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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Wednesday 22 Mar 06, 20:53 |
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Hé bien oui, la forme τούς Οδυσσέας est une forme d'accusatif pluriel, c'est ce que j'ai toujours dit, et je m'étonnais que cette forme totalement aberrante, le pluriel pour le singulier, et l'accusatif pour le nominatif, soit donnée comme le nom grec d'Ulysse.
Là gît le malentendu : celui qui a écrit nom grec pensait nom grec moderne, mais moi, avec mes automatismes mentaux, j'ai compris nom grec antique.
J'écrivais :
Citation: | Après vérification dans Bailly, car je ne veux pas avancer de sottise, je maintiens que la forme Οδυσσέας, comme βασιλεας est une forme d'accusatif pluriel, parfaitement possible d'un point de vue théorique, mais totalement inusitée. |
Je suis heureux que votre professeur d'Université partage mon affirmation, cela me montre que je ne suis pas trop nul (ou que ma documentation est bonne !) |
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Helene
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 2846 Lieu: Athènes, Grèce
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écrit le Wednesday 22 Mar 06, 22:12 |
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Au contraire ce dialogue est constructif et permet d’élucider pourquoi on utilise aujourd’hui la forme Οδυσσέας pour le nominatif singulier. Justement dans le forum Agora je parlais d’un autre Οδυσσέας ou Οδυσσεύς comme on l’appellerait en grec ancien. |
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photophore
Inscrit le: 11 Apr 2012 Messages: 151 Lieu: 78360 Montesson
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écrit le Friday 01 Sep 17, 21:18 |
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En ce qui concerne la forme prise par Odusseus en Etrusque , on la connaît : je l'ai vue sur un vase , où étaient écrits les noms des personnages représentés ( Ulysse et Persephone )
Sur ce vase , Ulysse = UTUZE , Persephone = PERSIPNAI La question est de savoir si ça permet de comprendre l'évolution vers Ulixes et Proserpina
Je me souviens maintenant : c'était une illustration dans "Ulysse le Crétois" , de Paul Faure |
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Ion Animateur
Inscrit le: 26 May 2017 Messages: 306 Lieu: Liège
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écrit le Saturday 02 Sep 17, 20:49 |
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UTUZE repose sur Ὀδυσσεύς (Odysseus : l'étrusque n'emploie pas le D car il ne distingue pas les sonores des sourdes, et n'emploie pas non plus le O, mais seulement le U).
En grec, il existe des traces d'une alternance d/l (peut-être une influence égéenne) : mycénien da-pu2-ri-to en face de grec λαβύρινθος (labyrinthos, cf "labyrinthe", p.-ê. aussi emprunté à une langue préhellénique) ; à Pergé (Pamphylie) on disait λίσκος (liskos) λάφνη (lafnê) au lieu de δίσκος δάφνη (diskos, dafnê, "disque", "laurier").
Le dictionnaire latin de Lewis et Short fait provenir le latin Ulixes "from the Etruscan Uluxe, or from the Siculian Οὐλίξης". |
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photophore
Inscrit le: 11 Apr 2012 Messages: 151 Lieu: 78360 Montesson
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écrit le Saturday 02 Sep 17, 21:25 |
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D'après Paul Faure ( professeur à l'Université de Clermont-Ferrand ) , labyrinthe se décompose : labrys , la double hache , qui est gravée sur les murs et colonnes des palais Minoens ( dont Cnossos) , et -rinthos , que l'on retrouve dans Tyrinthe et Corinthe , et qui doit logiquement signifier "palais" |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Sunday 03 Sep 17, 11:50 |
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Je ne suis pas sûr de l'existence d'un suffixe -rinthos. D'abord, l'écriture Tyrinthe (sic !) est une grossière faute d'orthographe pour transcrire le grec Τϊρυνς [Tíryns], gén. Τῖρυνθος [Tîrynthos]. Une coupe Κό-ρινθος [Kó-rinthos] pour Corinthe est tout aussi invraisemblable (quel sens donner à κο ?). Le suffixe pré-grec très largement attesté est -νθος [-nthos] (P. Chantraine, La Formation des noms en grec ancien, §§301-303, pp. 368-371).
En outre, Paul Faure a des visions des langues crétoises qui ne sont pas partagées par tout le monde (Linéaire A indo-européen, déchiffrement du disque de Phaistos), je le soupçonne d'être plus archéologue que linguiste.
Sur les confusions L/D, on notera aussi que, alors que le Linéaire B confond sourdes et sonores dans les séries PA et KA, il possède pour les dentales les deux séries TA et DA, alors que seule la série RA représente les liquides λ et ρ du grec alphabétique. Que l'articulation de la série DA ait été proche de *LA n'est donc pas à exclure.
Quant à l'équation da-pu2-ri-to = λαβύρινθος, si elle est très largement acceptée, il faut savoir qu'elle ne repose que sur une unique occurrence, la tablette Gg 702 de Knossos, qui comptabilise des offrandes de miel :
pa-si-te-o-i | me-ri AMPHORA 1
da-pu2-ri-to-jo | po-ti-ni-ja ‘me-ri’ AMPHORA 1
Πᾶσι θεοῖhι | μέλι 1
Λαβυρίνθοιο πότνια | μέλι 1
Aux Tous-les-Dieux, miel, 1 amphore
À la Maîtresse du Labyrinthe, miel, 1 amphore
Enfin, pour en revenir à Ulysse, la consultation du DELG (Chantraine) aurait montré que les formes en λ de son nom sont plus que fréquentes :
« À date ancienne la forme avec δ ne semble pas attestée hors des textes littéraires » (DELG, s.u. Ὀδυσσεύς) !!!
Et Chantraine d'énumérer les Ὀλυσεύς, Ὀλυσσεύς, Ὀλυττεύς, Ὀλισσεύς, Ὠλυσσεύς, Οὐλιξεύς, Οὐλιξης … |
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