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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Tuesday 29 Apr 08, 17:13 |
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L'érudition a un rapport avec le mot rude.
Le latin rudis désigne ce qui est brut, n'est pas travaillé. C'est le contraire de ce qui est poli.
Au sens figuré, il désigne celui qui est inculte, grossier, ignorant.
Il a donné en français le mot rude.
rudimentum : apprentissage, débuts, essais, d'où : rudiments.
erudio : dégrossir, façonner (au sens propre), instruire, former
d'où le participe passé, et adjectif : eruditus : instruit, formé, savant.
eruditio : action d'instruire, de former, d'enseigner : instruction, enseignement, puis : savoir, connaissances.
eruditor : celui qui instruit
En français, un érudit désigne celui qui a de l'érudition qui est instruit, cultivé.
À la Renaissance, l'humanisme met en valeur l'érudition : l'instruction reposant sur l'étude des documents, des textes.
L'érudition prendra ensuite la forme de l'encyclopédie. |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6533 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Tuesday 29 Apr 08, 18:24 |
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En anglais, "érudit" se dit "scholar", qui vient directement du latin scholaris (élève), sans passer par le français.
Si vous voulez savoir ce qu'un chercheur (de n'importe quel niveau) a publié, tapez son nom dans "Google scholar".
Dernière édition par Jacques le Tuesday 29 Apr 08, 18:27; édité 1 fois |
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Piroska
Inscrit le: 13 Sep 2005 Messages: 1067 Lieu: Basse-Marche (France)
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écrit le Tuesday 29 Apr 08, 18:27 |
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Xavier a écrit: |
Le latin rudis désigne ce qui est brut, n'est pas travaillé. C'est le contraire de ce qui est poli.
Au sens figuré, il désigne celui qui est inculte, grossier, ignorant.
Il a donné en français le mot rude. |
Et en anglais, rude veut dire malpoli, grossier, vulgaire. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10941 Lieu: Lyon
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écrit le Wednesday 30 Apr 08, 8:46 |
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scholar fait partie des mots anglais pas toujours faciles à traduire selon le contexte, ou l'absence de contexte. En plus d'érudit et chercheur, on peut le traduire par universitaire, spécialiste, voire savant.
scholarship : bourse d'études
François RUDE est un sculpteur français du XIXème siècle né à Dijon. Lors de ma 1ère année de fac à Dijon, j'habitais dans le Pavillon Rude en Cité U. Un aperçu de l'oeuvre de Rude ICI. |
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Piroska
Inscrit le: 13 Sep 2005 Messages: 1067 Lieu: Basse-Marche (France)
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écrit le Wednesday 30 Apr 08, 9:04 |
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Merci, José.
J'ose dire maintenant que pour moi, le mot français "érudit" a toujours eu le même sens que "scholar" en anglais, et quand sur ce Forum certains m'ont affublée de ce nom, je n'y comprenais rien.
Un érudit pour moi est un savant spécialiste d'un certain domaine de connaissance, qui a beaucoup publié et est renommé dans sa spécialité.
Qu'en est-il ?
Car la définition de Xavier veut dire moins que cela (mais même selon sa définition, je ne suis pas une érudite, je me sens plutôt étudiante éternelle dans tous les domaines, même dans ma spécialité d'autrefois : la littérature française médiévale). |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
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écrit le Wednesday 30 Apr 08, 11:06 |
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Je crois que ce pourrait justement être le critère commun à tous ces érudits, scholars, savants, universitaires et autres pandits que de passer toute sa vie à peu près autant de temps à apprendre qu'à enseigner …
Sans oublier la clef fondamentale de l'érudition : « je ne sais pas mais je connais quelqu'un qui sait peut-être où on en parle ». |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10941 Lieu: Lyon
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écrit le Wednesday 30 Apr 08, 12:41 |
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J'emploie le terme érudit comme dans la définition donnée par Xavier. Un érudit est pour moi une personne instruite et cultivée, la curiosité allant de soi.
Personnellement, j'éprouve du respect pour celui (professeur d'Université par exemple) qui dira facilement : Je ne sais pas.
Outis a écrit: | « je ne sais pas mais je connais quelqu'un qui sait peut-être où on en parle » |
Le problème aujourd'hui, c'est que ce qqn est désormais le même pour tous ou presque : Wikipedia. Je viens à l'instant de lire dans LyonCapitale un entretien de Dominique Maniez qui dénonce la "googelisation des esprits", à savoir le recours paresseux càd sans questionnement à 1 ou 2 sources d'info. Une étude de 2005 démontre que 3 travaux d'étudiants sur 4 contiennent au moins un passage copié à l'identique sur Internet. |
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Xavier Animateur
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 4087 Lieu: Μασσαλία, Prouvènço
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écrit le Wednesday 30 Apr 08, 13:33 |
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J'emploie plutôt le terme d'érudition dans le sens de culture générale, pas vraiment dans celui de culture scientifique.
L'érudit est assez proche du terme cultivé.
Un érudit a certaines connaissances. Et ce sont ces connaissances qui lui permettent d'avoir un esprit critique.
Mais je pense qu'il ne faut pas confondre le but et le moyen.
Les connaissances ne sont pas un but en soi. Cela permet ensuite de mieux analyser, de mieux comprendre un problème.
Le plus important, c'est d'acquérir une méthode. Je pense que c'est le but de l'érudition.
L'érudition pour l'érudition ne mène à pas grand chose, sauf l'orgueil !
Mais je me méfie des personnes qui rejettent l'érudition !
Car ces gens gobent n'importe quoi et ne vont pas plus loin que la lecture de la première thèse venue... |
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Sido
Inscrit le: 14 May 2006 Messages: 139 Lieu: Orléans
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écrit le Wednesday 30 Apr 08, 14:09 |
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On peut regretter que la culture scientifique ne fasse pas partie de la culture générale, par ailleurs on reproche souvent aux scientifiques de manquer de culture générale.
Quant à l'esprit critique, hélas il ne découle pas naturellement des connaissances acquises, on peut accumuler des savoirs et ne pas avoir le recul nécessaire pour le mettre en perspective. L'érudit serait donc celui qui a la culture et le mode d'emploi |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
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écrit le Wednesday 30 Apr 08, 17:58 |
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@ José : quand j'écrivais « où on en parle », je ne pensais évidemment pas à internet mais à une bonne et brave bibliothèque !
@ Sido : c'est assez curieux car, ayant les deux casquettes et ayant fréquenté aussi bien comme collègues ceux d'un Département de Mathématiques que ceux d'un Département de Lettres Modernes, j'ai toujours été atterré par l'ignorance crasse des littéraires pour tout ce qui est scientifique (et, en plus, ils s'en flattent !) alors que beaucoup de scientifiques ont une culture littéraire tout-à-fait convenable. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10941 Lieu: Lyon
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écrit le Friday 02 May 08, 12:00 |
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Xavier a écrit: | Les connaissances ne sont pas un but en soi. Cela permet ensuite de mieux analyser, de mieux comprendre un problème.
Le plus important, c'est d'acquérir une méthode. Je pense que c'est le but de l'érudition. |
Pour moi, la méthode est un moyen, un outil, pour acquérir et organiser les connaissances. Que les connaissances ne soient pas un but en soi, je ne sais pas. A défaut d'autre chose, c'est qd même un fantastique moteur au quotidien. Par temps de pluie (mais même par grand beau temps...), je peux passer une journée entière à bouquiner (presse, méthode de langue, essai...) et prendre des notes. Mais l'accumulation de connaissances finit par être stérile, c'est comme visiter des expos ou des musées systématiquement seul et sans partager/confronter ses impressions, on finirait par s'ennuyer.
Le but de l'érudition, c'est, je pense, la transmission de son savoir. Que fait-on d'autre sur ce Forum que partager notre petit savoir ?! |
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Piroska
Inscrit le: 13 Sep 2005 Messages: 1067 Lieu: Basse-Marche (France)
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écrit le Friday 02 May 08, 13:43 |
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Pour moi, ni l'accumulation des connaissances théoriques ou journalistiques, ni leur transmission ne servent à rien si elles n'ont pas d'application pratique, si elles n'aident pas à vivre, à devenir philosophe (acquérir la sagesse) et à trouver le sens de la vie.
À l'école en Hongrie, les leçons de chimie étaient par exemple si abstraites que cela ne m'a jamais servi à rien de les apprendre.
Pendant ce temps, mon époux en Angleterre faisait de la chimie organique, appliquée au jardinage. Cela nous a été bien utile par la suite. |
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Sido
Inscrit le: 14 May 2006 Messages: 139 Lieu: Orléans
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écrit le Saturday 03 May 08, 11:58 |
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Au XIXème siècle John Stuart-Mill en Grande-Bretagne a fait de l'utilitarisme une philososphie, pas étonnant donc que l'on retrouve ce principe d'utilité dans la façon d'enseigner les sciences, l'économie ... |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
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écrit le Saturday 03 May 08, 13:00 |
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Je crois que l'utilité de l'érudition est un problème mal posé. Et je me suis souvent heurté dans ma pratique enseignante à ses réponses à courte vue :
« à quoi ça sert ? »,
« de tout ce que j'ai appris dans mes études, rien ne m'a jamais servi dans ma vie professionnelle »
Oubliant, bien sûr, que le vrai métier de l'enseignant est d'apprendre à apprendre et que toute construction, même de l'esprit, repose sur des fondations. Oubliant surtout qu'on ne saurait juger clairement de ce qu'on ignore.
Sur l'utilitarisme à tout prix, imbécillité forsenée (sic) des sarkozys de tout poil, la plus drôle histoire que je connaisse est celle de ce mathématicien adepte de « l'art pour l'art » qui répugnait tant à l'idée que « ça puisse servir à quelque chose » qu'il a consacré sa vie à l'étude des carrés magiques, de leurs constructions et de leurs propriétés.
En voilà bien un qui n'aurait pas pu aujourd'hui faire la moindre carrière aux CNRS et autres officines de la science !
Pourtant (heureusement pour lui, il était déjà mort), ses travaux ont été à la base théorique indispensable des algorithmes sur les assolements …
Et, de mon expérience personnelle, moi qui adore apprendre des choses qui ne servent à rien, je ne saurais compter combien de fois ces connaissances autres ont entraîné des résonnances inattendues et enrichi des domaines auxquels elles étaient a priori étrangères. |
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Piroska
Inscrit le: 13 Sep 2005 Messages: 1067 Lieu: Basse-Marche (France)
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écrit le Saturday 03 May 08, 15:31 |
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Je ne suis pas une adepte de l'utilitarisme : sinon, je n'aurais jamais fait d'études de lettres (les moins utilitaires qui soient), je crois cependant avoir totalement perdu mon temps aux cours de chimie…
Une connaissance qui sert à quelque chose n'est pas forcément une connaissance utilitaire. Je me suis sûrement très mal exprimée.
Et je me fiche des sarkozys comme de ma première chemise. |
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