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Ayadho
Inscrit le: 22 Jul 2008 Messages: 125
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écrit le Monday 24 Nov 08, 2:47 |
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Abu Khaldun, j'ai un petit peu du mal avec la transcription du ق et du ك...
Je transcris habituellement le premier q et le second k. Il semble que tu écrives le premier k et le second « c » plus une diacritique au dessus. Si oui, pourquoi ce choix ? |
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aboukhaldoun
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 441 Lieu: Bruxelles/Tripoli (Liban)/Homs (Syrie)
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écrit le Monday 24 Nov 08, 4:08 |
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Non je les transcris comme toi. Le č signifie la palatalisation de kâf en čâf; cela s'appelle la kaškaša et c'est utilisé en bédouin et dans certains mots bien précis d'autres dialectes.
La raison pour laquelle j'utilise ce symbole est que nous avons opté pour un système de transcription où un signe équivaut à un son; il est beaucoup plus simple et logique d'écrire č que tsh, cela ne prête pas à confusion pour la recherche des racines. |
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Ayadho
Inscrit le: 22 Jul 2008 Messages: 125
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écrit le Monday 24 Nov 08, 16:26 |
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Ah oui ! Compris. Les Ghazawatiyin (Ghazawat, ouest algérien) palatalisent aussi le kaf. |
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aboukhaldoun
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 441 Lieu: Bruxelles/Tripoli (Liban)/Homs (Syrie)
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écrit le Monday 24 Nov 08, 21:03 |
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Peux-tu m'en dire plus sur cette tribu car c'est la première fois que j'entends qu'une tribu habitant en Afrique arabe palatalise un kâf? |
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la creme nta3 la creme
Inscrit le: 26 Apr 2008 Messages: 218 Lieu: Paris
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écrit le Monday 24 Nov 08, 21:22 |
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je t'en avais parlé je crois
Ghazaouet est une ville dans l'extrème ouest de l'algérie qui parle un dialecte montagnard.
Mais il est fort probable que ce phénomène n'ait rien a voir avec le cas du bédouin.
Il y a aussi le vieux dialecte de Djidjel dans l'est de l'Algérie qui connait le même phénomène.
En fait il n'y a pas que le kâf beaucoup d'autre sons sont modifiés de manière peu usuelle(par exemple le qâf passe parfois a /k/,le dâl passe a /dh/,le ta passe a /th/),et ces gens sont generalement tres mal compris des autres algériens si il ne font pas d'effort,d'autant que tous deux présentent des traits berbères bien plus nombreux qu'ailleurs.
ps: si je ne m'abuse il me semble qu'a ghazaouet ils spirantisent certains kâf, ça donne quelque chose comme le ch allemand de "ich"
et que a djidjel certains kâf sont palatalisés et d'autres le sont mouillés /k(y)/
bref,ceci dit, vu l'enorme influence berbère sur ces dialectes et leur situation géographique je ne pense pas que ça ait un lien avec la kashkasha d'orient. |
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aboukhaldoun
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 441 Lieu: Bruxelles/Tripoli (Liban)/Homs (Syrie)
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écrit le Tuesday 25 Nov 08, 9:03 |
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Merci pour les infos la crème nta3 la crème. C'est apparement une simple coïncidence mais en tout cas très intéressant. |
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Ayadho
Inscrit le: 22 Jul 2008 Messages: 125
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écrit le Tuesday 25 Nov 08, 12:42 |
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la creme nta3 la creme a écrit: | ps: si je ne m'abuse il me semble qu'a ghazaouet ils spirantisent certains kâf, ça donne quelque chose comme le ch allemand de "ich" |
Ah, j'avais lu qu'ils disaient "tch" ("arwa7 tatchoul" ). Pour le ch allemand si c'est exact, le son existerait donc à la fois chez les Kabyles et à Ghazawat. |
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aboukhaldoun
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 441 Lieu: Bruxelles/Tripoli (Liban)/Homs (Syrie)
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écrit le Saturday 29 Nov 08, 0:55 |
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J'avais mentionné comme particularités des parlers bédouins la palatalisation du qâf en djâf s'il était dans l'environnement direct d'un yâ'. Ce que j'ai oublié de préciser, c'est que lorsque le yâ' est entre deux qâf (géminés ou pas), la palatalisation n'a plus lieu.
Ex: daqîqa (une minute) se prononce digîga.
diqîq (précis) se prononce comme tel.
daqqîq (frappeur/batteur hors pair; se dit notamment de ceux qui frappent les graines de café et la cardamone avec un mahbâdj) se prononce daggîg.
Dernière édition par aboukhaldoun le Wednesday 14 Oct 09, 0:10; édité 1 fois |
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la creme nta3 la creme
Inscrit le: 26 Apr 2008 Messages: 218 Lieu: Paris
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écrit le Saturday 29 Nov 08, 1:20 |
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Intéressant...
Je sais pas si vous avez ça en orient,mais chez nous dgîg designe la farine ou la semoule,surtout dans les dialectes de type nomade,ce qui est lié avec ton exemple de frappeur de grains de café...
Sinon ce n'est pas rare de constater dans les dialectes bédouins que l'environnement vocalique joue un rôle souvent déterminant dans le passage de gâf a djâf et de kâf a tchâf....
Il serait intéressant d'étudier la question en recensant tout les exemples possible.
Est-ce que ce phénomène est propre au qâf ou on assiste a la même chose dans le cas d'un yâ' entre deux kâf? |
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aboukhaldoun
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 441 Lieu: Bruxelles/Tripoli (Liban)/Homs (Syrie)
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écrit le Saturday 29 Nov 08, 4:41 |
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Le mot daqîq ou dgîg vient du classique et signifie comme tu l'as dit farine (il y a TaHîn aussi). Je crois avoir fait le tour des cas de la palatalisation du qâf en djâf mais concernant celle du kâf en čâf, elle est beaucoup plus complexe et riche et je n'ai pas encore eu le temps de formaliser tous les cas.
Pour répondre à ta question, si deux čâf entourent un yâ' la palatalisation aura quand même lieu.
Ex: lâzim yHâčîč (il doit te parler fém.).
Concernant le lien entre dgîg (farine) et daggîg; daggîg venant de dâqqa (frapper, tapper, tatouer, jouer un instrument, etc...), il est très probable que dgîg renvoit à une notion de "coups" puisque la farine est moulue (à l'époque avec une pilon dans un mortier) donc écrasée. D'une manière analogue, TaHîn (l'autre nom pour farine) vient de la racine T-H-n qui signifie écraser, moudre, etc.
Dernière édition par aboukhaldoun le Wednesday 24 Dec 08, 5:02; édité 2 fois |
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aboukhaldoun
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 441 Lieu: Bruxelles/Tripoli (Liban)/Homs (Syrie)
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écrit le Sunday 30 Nov 08, 2:09 |
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Les Bédouins du nadjd ont une manière bien particulière de prononcer les verbes qui commence par une hamza.
En effet, il la remplace par un wâw à l'exception de axadha (prendre) et de akala (manger).
Ex: akkada (assurer, certifier, appuyer, etc...) se réalise wakkada.
ammara (ordonner) se réalise wammara.
Dernière édition par aboukhaldoun le Wednesday 14 Oct 09, 0:13; édité 1 fois |
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aboukhaldoun
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 441 Lieu: Bruxelles/Tripoli (Liban)/Homs (Syrie)
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écrit le Thursday 04 Dec 08, 1:51 |
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Egalement chez les nadjdiyyîn: l'imâla peut avoir lieu sur la fatHa de la première consonne lorsqu'elle est suivie d'un wâw et d'un â ou d'un wâw et d'un ê (diphtongue ay en dialecte).
Ex: djawâb (réponse) devient djewâb.
nawênâ (nous avons souhaité) devient newênâ. |
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aboukhaldoun
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 441 Lieu: Bruxelles/Tripoli (Liban)/Homs (Syrie)
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écrit le Tuesday 30 Dec 08, 16:40 |
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Chez les tribus sédentaires d'Arabes du Sud (qaHTâniyyîn/yamaniyyîn) en Oman, la kaškaša donne lieu à une désafriction de la palatalisation du kâf en čâf.
Ex: baytik (ta maison fém. sing.) devient bêtiš et non bêtič.
abûki (ton père fém. sing.) devient abûš et non abûč.
Dernière édition par aboukhaldoun le Saturday 14 Nov 09, 2:22; édité 1 fois |
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Luc de Provence
Inscrit le: 11 Jul 2007 Messages: 682 Lieu: Marseille
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écrit le Tuesday 30 Dec 08, 18:51 |
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Lorsque j'ai visité le Sultanat d'Oman ( outre le fait qu'on y parle aussi beaucoup le swahili ) j'ai constaté que certaines personnes prononçaient par exemple : shahina(t) et qariya(t) au lieu de shahina(t ) et qariya(t). Cela ma fait penser à ma Tunisie natale où l'on prononçait
z(a)labiya(t) au Nord et z(a)labiya(t) au Sud ! |
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aboukhaldoun
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 441 Lieu: Bruxelles/Tripoli (Liban)/Homs (Syrie)
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écrit le Tuesday 30 Dec 08, 21:24 |
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Ce que tu évoques là est un amalgame entre voyelles courtes et longues. C'est très fréquent au Maghreb et particulièrement au Maroc (y compris dans les noms propres) mais je ne connaissais pas cette "inversion" dans les parlés d'Oman. |
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