Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant |
Auteur |
Message |
mohand1978
Inscrit le: 21 Jan 2007 Messages: 29
|
écrit le Thursday 19 Jun 08, 18:04 |
|
|
existe-t-il une définition "mathématique" de la distance linguistique.
par exemple, il existe une formule mathématique simple en génétique pour calculer une distance génétique entre deux populations, existe-t-il une formule identique en linguistique à partir d'un ensemble de mots représentatifs. |
|
|
|
|
meuuh
Inscrit le: 12 Jun 2006 Messages: 982 Lieu: Mie en ole opaštuja Karjalašša
|
écrit le Thursday 19 Jun 08, 18:22 |
|
|
Je ne pense pas que cela existe...
Pour une raison simple : il n'y a aucun rapport de parenté entre une langue indo-européenne, et une langue dravidienne (par exemple)... Ou du moins, ces rapports ne sont plus du tout apparents...
En revanche, au sein d'une même famille linguistique, c'est théoriquement possible, mais le nombre de facteurs (syntaxe, phonologie, phonétique, morphologie, lexique, etc...) est si grand, que le résultat reste très approximatif... |
|
|
|
|
András Animateur
Inscrit le: 20 Nov 2006 Messages: 1488 Lieu: Timişoara, Roumanie
|
écrit le Thursday 19 Jun 08, 21:50 |
|
|
Il y a la liste Swadesh, mais ça se limite au vocabulaire et c'est contesté. |
|
|
|
|
Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
|
écrit le Friday 20 Jun 08, 9:16 |
|
|
D'un point de vue strictement mathématique, définir une distance sur un ensemble quelconque est toujours possible, il suffit de donner une application de cette ensemble dans les nombres positifs telle que trois propriétés soient vérifiées :
- d(x, y) = 0 si et seulement si x = y
- pour tous x et y, d(y, x) = d(x, y)
- pour tous x, y et z, d(x, z) ≤ d(x, y) + d(y, z) (dite inégalité triangulaire)
C'est une toute autre affaire de choisir cette application de telle sorte qu'elle satisfasse deux autres conditions :
- qu'elle ait un sens fonctionnel : que désire-t-on mesurer ? le degré d'intercompréhension ? une date de divergence historique ?
est-ce que l'un ou l'autre choix (ou un troisième) apporterait quelque chose de nouveau et pertinent sur la connaissance des langues, en dehors du plaisir pervers de publier des colonnes de nombres ou de prétendre faire une inutile classification des langues (cf Greenberg) ?
- qu'elle soit calculable : qu'est-ce qui est susceptible d'être numérisé dans la connaissance que nous avons des langues ? on prendra garde au fait que la notion de ressemblance n'a aucune base mesurable …
Compte tenu du complexe que font les littéraires devant les nombres, persuadés que rien n'était scientifique hors de ceux-ci et que le sérieux nécessitait l'usage surabondants de toutes sortes d'outils statistiques et/ou pseudomathématiques, il est très vraisemblable que de nombreux outils de ce genre aient été développés.
Ils ont d'ailleurs l'avantage supplémentaire que, les collègues n'y comprenant rien se montrant plein de respect, on peut pour pas cher accumuler les publications et en retirer postes et crédits …
Le plus sage me semble de s'abstenir de mettre des nombres là où ils n'ont rien à foutre ! |
|
|
|
|
meuuh
Inscrit le: 12 Jun 2006 Messages: 982 Lieu: Mie en ole opaštuja Karjalašša
|
écrit le Friday 20 Jun 08, 10:33 |
|
|
Ils n'y ont rien à foutre pour l'instant, oui... Mais que sait-on de l'avenir ?
Encore, il y a pas si longtemps que ça, il était impensable de calculer la distance génétique qui séparait deux individus (pour reprendre l'exemple du haut)... |
|
|
|
|
mohand1978
Inscrit le: 21 Jan 2007 Messages: 29
|
écrit le Friday 20 Jun 08, 14:59 |
|
|
On pourrait en effet définir cette distance a partir de la liste de swadesh et vérifier que l'on obtient bien les arbes phylogénétiques classiques.
Par contre il faudrait pondérer cette liste, ce qui est intéressant, c'est qu'il semble que ce soit une distance qui une fois établie pourrait d'être une redoutable efficacité comme pour la génétique qui permis de confirmer et d'infirmer certaines théories historiques sur le peuplement de la terre. |
|
|
|
|
yves
Inscrit le: 07 Aug 2007 Messages: 397 Lieu: Nevers
|
écrit le Friday 20 Jun 08, 23:02 |
|
|
J'abonde dans le sens d'Outis pour ce qui est du critère principal d'un calcul : le sens qu'il a.
Par contre, je ne le suis pas lorsqu'il prétend par principe qu'il n'y a pas besoin de calculs dans un domaine littéraire. Il ne faut évidemment pas tomber dans le travers de calculs pour faire sérieux, mais si un nombre apporte quelque chose, il ne faut se priver de s'en servir. |
|
|
|
|
Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6527 Lieu: Etats-Unis et France
|
écrit le Saturday 21 Jun 08, 12:23 |
|
|
meuuh a écrit: | Je ne pense pas que cela existe...
Pour une raison simple : il n'y a aucun rapport de parenté entre une langue indo-européenne, et une langue dravidienne (par exemple)... | Leur distance serait donc infinie.
On peut trouver des analogies avec le parallèlisme géométrique. |
|
|
|
|
yves
Inscrit le: 07 Aug 2007 Messages: 397 Lieu: Nevers
|
écrit le Saturday 21 Jun 08, 16:43 |
|
|
Tout dépend quelle géométrie on considère. |
|
|
|
|
meuuh
Inscrit le: 12 Jun 2006 Messages: 982 Lieu: Mie en ole opaštuja Karjalašša
|
écrit le Saturday 21 Jun 08, 18:11 |
|
|
Et puis ça dépend, le système de pensée humain reste un point commun entre les deux langues, puisqu'elles se basent toutes deux sur l'humain... |
|
|
|
|
Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
|
écrit le Saturday 21 Jun 08, 18:18 |
|
|
Jacques a écrit: | On peut trouver des analogies avec le parallèlisme géométrique. |
Il faut bien chercher …
Au mieux, c'est une métaphore basée sur une propriété des parallèles en géométrie euclidienne, mais l'espace des langues, à supposer même qu'on puisse le définir clairement, n'a sûrement rien d'euclidien.
Et je ne crois pas non plus que le rapprochement fait plus haut avec la distance génétique soit valide. Cette dernière est très étroitement liée à deux faits :
- l'existence d'un codage discret (les chaines d'acides nucléiques) possédant des propriétés partielles d'invariance dans la reproduction sexuée ;
- le fait que ces codes (d'ailleurs non décodés) puissent être grossièrement comparés par des méthodes statistiques.
Un des succès remarquables de telles études est qu'on ait pu vérifier à peu près (très à peu près quand même) une cohérence entre les résultats obtenus sur l'évolution des populations et ceux que les linguistes imaginaient déjà à partir des études comparatives, mais cela n'implique nullement que les mêmes techniques puissent être appliquées aux langues.
Les langues se transmettent par apprentissage de contact, pas par mitose !
Elles sont du domaine de l'acquis, pas de l'inné.
Et on ne connaît (ni n'imagine) aucun codage énumérable qui préside à leur constitution …
Je le répète, traduire tout l'univers au moyen de nombres est une vieille idée mystique (pythagorisme, Kabbale, etc.) qui a été abondamment et efficacement exploitée par la science mais qui ne saurait être la clef ouvrant toutes les portes. |
|
|
|
|
Didon
Inscrit le: 23 Aug 2008 Messages: 104 Lieu: Louvain-la-Neuve
|
écrit le Saturday 30 Aug 08, 14:18 |
|
|
Et que pense Outis de la formule de Mackay? |
|
|
|
|
Romanovich
Inscrit le: 05 Dec 2006 Messages: 340 Lieu: Poitiers
|
écrit le Saturday 30 Aug 08, 15:33 |
|
|
J'ai un problème de vue dès que des chiffres ou des formules mathématiques apparaissent sur mon écran. Pour autant, je n'irai pas jusqu'à dire que les chiffres n'ont rien à faire dans la linguistique (ce n'est d'ailleurs pas ce que dit Outis) : les statistiques sont parfois très parlantes, les analystes du discours s'en servent pas mal par exemple, et la récurrence d'un terme donné dans un corpus montre la validité d'une recherche, de ses résultats.
Dès lors cette idée de définition mathématique de la distance linguistique me parait intéressante mais totalement utopique (pour l'instant) vu tous les champs que la linguistique recouvre, et donc les variables à intégrer !
Et dans un dernier moment de rêve, imaginons que cette formule existe bel et bien ... à quoi sert-elle, que va-t-elle prouver ? |
|
|
|
|
Didon
Inscrit le: 23 Aug 2008 Messages: 104 Lieu: Louvain-la-Neuve
|
écrit le Saturday 30 Aug 08, 15:41 |
|
|
La formule de Mackay :
Face à une écriture indéchiffrée dont on ne possèderait qu'un échantillon limité, la formule de Mackay devrait nous permettre de trouver le système graphique auquel cette écriture appartient, nous dire, en quelque sorte, si elle est de type idéographique, syllabique, ou alphabétique. Pour un résultat de quelques dizaines (jusqu'à 40), l'écriture est alphabétique. Pour un résultat supérieur (de 40 à quelques centaines), l'écriture est syllabique. Pour un résultat en millier(s) et davantage, l'écriture est idéographique.
Cette formule utilise deux paramètres : le total des caractères composant l'échantillon (L) et le nombre de caractères différents attestés dans l'échantillon (M). Elle se présente comme suit :
L²
--------- - L
(L-M) |
|
|
|
|
Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
|
écrit le Saturday 30 Aug 08, 16:09 |
|
|
Didon a écrit: | Et que pense Outis de la formule de Mackay? |
Je me suis déjà exprimé là-dessus plus haut. Je me répéterai donc, et pour les distraits, et pour soutenir Romanovich.
En tant qu'ancien mathématicien (universitaire et chercheur), je n'ai ni phobie ni fascination religieuse pour les formules. Elles ne sont que des objets intellectuels ordinaires et la seule chose importante est ce à quoi elles servent.
Je trouve que celle-ci ne sert pas à grand chose et, comme beaucoup des formules et études statistiques qui fascinent les littéraires, elle ne nous apprend rien que nous ne sachions déjà par le simple examen des faits.
Personne ne l'a attendue pour savoir quel était le type d'une écriture. Comme, de plus, elle ne saurait prouver quoi que ce soit, …
PS : en passant, il est évident que ceci :
Citation: | L²
--------- - L
(L-M) |
n'a de sens pour personne (surtout pas pour un mathématicien) : ce n'est pas une formule, c'est un gri-gri ! |
|
|
|
|
|