans son recueil Dasson ur Galon (Les Résonances d'un Cœur), l'écrivain Loeiz Herrieu (Louis Henrio) intitule un de ses poème : "Segred me halon".
Le breton, du moins dans un de ses dialectes les plus conservateurs, a donc préservé une prononciation disparue du français. |
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