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Hésiode et les enfants de la Nuit - Forum grec - Forum Babel
Hésiode et les enfants de la Nuit
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Outis
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Messageécrit le Tuesday 09 Apr 19, 10:34 Répondre en citant ce message   

Avant de se trouver enfermés dans la jarre qu'entr'ouvrira imprudemment Pandore, les Maux de l'Humanité avaient une histoire généalogique. Pour le poète Hésiode (~VIIIe) ils sont les enfants d'une divinité primordiale portant le nom de la Nuit.
Hésiode, Théogonie, vv. 211-232 a écrit:
Νὺξ δ᾽ ἔτεκεν στυγερόν τε Μόρον καὶ Κῆρα μέλαιναν
καὶ Θάνατον, τέκε δ᾽ Ὕπνον, ἔτικτε δὲ φῦλον Ὀνείρων:
δεύτερον αὖ Μῶμον καὶ Ὀιζὺν ἀλγινόεσσαν
οὔ τινι κοιμηθεῖσα θεὰ τέκε Νὺξ ἐρεβεννή,
Ἑσπερίδας θ᾽, ᾗς μῆλα πέρην κλυτοῦ Ὠκεανοῖο
χρύσεα καλὰ μέλουσι φέροντά τε δένδρεα καρπόν.
καὶ Μοίρας καὶ Κῆρας ἐγείνατο νηλεοποίνους,
Κλωθώ τε Λάχεσίν τε καὶ Ἄτροπον, αἵτε βροτοῖσι
γεινομένοισι διδοῦσιν ἔχειν ἀγαθόν τε κακόν τε,
αἵτ᾽ ἀνδρῶν τε θεῶν τε παραιβασίας ἐφέπουσιν:
οὐδέ ποτε λήγουσι θεαὶ δεινοῖο χόλοιο,
πρίν γ᾽ ἀπὸ τῷ δώωσι κακὴν ὄπιν, ὅς τις ἁμάρτῃ.
τίκτε δὲ καὶ Νέμεσιν, πῆμα θνητοῖσι βροτοῖσι,
Νὺξ ὀλοή: μετὰ τὴν δ᾽ Ἀπάτην τέκε καὶ Φιλότητα
Γῆράς τ᾽ οὐλόμενον, καὶ Ἔριν τέκε καρτερόθυμον.

αὐτὰρ Ἔρις στυγερὴ τέκε μὲν Πόνον ἀλγινόεντα
Λήθην τε Λιμόν τε καὶ Ἄλγεα δακρυόεντα
Ὑσμίνας τε Μάχας τε Φόνους τ᾽ Ἀνδροκτασίας τε
Νείκεά τε ψευδέας τε Λόγους Ἀμφιλλογίας τε
Δυσνομίην τ᾽ Ἄτην τε, συνήθεας ἀλλήλῃσιν,
Ὅρκον θ᾽, ὃς δὴ πλεῖστον ἐπιχθονίους ἀνθρώπους
πημαίνει, ὅτε κέν τις ἑκὼν ἐπίορκον ὀμόσσῃ.
Leconte de Lisle, traducteur, a écrit:
Et Nyx enfanta l’odieux Môros et la Kèr noire et Thanatos. Elle enfanta aussi Hypnos et la foule des Songes. Et la divine et sombre Nyx ne s’était unie pour cela à aucun Dieu. Et puis, elle enfanta Mômos et Oizys plein de douleurs, et les Hespérides, à qui, par delà l’illustre Okéanos, les Pommes d’or sont confiées, et les arbres qui les portent. Et elle enfanta les Moires et les Kères inhumaines, Klothô, Lakhésis et Atropos, qui aux hommes mortels naissants dispensent les biens et les maux, et des hommes et des Dieux poursuivent les crimes, et ne renoncent jamais à leur colère inexorable qu’après avoir tiré du coupable une vengeance terrible. Et puis elle enfanta Némésis, ce fléau des hommes mortels, la funeste Nyx ; puis Apatè et Philotès, et l’accablante Gèras et l’opiniâtre Éris.

Et puis, l’odieuse Éris enfanta le dur Ponos, et Lèthè, et Loimos [Limos], et Algos par qui l’on pleure, et Ysminè, et Phonos, et les Batailles, et le Carnage des guerriers, et les Parjures [Querelles], et les Paroles mensongères, et les Contestations, et le Mépris des Lois, et Atè, qui sont inséparables ; et Horkos, terrible aux hommes terrestres, et qui frappe si l’un d’eux tente de se parjurer.

Il m'a semblé intéressant d'examiner d'un peu plus près tous ces daïmonès, tant sont nombreux ceux qui survivent jusqu'à nos jours …


Dernière édition par Outis le Sunday 21 Apr 19, 17:56; édité 30 fois
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Outis
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Messageécrit le Tuesday 09 Apr 19, 11:25 Répondre en citant ce message   

Mόρος
μόρος est couramment traduit par « destin » mais il serait plus exact de parler, de lot, de part légitime, d'après un verbe μείρομαι surtout usité dans des formules comme μείρεο « reçois une part » ou ἔμμορε « avoir sa part de ».

Ce sémantisme survit bien dans le grec moderne μερίδα : μια μερίδα πατατές « une portion de frites » mais, il faut bien le reconnaître, l'usage le plus courant de μόρος concerne le lot fatal de tout homme : la Mort ; dans de nombreux passages le simple « mort » est une traduction acceptable de μόρος.

Hésiode commence donc son énumération des Maux par le plus irrémédiable, la Mort, mais nommée d'après son aspect de destin inéluctable des hommes.
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Outis
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Messageécrit le Tuesday 09 Apr 19, 16:00 Répondre en citant ce message   

Κήρ
Au singulier, dans ses usages littéraires, Κήρ semble être le nom d'une divinité mineure et personnelle, un daïmon qui témoignerait du destin de chacun et s'actualiserait dans sa mort.

Un bon exemple en est la scène de l'Iliade (XXII, 209 ss.) où, avant leur duel, Zeus pèse les Kères d'Achille et d'Hector : le verdict est sans appel, c'est Hector qui doit périr.

Le mot κήρ est isolé mais, par paronymie, on peut évoquer ἀκήρατος « intact » ou κῆρ, un vieux nom du cœur (< *kērd), peut-être à travers de vieilles représentations de la pesée des cœurs.
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Outis
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Messageécrit le Tuesday 09 Apr 19, 16:37 Répondre en citant ce message   

Θάνατος
θάνατος est explicitement la mort, nom d'action du verbe θνῄσκω « mourir ». Ici, la Mort est personnifiée, par un personnage masculin dont on a de nombreuses représentations sur les peintures de vases.

Il est possible que cette racine soit initialement issue d'un euphémisme si on la compare à l'aoriste sanskrit adhvanīt « il s'éteignit ».

Avec ce troisième terme, passant de l'aveugle destinée à Thanatos, une figure anthropomorphe (un homme barbu et ailé) et agissante, Hésiode clot la liste des daïmonès du trépas.
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Outis
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Messageécrit le Wednesday 10 Apr 19, 8:04 Répondre en citant ce message   

Ὕπνος
ὕπνος, nom commun, est le sommeil. Un nom, fondé sur un thème *sv-ep- et très partagé, par le sanskrit svapiti « il dort », les latins somnus et sopor, le hittite šuppariya « dormir » ou le composant français hypno-.

Avec une majuscule, il est le puissant frère jumeau de Θάνατος, selon l'image banale et parfois inquiétante qui assimile le sommeil à une mort provisoire.
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Outis
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Messageécrit le Wednesday 10 Apr 19, 8:41 Répondre en citant ce message   

Ὀνείροι
Le nom commun ὄνειρος est le rêve. Avec une majuscule, il est un Songe, un des myriades de daïmonès susceptibles de s'introduire dans l'esprit de l'homme durant son sommeil.

Il revient à l'ὀνειρό-μαντις, l'oniromancien, d'interpréter la raison qui préside à l'apparition de tel ou tel Songe. Et surtout (Odyssée, XIX, vv. 560-569) de distinguer entre celui qui a pénétré dans l'esprit par le Porte d'Ivoire, le Songe trompeur, et celui qui a utilisé la Porte de Corne, Songe véridique, qui pourra guider le dormeur à son réveil. Sigmund Freud fut un oniromancien célèbre.
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Outis
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Messageécrit le Wednesday 10 Apr 19, 10:40 Répondre en citant ce message   

Μῶμος
Le terme μῶμος désigne tout ce qui est raillerie et sarcasme avec une nuance explicite de blâme et de disgrâce. Mômos est le bouffon des dieux et, naturellement, il trouvera sa place dans le cortège de Dionysos où sa liberté transgressive trouve facilement à s'exprimer : Mômos fait rire.
La raillerie est-elle un mal ? Oui, pour certains, se rire d'autrui, le blâmer ainsi, n'est pas très gentil, et j'imagine volontiers Hésiode en faire partie. Mais on peut aussi considérer que Mômos n'est là qu'en tant qu'enfant de la nuit, à l'heure où les banquets s'arrosent convenablement …

En tout cas, sous son nom latinisé de Momus, il fut longtemps l'égérie de nombre de sociétés plaisantes, témoin l'authentique café Momus, décor du deuxième acte de la Bohême de Puccini.

On reconnaît enfin son nom dans l'adjectif ἀμύμων (ῡ) « irréprochable » qui qualifie les héros dont on ne peut se moquer (l'évolution ō > ū serait un trait du dialecte éolien).
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Outis
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Messageécrit le Wednesday 10 Apr 19, 16:12 Répondre en citant ce message   

Ὀιζὺς
L'exclamation οἴ, parfois (Aristophane, La Paix, v. 933) accentuée par jeu ὀί à la ionienne pour imiter le bêlement par le nom ὄις « brebis », exprime la douleur, le malheur et la souffrance. C'est sur elle qu'on a fait un verbe οἴζω « pleurer, crier “οἴ” » et ὀϊζύς « lamentation ».

L'étrange association avec le joyeux Μῶμος peut surprendre mais j'y vois une formule du genre « les Ris et les Pleurs » pour exprimer l'instabilité, la versatilité, de la condition humaine.
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Papou JC



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Messageécrit le Wednesday 10 Apr 19, 17:11 Répondre en citant ce message   

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Dernière édition par Papou JC le Monday 22 Apr 19, 5:20; édité 1 fois
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Messageécrit le Thursday 11 Apr 19, 8:50 Répondre en citant ce message   

Ἑσπερίδες
Ἕσπερος est le nom du soir, clairement apparenté au latin vesper « soir » (fr. Vêpres), même si le détail de l'équivalence n'est pas clair. Et l'adjectif dérivé ἑσπερίς fournit le nom des trois Hespérides, celles qui habitent un jardin merveilleux dans des îles au delà des Colonnes d'Héraklès, là où se récoltent les pommes d'or.

Ce qui est clair pour les Grecs, c'est que le soir est étroitement lié à l'occident, là où se couche le Soleil et, par une attirance naturelle, lié au royaume de la Mort. Et pas seulement pour les Grecs si l'on songe au mythe celtique de l'île d'Avalon, île au nom de pomme (ang. apple), île où dort le roi Arthur. Alors, les célèbres pommes seraient-elles un symbole d'immortalité dans la Mort, à l'égal de celle, tout aussi célèbre, qui nous valut la Chute ?
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Outis
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Messageécrit le Thursday 11 Apr 19, 18:48 Répondre en citant ce message   

Μοῖραι
Retour de Mόρος « la Part, le Destin » mais sous une forme plus humaine avec les trois Moires qui gèrent le fil de nos existences. Celles que les Romains appelleront les Parques seront ici identifiées :
Kλωθώ est, à l'accent près, homophone du verbe κλώθω « je file ». C'est en effet Clotho qui, à notre apparition, crée un nouveau fil (pour sa tapisserie ?) ;
Λάχεσις, ce nom d'action, dérivé du verbe λαγχάνω « j'obtiens », donne à Lachésis l'autorité de mesurer la longueur du fil ;
Ἄτροπος au nom identique à l'adjectif ἄτροπος « inflexible » (qui ne peut être détourné) est celle qui coupe le fil quand notre vie arrive à son terme. Atropos a laissé son nom dans notre vocabulaire avec l'atropine, qui fut d'abord un poison mortel avant d'être un tonicardiaque et un collyre.
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Papou JC



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Messageécrit le Thursday 11 Apr 19, 19:06 Répondre en citant ce message   

POST à SUPPRIMER

Dernière édition par Papou JC le Monday 22 Apr 19, 5:21; édité 1 fois
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Messageécrit le Friday 12 Apr 19, 8:54 Répondre en citant ce message   

Κῆρες
Retour de Κήρ aussi, moins abstraite, avec la nuée des Kères, daïmones de la mort violente munies de crocs et de griffes, couvertes de sang et hantant champs de bataille, lieux d'épidémie ou scènes de meurtre. Elles forment une des troupes délivrées de la jarre de Pandore :
Hésiode, Les Travaux et les Jours, 90-92 (trad. P. Mazon modifiée) a écrit:
Πρὶν μὲν γὰρ ζώεσκον ἐπὶ χθονὶ φῦλ᾽ ἀνθρώπων νόσφιν ἄτερ τε κακῶν καὶ ἄτερ χαλεποῖο πόνοιο νούσων τ᾽ ἀργαλέων, αἵ τ᾽ ἀνδράσι Κῆρας ἔδωκαν.
La race humaine vivait auparavant sur la terre à l'écart et à l'abri des peines, de la dure fatigue, des maladies douloureuses, qui apportent les Kères aux hommes.
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Outis
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Messageécrit le Friday 12 Apr 19, 9:36 Répondre en citant ce message   

Ἐρινύες
Non, les Érinyes ne sont pas ici des enfants de la Nuit. Pour Hésiode (Théogonie, 176), Gaia les fit naître, comme les Géants, du sang de la castration d'Ouranos. Mais il y a peut-être une contamination des traditions ou des textes, car le passage qui suit les Moires et les Kères, plus qu'à celles-là, semblerait mieux s'appliquer aux Érinyes :
… et des hommes et des Dieux poursuivent les crimes, et ne renoncent jamais à leur colère inexorable qu’après avoir tiré du coupable une vengeance terrible.
Ces trois sœurs, nommées Furies à Rome, absentes ici, deviendront à Athènes les Euménides en cessant de poursuivre Oreste (pour qui sont ces serpents …) et leur nom n'a pas d'étymologie connue. Pour Beekes (Pre-Greek, p.161) l'hésitation entre les deux orthographes Ἐρινύς/Ἐριννύς serait la trace d'une nasale palatalisée (phonème pré-grec), mais un e-ri-nu figure sur une tablette mycénienne de Knossos …
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Outis
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Messageécrit le Friday 12 Apr 19, 16:31 Répondre en citant ce message   

Νέμεσις
Le nom d'action νέμεσις « blâme collectif » est dérivé du verbe νέμω « attribuer, répartir selon l'usage ou la convenance » d'où de nombreux sens dérivés, comme « faire paître », « se nourrir » ou « reconnaître comme vrai », une variabilité qui ne facilite pas l'analyse.
Si on cherche à cerner l'action de la déesse Némésis, on lui trouve un lien avec l'indignation pour les bonnes fortunes imméritées et le châtiment des mauvaises actions. Elle joue un rôle dans les punitions de héros comme Narcisse (cf. Conon) ou de nymphes comme Nikaia (cf. Nonnos) qui avaient causé la mort de leurs amoureux.
Car son lien à l'Amour est fort et elle pourrait être assimilée à Aphrodite quand, poursuivie par Zeus, elle se change en oie, ce qui n'empêchera pas le Dieu, changé alors en cygne, d'engendrer en elle — via un œuf qui sera recueilli par Léda — la divine Hélène, celle de Sparte puis de Troie, celle avec laquelle Aphrodite se conduira souvent en mère.
Némésis est pleinement une déesse de haut rang, ayant son temple à Rhamnonte en Attique avec une statue de culte sculptée par Phidias.
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