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meuuh
Inscrit le: 12 Jun 2006 Messages: 982 Lieu: Mie en ole opaštuja Karjalašša
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écrit le Sunday 02 Dec 07, 22:21 |
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Citation: | même si je lui apprend le lorrain de mon coin, elle ne trouvera personne avec qui le parler ! |
Certes, mais pour ma part, je parle deux dialectes comme "langues de naissance" (je peux pas dire "maternelles"), et même si par manque de communication, je les parle assez mal, celà me permet aujourd'hui de les approfondir avec les bases qui me sont déjà "naturellement acquises"...
Et on ne s'en porte pas plus mal... Pour ma part, mes parents n'ont pas été ch***** sur ce point. Rien ne m'a été imposé... J'ai juste appris à les parler dans un cercle familial, comme j'ai appris à parler le francais... |
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Keko_dc
Inscrit le: 15 Dec 2006 Messages: 510 Lieu: Barcelona
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écrit le Sunday 02 Dec 07, 22:38 |
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Connaissez-vous l'histoire du cornique ou celle de l'hébreu?
Et, quoique que la langue soit presque morte, C'EST OÙ LE PROBLÈME??? |
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meuuh
Inscrit le: 12 Jun 2006 Messages: 982 Lieu: Mie en ole opaštuja Karjalašša
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écrit le Sunday 02 Dec 07, 22:41 |
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Je ne veux pas partir dans le hors sujet, mais à mon avis, ces deux langues sont tout de même plus vivaces que le Lorrain... |
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Keko_dc
Inscrit le: 15 Dec 2006 Messages: 510 Lieu: Barcelona
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écrit le Sunday 02 Dec 07, 22:45 |
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Et oui, mais maintenant.
Elles étaient "cliniquement mortes" il y a 100 ans, mais grace aux gens qui l'ont appris aux enfants elles sont vivantes (et dans le cas hébreu, langue oficielle, e tout grace a E. Ben Yehuda).
Finalement, je ne crois pas que la situation du lorrain soit pire que celle des langues amérindiennes de l'Amérique du Nord, et on a des écoles d'immersion en Salish, langue qui a moins de 50 locuteurs.
Les derniers parlants d'Euchee, qui ont plus de 80 ans comencent a parler Euchee aux enfants, et il y a un group d'enthousiastes qui ont appris le prussien (éteint depuis quelques siècles!) et l'apprenent aux enfants.
Mais le lorrain, bien sur, c'est différent!
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Aiatshimunanu
Inscrit le: 24 Oct 2007 Messages: 307 Lieu: [Québec]
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écrit le Sunday 02 Dec 07, 22:53 |
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Vous avez une idée des raisons qui font que le lorrain de gaumais a mieux survécu que les autres variétés du lorrain? Déjà le fait qu'il ne soit pas en France a dû aider...
Sinon le córór de noetaéy tu insistes sur le fait que les locuteurs du lorrain ont volontairement abandonné leur langue, ce qui est possible, mais qu'il faut relativiser. Ont-ils eu la possibilité de développer leurs compétences en lorrain à l'école? Quel respect à leur langue était démontré de la part du gouvernement au 19e sciècle et aujourd'hui?
Des personnes scolarisées en français dans un milieu déjà bilingue deviennent plus compétents en français qu'en langue régionale. Sur quelques générations cette situation diminue la capacité des gens à s'exprimer en cette langue et les incite à passer au français.
Ainsi, quand je me fais rabrouer, voire insulter encore aujourd'hui pour utiliser des mots comme moé, champlure...
[Il y a peu, quelques semaines, un avocat au Québec a dit à la télé, sur TQS, que de parler en utilisant «moé», «toé», «à souére», c'était violer la langue française... sans que l'animateur ne dise rien sur cette déclaration.)
J'imagine ce que ça peut faire à long terme sur une langue. On peut dire que je suis libre de garder ou non ces usages, qui n'ont pas leur place à l'école, dans les médias...
Mais ce n'est pas le dire qui en fait une réalité. Dans les faits, on a poussé les gens à adopter un autre code de communication avec des mesures qui aujourd'hui ne seraient plus acceptées, pour en remplacer un autre que le gouvernement français jugeait inférieur.
Que les gens concernés se soient battus, résignés ou qu'ils l'aient acceptés varie d'un contexte à l'autre.
Wikipédia nous reseigne sur ce type d'ethnocide : http://fr.wikipedia.org/wiki/Linguicide
«Le linguicide est l'acte de tuer une langue. Le terme est utilisé entre autres par Claude Hagège dans son ouvrage Halte à la mort des langues, 2001. C'est une forme particulière d'ethnocide. [...]
* à inciter les locuteurs d'une langue (généralement différente des langues officiellement reconnues par cet État) à ne pas transmettre leur langue à leur progéniture,
* à ne pas assurer l'enseignement dans une langue de cet État,
* à ne pas permettre l'usage public d'une langue,
* à promouvoir exagérement une langue voisine de celle à faire disparaître. »
Dans le cas du lorrain en France, de ce que je lis, le linguicide est complété, la langue est morte, car il semble qu'il n'y ait plus de locuteurs de langue maternelle du lorrain l'utilisant comme outil de communication.
Dernière édition par Aiatshimunanu le Saturday 13 Sep 08, 9:39; édité 2 fois |
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meuuh
Inscrit le: 12 Jun 2006 Messages: 982 Lieu: Mie en ole opaštuja Karjalašša
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écrit le Sunday 02 Dec 07, 22:58 |
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Citation: | un avocat au Québec a dit à la télé, sur TQS, que de parler en utilisant «moé», «toé», «à souére», c'était violer la langue française... |
Ah ca c'est trop fort!
Alors comme ca, le francais, c'est l'île-de-france, et point barre? |
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le córór de noetaéy
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 38 Lieu: Breizh - Bertaèyn
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écrit le Sunday 02 Dec 07, 22:59 |
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Keko_dc a écrit: | Mais le lorrain, bien sur, c'est différent! |
OUI, c'est différent! Moi je voudrais bien que les anciens (mais il va falloir chercher ceux qui ont plus de 95 ans) apprennent la langue aux enfants. Mais à quels enfants? Qui va envoyer ses enfants à une école immersive en lorrain? Demande à PatoisantLorrain combien d'enfants viennent aux ateliers de "patois".
Il faut avant cela faire un travail de réhabilitation. Déjà dire aux gens que ça existe : il n'y a pas la moitié des personnes habitant en Lorraine qui savent qu'il y a une langue lorraine. Dire que ce n'est pas une déformation du français, que c'est une langue soeur du français issue de la transformation du latin et du gaulois locals. Avant d'enseigner la langue, il faut se mettre d'accord sur une graphie normalisée, éditer une grammaire, un dictionnaire, des documents pédagogiques. Il y a tout un travail préalable. Dans les années 80, avec Jean Richard, un professeur qui a participé à l'atlas linguistique de la Lorraine romane et qui a également réappris le lorrain avec les anciens, chaque fois qu'on a voulu faire une réunion pour monter un projet, on s'est retrouvé avec deux pelés et trois tondus et parfois encore avec moins! |
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meuuh
Inscrit le: 12 Jun 2006 Messages: 982 Lieu: Mie en ole opaštuja Karjalašša
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écrit le Sunday 02 Dec 07, 23:03 |
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Personellement, je maintient que le publique à visé sont les jeunes de 16 à 26 ans. Ceux sont eux qui sont à la fois suffisemment vieux pour s'y interesser et suffisemment jeunes pour ne pas avoir encore d'enfant... |
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le córór de noetaéy
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 38 Lieu: Breizh - Bertaèyn
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écrit le Sunday 02 Dec 07, 23:34 |
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Aiatshimunanu a écrit: | Vous avez une idée des raisons qui font que le lorrain de gaumais a mieux survécu que les autres variétés du lorrain? Déjà le fait qu'il ne soit pas en France a dû aider... |
C'est clair mais bon, on en va pas trop rentrer sur le volet politique ici vu qu'on est sur un forum linguistique. Ce qui est dingue, c'est que la Lorraine n'est devenue française qu'en 1766 soit plus de deux siècles après la Bretagne et on peut observer que le gallo s'est beaucoup mieux maintenu que le lorrain. A croire que les lorrains, en devenant français, ont voulu faire du zèle en voulant être français à 200%! |
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meuuh
Inscrit le: 12 Jun 2006 Messages: 982 Lieu: Mie en ole opaštuja Karjalašša
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écrit le Sunday 02 Dec 07, 23:37 |
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La Lorraine est peut-être un peu plus urbanisée que la Bretagne? Ca expliquerait bien des choses... |
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PatoisantLorrain
Inscrit le: 25 Aug 2006 Messages: 224 Lieu: Bayonnais
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écrit le Monday 03 Dec 07, 1:15 |
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Merci córór de noetaéy pour ce rappel et ces précisions. J'ai déjà écrit sur le forum que le lorrain n'était plus une plus langue parlée depuis 1930 (1950 dans les Hautes-Vosges), date à laquelle les derniers locuteurs monolingues sont morts. J'avais écrit également que les patoisants actuels sont des personnes qui on été élevées en français et ont appris le patois en entendant les anciens. Seules quelques personnes, comme le président du groupe patois de Gérardmer ont été élevées en patois. Mais je vois qu'il est nécessaire de se répéter pour se faire comprendre. Là où j'essaie de faire quelques chose, c'est avec les groupes vosgiens. Mais je sais que ça durera encore quelques années et puis c'est tout. D'ailleurs, les gens viennent plus pour se retrouver, parler et entendre du patois. M. Patris du groupe de Ste Marie le regrettait en m'écrivant récemment à propos de la réunion annuelle au Val-d'Ajol : "Je ne pense pas que nous ayons progressé beaucoup pour atteindre note but qui est la reconnaissance de notre ancien parler comme langue régionale".
Pour le déclin du patois, M. Georges Tronquart écrit dans son livre sur les patois de Praye / Saxon / Vaudémont que déjà, vers 1900, les enfants répondent aux adultes en français. Les réunions du conseil municipal de Saxon se sont tenues en patois jusqu'en 1910, date à laquelle le Père Huriet, supérieur du couvent de Sion et qui n'était pas originaire du village, a été élu conseiller. Il écrit également que les jeunes filles de Praye parlaient couramment en patois sur le bal (à la fête au village) en 1920-1923. Dans mon village, ma trisaïeule, décédée en 1930 s'est toujours exprimée en patois, même si elle comprenait le français. Le patois s'est mieux maintenu dans les Hautes-Vosges parce que les gens étaient plus isolés à cause du relief (c'est pour cela que le patois diffère de vallées en vallées). Maintenant, si j'apprends un peu de patois à ma fille ainsi que l'histoire de son village, ce sera en mémoire de son grand-père, mon père, qui m'apprit mes premières expressions et corrigeait ma prononciation, notamment pour le hh. Si je sais bien le prononcer, c'est grâce à lui. |
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PatoisantLorrain
Inscrit le: 25 Aug 2006 Messages: 224 Lieu: Bayonnais
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écrit le Monday 03 Dec 07, 1:25 |
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Non, il n'y a pas d'enfants qui viennent aux réunions de patois et pendant 10 j'ai été un des plus jeunes ! Au risque de me répéter car je l'ai déjà écrit sur le forum : le président du groupe du Val-d'Ajol a 24 ans, un autre personne de 30 anime le groupe de Fresse-sur-Moselle, à Xertigny nous sommes 4 personnes entre 35 / 44 ans et à Neuvillerssur-Fave, il a quelques années, une fille de 15 ans venait avec son grand-père (maintenant, elle fait ses études en Belgique et son grand-père, très bon patoisant, est malheureusement décédé l'année dernière).
Sinon, près de chez moi je connaissais deux jeune de 18 et 20 qui faisaient un peu de patois mais depuis, je n'ai plus de leurs nouvelles. Et dernièrement sur Babel, Ümkharss, jeune meusien de 17 ans, semble intéressé par le patois (je lui ai envoyé les textes en patois du Barrois récemment). Depuis 20 ans que je fais du patois, ce sont les seuls jeunes que j'ai rencontré. |
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Keko_dc
Inscrit le: 15 Dec 2006 Messages: 510 Lieu: Barcelona
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écrit le Monday 03 Dec 07, 22:39 |
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Moi, j'aimerais bien apprendre le lorrain (avec le gallo et le frainc-comtou ces sont les langues d'oïl qui m'intéressent le plus), mais je suis trop loin.
Sinon, ne doutez pas que j'irais aux réunions, et j'ai 19 ans.
Finalement, PatoisantLorrain, peut-être penses-tu que si tu parles lorrain à ta fille elle ne va pas bien parler français?
Je ne sais pas si c'est ton cas, mais en France il y a des millions de gens qui ont pensé (et qui pensent) comme ça!
Et je vais dire encore une fois la même chose, il y a des groups qui apprennent le prussien aux enfants (decedé depuis quelques siècles) et l'hébreu était une langue complètement morte jusqu'au XIX siècle (et le cornique jusqu'au XX). |
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PatoisantLorrain
Inscrit le: 25 Aug 2006 Messages: 224 Lieu: Bayonnais
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écrit le Tuesday 04 Dec 07, 0:01 |
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à Keko_dc
Si j'hésite à parler à lorrain à ma fille, c'est simplement le fait qu'en Lorraine, elle ne trouvera, je pense, jamais personne avec qui parler (déjà dans le village où j'habite) mais en aucun cas ce n'est pas par crainte qu'elle parle mal le français. La patoisante chez qui j'allais le dimanche pour apprendre le patois de mon coin était une ancienne institutrice. Si elle aimait parler lorrain (elle le faisait volontiers avec son frère qui habitait le même village), elle respectait le français et tous les ans faisait la dictée de Bernard Pivot. Le respect du français, je le dois à l'institutrice de mon village qui m'a appris à lire et à écrire. Elle donnait en plus des cours gratuitement et comme de nombreux enfants du village, j'y suis allé pendant une année, tous les mercredis. On faisait une dictée, et à chaque faute correspondait une règle qu'il fallait apprendre. |
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