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aboukhaldoun
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 441 Lieu: Bruxelles/Tripoli (Liban)/Homs (Syrie)
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écrit le Sunday 15 Nov 09, 21:32 |
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J'ouvre ce fil pour continuer la discussion concernant cette particularité. Cette dernière est issue de là: http://projetbabel.org/forum/viewtopic.php?t=12756
Ce syndrome étant très vaste, je vais essayer ici d'en exposer les autres occurences pour les dialectes bédouins, si la crème nta3 la crème et abdüsseläm (ou tout autre personne "qualifiée" bien entendu) peuvent compléter pour le Maghreb, ça serait parfait.
Le schème du participe passif en arabe est maf3ûl/مَفْعُول. Les grand-nomades uniquement appliquent le ghawa syndrome dans le cas où la seconde consonne du schème (donc la première de la racine) est un xâ', un Hâ', un hâ', un ghayn, un 3ayn ou un qâf.
Ex: maxlûl (petit chameau) ---> mxalûl
maHmûl (porté) ---> mHamûl
ma3qûl (vraissemblable) ---> m3agûl
mahbûl (maboule, fou) ---> mhabûl
Un autre occurence de ce syndrome se retrouve chez tous les "groupes bédouins du nord" et concerne le schème fa3lân/فَعْلان. Cependant, le syndrome ne se réalise que lorsque la seconde consonne du schème est un 3ayn ou un Hâ'.
Ex: ta3bân (fatigué) ---> t3abân
za3lân (fâché, énervé) ---> z3alân
qaHTân (ancêtre des Arabes du sud) ---> gHaTân
Il en existe d'autres que je n'ai pas encore eu le temps de cerner totalement et que je ne peux donc pas formaliser.
PS: lorsque je parle de "groupes bédouins du nord" ce n'est que dans une optique linguistique. Ces groupes sont:
1) L'arabe du Golfe
2) L'arabe du Hidjâz
3) L'arabe nadjdî qui lui se divise en nadjdî du sud et en nadjdî du nord (ou du centre); ce dernier se scindant en petit-nomades (šawâyâ/شَوايا) et grand-nomades (chameliers) selon l'expression de Jean Cantineau.
Pour vous situer un peu plus, les šammar parlent un dialecte nadjdî du nord grand-nomade. Ma tribu (les 3atîdj) parle un dialecte nadjdî du nord petit-nomade, les qurayš un dialecte Hidjâzî, etc.
Dernière chose, certaines tribus parlant des dialectes dits du nord sont d'ascendance qaHTânite (les šammar par exemple). Ce sont les migrations qui ont fait que cette tribu a perdu son dialecte arabe du sud (à ne pas confondre avec le sud-arabique).
Dernière édition par aboukhaldoun le Tuesday 24 Nov 09, 8:06; édité 2 fois |
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aboukhaldoun
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 441 Lieu: Bruxelles/Tripoli (Liban)/Homs (Syrie)
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écrit le Monday 16 Nov 09, 22:01 |
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Voici encore une autre occurence de ce syndrome:
Les verbes conjugués à la seconde et à la troisième personne du singulier et dont la première consonne de la racine est soit un 'ayn soit un ḥâ' se réalisent comme dans le ghawa syndrome.
Ex : ta‘rif (tu sais) → t‘arif ; yaḥkum (il juge) → yḥakum ; ta‘rid̠̣ (tu exposes) → t‘arid̠̣ ; etc.
Dernière édition par aboukhaldoun le Tuesday 24 Nov 09, 8:03; édité 1 fois |
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aboukhaldoun
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 441 Lieu: Bruxelles/Tripoli (Liban)/Homs (Syrie)
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écrit le Tuesday 24 Nov 09, 8:02 |
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Encore une autre:
Le schème "maf-‘a-l/مَفْعَل" subit le ghawa syndrome lorsque la seconde consonne du schème est un ḥâ’ ou un ‘ayn ; ex : ma‘mal (usine) → m‘amal ; maḥram (côté féminin de la tente bédouine) → mḥaram ; etc. |
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Abdüssalâm
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 909 Lieu: Aiguillon
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écrit le Tuesday 24 Nov 09, 11:04 |
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Ce syndrome, bien que présentant des analogies avec la vocalisation maghrébine, est d'une part moins généralisé et d'autre part ne touche pas, il me semble les mêmes schèmes. Mais Crème nta3 la Crème (dorénavant CnC ) pourrait en parler mieux que moi. |
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aboukhaldoun
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 441 Lieu: Bruxelles/Tripoli (Liban)/Homs (Syrie)
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écrit le Tuesday 24 Nov 09, 11:36 |
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Si je ne m'abuse, il s'applique en arabe dialectal marocain sur le schème fa3l/فَعْل sauf lorsque la deuxième consonne est une liquide (râ', nûn et lâm).
Donc, les non-liquides:
baḥr (mer) ---> bḥar ; ṣaqr (faucon) ---> ṣqar ; qaṣr (château) ---> qṣar ; etc.
Les liquides:
ḥarb (guerre) et non ḥrab ; kalb (chien) et non klab ; kanz (trésor) et non knaz ; etc. |
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la creme nta3 la creme
Inscrit le: 26 Apr 2008 Messages: 218 Lieu: Paris
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écrit le Tuesday 24 Nov 09, 20:36 |
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Oui c''est plus ou moins ça...disons 3/4 du temps, car il y a des exceptions des deux cotés:
non liquides ou le scheme s'est maintenu:
ḥǝzb(parti), nǝfs (âme,souffle)
liquides avec sursaut de la voyelle:
xnǝz(puanteur,pourriture)
pour d'autres les deux variantes existent: ḥnǝš~ḥǝnš (serpent)
ps: évite la voyelle "a" dans ces cas la, surtout pour le marocain, car cela reflète peu la prononciation qui est celle d'un "e muet", retranscrit "ǝ" ou à la rigueur "e".
Le son "a" s'entend surtout par influence de certaines consonnes, mais dans la majorité des dialectes n'a pas de statut phonologique...les voyelles brèves sont [ǝ] et [u], et certains parlers n'ont que [ǝ]
Il n'y a que les dialectes "nomades" ( sahara,mauritanie, et certaines campagnes au maghreb) qui ont conservé la voyelle "a" phonologiquement, mais eux ont perdu le "u".
le "i" s'est perdu quasi partout(sauf rares cas), il ne subsiste que comme variante "phonétique" du [ǝ] au voisinage de certaines consonnes.
Il n'y a que les parlers du nord du maroc tanger,tetouan et surtout jbalas ou il se retrouve en abondance,mais son statut phonologique est difficile a établir. |
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Abdüssalâm
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 909 Lieu: Aiguillon
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écrit le Tuesday 24 Nov 09, 21:05 |
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Il y a aussi la disparition de la voyelle affectant la première consonne, si celle-ci est suivie d'une consonne simple (non redoublée) accompagnée d'une voyelle longue
ktâb (ar. Litt: kitâb/livre), bes-slâma (AL: bi-s-salâma(t)/ salut, au revoir), klâb (AL: kilâb/chiens),3yâlât (AL:nisâ'/femmes), blâd(AL:bilâd/pays). Mais certains de mes exemples rejoigne ce qu'en a dit CnC |
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aboukhaldoun
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 441 Lieu: Bruxelles/Tripoli (Liban)/Homs (Syrie)
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écrit le Tuesday 24 Nov 09, 23:07 |
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@ la crème nta3 la crème:
Tu fait bien de le signaler, n'ayant que des connaissances très rudimentaires en arabe marocain, je n'ai pas osé colorer les voyelles comme il se doit. Comme tu le suggères, on peut les remplacer par un schwa pour minimiser la marge d'erreurs.
@ abdüsseläm:
Je ne sais comment s'apelle ce "syndrome" mais j'ai l'impression qu'il est quasi constant dans la plupart des dialectes arabes. En tout en HDêrî et en bduwî c'est le cas. En arabe "maghrébin" aussi et en égyptien si je ne m'abuse. |
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la creme nta3 la creme
Inscrit le: 26 Apr 2008 Messages: 218 Lieu: Paris
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écrit le Tuesday 24 Nov 09, 23:24 |
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Ce phénomène s'appelle "sursaut", ici en l'occurence, sursaut de la voyelle brève, dans une situation particulière, et pour des raisons différentes selon les parlers.
J'en profite pour parler d'un autre phénomène semblable, qui est très fréquent dans mon parler, et dans beaucoup de parlers algériens, qui est le "ressaut"
Ex:
bagra(vache)---> baggarti (ma vache), au lieu de bgarti (maroc), bagrti( tunisie)
rokba( genou)---> rokkubti (mon genou) au lieu de rkobti( M) rokbti (T)
Le même phénomène se produit dans la conjugaison au pluriel
tekteb (tu écris)---> tekketbu (vous écrivez) au lieu de (ka)tketbu(M) tektbu(T)
yexdem (il travaille)---> yexxedmu (ils travaillent) au lieu de (ka)yxedmu(M) yexdmu(T)
ou après suffixation qui commence par une voyelle:
nekteb( j'ecris) ----> nekketb-èh ( je l'ecris(m)) au lieu de (ka)nketb-u (M) nektb-u (T)
On a donc redoublement de la consonne lorsqu'on suffixe une voyelle, là ou en général le marocain a un "sursaut" et le tunisien une élision de la voyelle. |
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aboukhaldoun
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 441 Lieu: Bruxelles/Tripoli (Liban)/Homs (Syrie)
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écrit le Friday 11 Dec 09, 6:41 |
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Les structures C1vC2v et C1vC2V subissent également le ghawa syndrome lorsque C2 est une gutturale et/ou une emphatique et que le mot est suffixé.
Ex: ma3a (avec) ---> m3a-hä (avec elle) ; mara (femme) ---> mrat-ak (ta femme masc.) ; bi-hâ (il y a en elle) ---> b-hâ (idem); 3aSâ (bâton) ---> 3Sâ-h (son bâton masc.) ; etc.
Dernière édition par aboukhaldoun le Friday 14 May 10, 17:17; édité 1 fois |
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Abdüssalâm
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 909 Lieu: Aiguillon
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écrit le Friday 11 Dec 09, 9:28 |
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@Aboukhaldoun:
De quel dialecte parles-tu? car ces exemples existent parfaitement en maghrébin. |
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aboukhaldoun
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 441 Lieu: Bruxelles/Tripoli (Liban)/Homs (Syrie)
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écrit le Friday 11 Dec 09, 19:17 |
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Je parle des dialectes bédouins de chez nous. Effectivement, j'avais déjà remarqué que ces exemples existaient en dialecte "marocain" mais, dans le doute, je me suis abstenu d'écrire quoi que ce soit. |
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la creme nta3 la creme
Inscrit le: 26 Apr 2008 Messages: 218 Lieu: Paris
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écrit le Friday 11 Dec 09, 19:38 |
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Une question par rapport a ma3a--> m3a...
quel est son traitement avec les pronoms affixes?
les dialectes qui ont ma3/ma3a, disent: ma3-u ( avec lui) ex: syro-libanais citadin.
Les dialectes qui ont m3a disent : m3â-h ex: Maroc
est ce que ces dialectes bédouins ont réinterprété le mot et par conséquent ont m3â-h/m3â-hu? ou bien le mot retrouve t-il un radical "ma3" pour avoir ma3-u/ma3-hu. |
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la creme nta3 la creme
Inscrit le: 26 Apr 2008 Messages: 218 Lieu: Paris
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écrit le Friday 11 Dec 09, 19:41 |
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Une question par rapport a ma3a--> m3a...
quel est son traitement avec les pronoms affixes?
les dialectes qui ont ma3/ma3a, disent: ma3-u ( avec lui), ma3-i (avec moi) ex: syro-libanais citadin.
Les dialectes qui ont m3a disent : m3â-h (avec lui) et m3â-ya (avec moi) ex: Maroc
est ce que ces dialectes bédouins ont réinterprété le mot et par conséquent ont m3â-h/m3â-hu (avec lui) et m3â-y (avec moi) ou bien le mot retrouve t-il un radical "ma3" pour avoir ma3-u/ma3-hu et ma3-i? |
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aboukhaldoun
Inscrit le: 11 Apr 2008 Messages: 441 Lieu: Bruxelles/Tripoli (Liban)/Homs (Syrie)
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écrit le Friday 11 Dec 09, 21:33 |
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Comme au Maroc, le pronom est réinterprété et nous avons donc m3â-h (avec lui) ; m3â-hâ (avec elle) ; m3â-yâ (avec moi) ; m3â-kum (avec vous) ; etc.
Pour ce type de pronoms, la variante "wiyya" est largement employé et donne: wiyyâ-h (avec lui) ; wiyyâ-hâ (avec elle) ; wiyyâ-y (avec moi) ; wiyyâ-kum (avec vous) ; etc. |
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