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Chusé Antón
Inscrit le: 25 Feb 2005 Messages: 740
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écrit le Sunday 16 Sep 07, 15:40 |
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Ephata signifie ouvre-toi. Employé par Jésus pour guérir un sourd. |
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Luc de Provence
Inscrit le: 11 Jul 2007 Messages: 682 Lieu: Marseille
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écrit le Sunday 16 Sep 07, 18:03 |
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rapprochement avec l'Arabe : " Iftah " |
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Skipp
Inscrit le: 01 Dec 2006 Messages: 739 Lieu: Durocortorum
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écrit le Sunday 16 Sep 07, 23:50 |
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L'on trouve fréquement de nombreuses racines communes au proto-sémitique et au proto-IE... Y'aurait il un rapprochement possible entre le 'fta sémitique et les mots "Open" (en anglais), "Often" (en néerlandais), "abierto" (en italien), etc... ?
(le rapprochement est probablement dû au hasard mais... sait on jamais ? Je me renseigne... il y'a déja une centaine de racines communes au Proto-S et au Proto-IE ) |
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mansio
Inscrit le: 19 Feb 2005 Messages: 1125
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écrit le Monday 17 Sep 07, 13:43 |
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La racine sémitique du verbe ouvrir est f/p/ph-t-H.
Dans l'Evangile grec de Marc le mot araméen à l'impératif n'est pas transcrit ephata mais ephphata.
Comme je ne connais pas l'araméen, en particulier l'araméen occidental que parlait Jésus, je ne peux que me demander où est passée la troisième consonne de la racine sémitique. Soit elle a disparue parce qu'à l'impératif les mots sont souvent raccourcis, soit le grec a mal transcrit le mot.
J'ai vérifié sur Wikipedia et effectivement le "h" emphatique final manque (que je transcris H). Le verbe araméen serait ptaH (ouvrir), à l'impératif passif etptaH (sois ouvert). Comme le H final est parait-il adouci en araméen palestinien cela pourrait expliquer pourquoi la troisième consonne disparait dans la transcription grecque. |
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Skipp
Inscrit le: 01 Dec 2006 Messages: 739 Lieu: Durocortorum
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écrit le Monday 17 Sep 07, 18:17 |
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mansio a écrit: | Le verbe araméen serait ptaH (ouvrir) |
Y'aurait il un rapport avec le dieu égyptien du même nom ? |
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mansio
Inscrit le: 19 Feb 2005 Messages: 1125
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écrit le Monday 17 Sep 07, 20:15 |
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En hébreu ouvrir se dit pataH, en arabe fataHa.
Le nom du dieu Ptah s'écrit ptH en égyptien. Ptah est la prononciation copte (d'après Wikipedia) et le nom se serait prononcé pitaH.
Il est intéressant de remarquer que le Wikipedia français et anglais traduit ce nom par "Celui qui ouvre", ce qui montrerait qu'il partage la même racine que le sémitique "ouvrir".
Par contre le Wikipedia allemand traduit ptH par le sculpteur. |
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Jiicé
Inscrit le: 25 Nov 2006 Messages: 192 Lieu: France, centre
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écrit le Monday 17 Sep 07, 20:56 |
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mansio a écrit: | La racine sémitique du verbe ouvrir est f/p/ph-t-H.
Dans l'Evangile grec de Marc le mot araméen à l'impératif n'est pas transcrit ephata mais ephphata.
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εφφαθα dans l'édition grecque que j'en ai, donc : ephphatha
The Greek New Testament, United Bible Societies |
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dubsar
Inscrit le: 07 May 2007 Messages: 448 Lieu: Altkirch (F68)
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écrit le Monday 17 Sep 07, 23:43 |
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Mansio, je pense aussi que le grec n'a pas noté la 3eme consonne ח het parce qu'elle n'existe pas dans son alphabet.
La forme semble être un 'aph3el (factitif, d'aileurs la version en hébreu moderne donne hipatah, impératif hiph3il factitif) qui à l'impératif devrait donner 'aphtah. La vocalisation ne colle pas et le doublement de la première consonne ne s'explique pas en sémitique.
Je me demande si on ne pourrait pas interpréter par une racine 'pt (puisque pt est l'élément stable de la tracine qui peut être incrémenté en pt', pth, pt3 avec toujours le même sens d'ouvrir) et on aurait alors un impératif pa33al normal.
Il faudrait un bon aramaisant pour dépiauter cela. |
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mansio
Inscrit le: 19 Feb 2005 Messages: 1125
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écrit le Tuesday 18 Sep 07, 12:29 |
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dubsar a écrit: | Mansio, je pense aussi que le grec n'a pas noté la 3eme consonne ח het parce qu'elle n'existe pas dans son alphabet. |
D'accord.
Citation: | La vocalisation ne colle pas et le doublement de la première consonne ne s'explique pas en sémitique. |
Je me suis posé la même question à propos du redoublement de la première consonne qui me semblait anormale.
Mais si on considère la forme araméenne etptaH (אתפתח ) que donne Wikipedia de cet impératif passif, on peut comprendre le redoublement.
Apparemment un préfixe et- (qui doit correspondre au hit- hébreu) est rajouté au radical ptaH qui provoque par assimilation (il est impossible de prononcer le t suivi du p) le redoublement du p (prononcé f) de ptaH. |
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dubsar
Inscrit le: 07 May 2007 Messages: 448 Lieu: Altkirch (F68)
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écrit le Tuesday 18 Sep 07, 21:09 |
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Dans ce cas ce pourrait être un hitpa33al, forme réfléchie du pa33el (2eme forme, intensive).
Ca donne hitpattaH, variante 'etpataH, avec premier t spirant (avec un appendice aspiré plutot que le th anglais), un p occlusif et un deuxième t doublé et occlusif.
La forme reste problématique :
1. l'infixe -t- (le premeir) qui sert aux formes réfléchies ne s'assimile pas
2. le p ne peut pas dans cette position se prononcer ph
3. le deuxième t devrait se transcrire tau en grec et non pas théta (à moins que le grec n'harmonise les consonnes) |
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Schpwet
Inscrit le: 27 Oct 2007 Messages: 26 Lieu: Ozoir-la-Ferrière
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écrit le Wednesday 07 Nov 07, 5:04 |
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dubsar a écrit: | 3. le deuxième t devrait se transcrire tau en grec et non pas théta (à moins que le grec n'harmonise les consonnes) |
Le grec harmonise en effet les consonnes (du moins à ce que j'en sais). |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
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écrit le Wednesday 07 Nov 07, 11:41 |
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Bien que très ignorant de la phonétique de l'araméen (et du sémitique en général), je vais tenter d'expliquer un εφφαθα avec ce que j'ai cru comprendre des messages précédents.
Le premier point est que je crois que le grec rend les emphatiques par des aspirées. Mais les aspirées ont une histoire dans le grec puisque les primitives pʰ et tʰ y évoluent progressivement vers les spirantes f et þ.
1) pour le -θα < -taH
on a probablement un transfert anticipé sur le t de l'emphase du H de -taH qui est compris comme une aspiration.
Ce mécanisme est fréquent en grec : dans un groupe initial VsV- où le s intervocalique qui devient normalement une aspiration passe en tête pour donner hVV- (esprit rude issu d'un s intérieur).
Ceci explique aussi la disparition apparente du H.
2) pour -φφ- < -tp-
si le t de l'araméen était spirant/aspiré, il devait normalement être rendu par θ, aspirée à tendance spirante, d'où -θπ- puis, par assimilation régressive du point d'articulation, -φπ-.
Mais, en fait, dans un groupe consonantique, l'aspiration (s'il n'y a qu'elle) ne peut se produire que sur la seconde consonne et, phonétiquement, on devrait avoir -πφ-.
À ce stade, il faut passer de la phonétique à la graphie !
L'usage général du grec est de noter l'aspiration sur les deux consonnes quand elles ont des points d'articulation distincts car le trait est senti comme sur les deux et, d'ailleurs, les deux se spirantisent :
χθόνιος [khthónios] « terrestre » > mod. /hþónios/
φθόγγος [phthóngos] « bruit » > mod. /fþógos/
Il ne faut pas se laisser troubler par le français d'origine grecque où l'évolution phonétique a été différente, seul le pʰ s'étant spirantisé en f alors que kʰ et tʰ ont abouti aux occlusives simples k et t, toujours notées ch et th par archaïsme mais simplifiées pour des raisons esthétiques dans les groupes : chtonien, diphtongue.
Cette aspiration/spirantisation des deux consonnes ne se produit normalement pas quand elles ont le même point d'articulation (dissimilation) et, pour la poétesse de l'île de Lesbos, on a toujours :
Σαπφώ [sapphṓ] « Saphô » > mod. /sapfó/
Mais, ici, le -fp- issu de l'araméen ne pouvait être noté -πφ- puisqu'il s'agissait d'une spirante, non d'une aspirée, pour la première consonne, ni -φπ- car une sourde simple n'était pas possible en grec dans cette position, il était donc naturel de transcrire -φφ-, avec un premier φ phonétique et un second graphique … |
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dubsar
Inscrit le: 07 May 2007 Messages: 448 Lieu: Altkirch (F68)
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écrit le Wednesday 07 Nov 07, 20:42 |
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Tout ceci me semble assez cohérent dans le cadre de la phonétique du grec. Ephphatha est finalement presque plus un mot grec qu'araméen ! Si je croise un bon aramaisant je lui reposerai la question et je relancerai la discussion. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11203 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 23 Aug 11, 22:51 |
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Faute d'aramaisant (?) ou en l'attendant, voyons si l'arabe peut nous aider.
"Ouvre-toi" se dit en arabe إنفتح [ʾenfateḥ]. C'est ce qu'on appelle la forme VII. L'ordre donné en araméen ne devait pas être très différent de ce mot. Peut-être bien quelque chose comme ʾeffateḥ avec assimilation du n au f.
Quant au passage au grec, je crois qu'Outis l'a parfaitement analysé. |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3876 Lieu: Paris
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écrit le Wednesday 24 Aug 11, 8:53 |
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Certes, l'araméen de Jésus semble souvent plus proche de l'arabe que nous connaissons que de l'hébreu, mais ce sont quand même des langues différentes.
D'après cette page sur l'araméen de Jésus :
Citation: | Ephphatha (Εφφαθα)
Mark 7:34
And looking up to heaven, he sighed and said to him, "Ephphatha," which is 'be opened'.
Once again, the Aramaic word is given with the transliteration, only this time the word to be transliterated is more complicated. In Greek, the Aramaic is written εφφαθα. This could be from the Aramaic 'ethpthaḥ', the passive imperative of the verb 'pthaḥ', 'to open', since the 'th' could assimilate in western Aramaic. The guttural 'ḥ' was often omitted in Greek transcriptions in the Septuagint and was also softened in Galilean speech,.[19]
In Aramaic, it could be אתפתח or אפתח.
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Par impératif passif, je comprends qu'on vise ici la seconde forme verbale (dite souvent Gt-stem) dérivée du verbe de base, selon le modèle :
Hiṯpə‘ēl/Eṯpə‘el (Gt-stem) hiṯkəṯēḇ ↔ eṯkəṯeḇ yiṯkəṯēḇ ↔ neṯkəṯeḇ
autrement dit, celle qui a le préfixe (H)it qui indique le sens réfléchi ou passif, directement formée sur la racine, sans redoublement de la consonne médiane de la racine.
Mes connaissances de l'araméen se limitent à ce que je lis sur la page anglaise Wikipedia qui me semble bien faite.
Contrairement à l'arabe et à l'hébreu, l'araméen ne connaît pas de forme verbale dérivée préfixée en "n".
C'est pourquoi ta proposition me paraît chimérique ! |
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