Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Monday 18 Aug 08, 0:08 |
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Yzeute n'a pas tort de poser la question.
Pendant très longtemps on a utilisé en français le mot « pied » en nombre de circonstances où on nous a appris à dire « patte » afin de bien soigneusement distinguer l'homme de l'animal.
Seul le cheval, la plus noble conquête de l'homme, garde encore le privilège d'avoir des pieds, des jambes et une bouche. Même le chien, bien que meilleur ami de l'homme, doit se contenter de pattes et de gueule.
En dehors du langage spontané, « pied » pour « pattes » survit dans un grand nombre d'expressions figées :
TLFi a écrit: | Pied de cerf, de chevreuil; pied de boeuf, de mouton, de veau; pied d'autour, d'épervier, de faucon, de gerfaut (fauconn.); animal à deux, à quatre pieds, à pieds fourchés, fourchus (v. fourchu), palmés; ergot, griffe du pied; maladie du pied de mouton (v. piétin).
Bétail, viande sur pied. Bêtes de boucherie encore vivantes. Des quintaux de viande sur pied (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p.188).
(Écriture en) pieds de mouche. Synon. vieilli de pattes de mouche (v. mouche I C 7). Une petite lettre écrite (...) d'une jolie écriture en pieds de mouche (MÉRIMÉE, Double mépr., 1833, p.19). Après avoir fait, chaque nuit, six heures de pieds de mouche, je suis bien aveuglée et bien roidie du bras droit pour écrire quelques lignes dans la journée (SAND, Corresp., t.2, 1842, p.206). |
Il apparaît donc que « pattes de mouches » se serait d'abord dit « pieds de mouche ».
J'ajouterai une remarque. Le caractère ¶ n'a que rarement été utilisé en imprimerie et jamais comme marque de fin de paragraphe. Dans cet usage, il s'agissait d'abord d'un signe typographique, un de ces signes que l'auteur d'un manuscrit y écrivait afin de signaler au typographe une indication de mise en page.
C'est bien à l'origine un « P » pour « paragraphe », et renversé car il en indique la fin, seul endroit qui ait une importance pour le typographe puisqu'il y a beaucoup de choses à faire, non seulement le passage à la ligne et le retrait de première ligne mais aussi le réglage des sauts de page et de l'ajustement vertical afin d'éviter les veuves et les orphelins (lignes isolées en bas et haut de page).
Il y avait ainsi toute une série de conventions qui permettaient le passage sans trop d'encombres de l'écrit à l'imprimé. En autre exemple, le soulignement indiquait une mise en italique.
Un manuscrit envoyé à l'impression avait probablement l'apparence d'être plein de signes illisibles, comme des pieds/pattes de mouches tombés au hasard sur la feuille. D'où, peut-être, le nom donné à l'un de ces signes … |
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