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Maisse Arsouye

Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 2037 Lieu: Djiblou, Waloneye
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écrit le Thursday 07 Jul 05, 10:22 |
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Franskiljon est un mot flamand parfois traduit par fransquillon. Il désigne un flamand francophone. La présence des francophone en Flandre n'est pas récente. Elle date du moyen-âge, quand la noblesse, la bourgeoise et l'élite intellectuelle flamande parlait français. Cette tradition se perpétue dans certaiens familles jusque de nos jours. Bien qu'ils soient ultra-minoritaires, les fransquillons ont tenu une grande influence dans l'histoire de Flandre.
Fransquillon désigne parfois aussi un "francophone de Flandre". Quelle est la différence avec un "Flamand francophone" ? Et bien tous les francophones vivant en Flandre ne sont pas Flamands. Certains sont des Wallons, des Français ou des Bruxellois installés là et ayant gardé leur langue. On les rencontre principalement autour de Bruxelles et à la côte où ils passent leurs vieux jours.
Alors que les fransquillons "historiques" sont en recul, les fransquillons au sens large sont en augmentation.
Le fransquillon le plus célèbre, c'est Jacques Rogge, président du CIO. C'est un anversois francophone.
On rencontre aussi la définition "qui parle le français avec un accent affecté." Cette définition est donnée comme étant un "belgicisme", mais je ne l'ai jamais rencontrée. Il doit s'agit d'un "bruxellicisme". |
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Rem van Franse-Vlaanderen
Inscrit le: 15 Jan 2006 Messages: 2 Lieu: BELLE (Bailleul, Flandre Française)
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écrit le Sunday 15 Jan 06, 21:07 |
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Mon patronyme est Flamand, je vis en Flandre Française, je suis donc Flamand de par mes origines, et Français de par ma carte d'identité. Mes arrières-grands-parents parlaient le flamand en tant que langue maternelle (et vivaient déjà en Flandre Française). Ma langue maternelle est le français. Suis-je un Franskiljon? |
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Maisse Arsouye

Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 2037 Lieu: Djiblou, Waloneye
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écrit le Sunday 15 Jan 06, 23:00 |
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Le terme fransquillon désigne effectivement un Flamand francophone, ce que tu es. Mais je ne pense pas qu'il s'applique bien dans ce cas-ci. Le terme existe surtout pour désigner quelqu'un qui ne parle pas la langue du peuple ( flamand/néérlandais ) mais bien une langue perçue comme étrangère.
La Flandre française étant devenue francophone, je ne sais pas si on peut considérer les habitants de cette région comme des fransquillons. L'avis d'un "Flamand néérlandophone" ( quel pléonasme ! ) serait le bienvenu. |
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Psychedelik Barakî
Inscrit le: 06 Dec 2005 Messages: 458 Lieu: Djiblou, Wallifornie
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écrit le Monday 16 Jan 06, 0:12 |
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Dans Astérix chez les Belges, les Belges appellent les autre gaulois Celtillons, ce qui donnerait en flamand Keltiljons...
Ça m'a bien fait rire. |
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Baldr Adriaen
Inscrit le: 07 Aug 2007 Messages: 3 Lieu: Rijks-Vlaanderen
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écrit le Tuesday 07 Aug 07, 22:41 |
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Bonjour, je viens de découvrir ce site internet. Très intéressant. Comme je suis néerlandophone, je m'excuse d'avance si je fais trop d'erreurs en français.
En ce qui concerne le mot "franskiljon", je peux vous dire que ce mot ne désigne pas seulement un flamand francophone (ceux-ci, on appelle tout simplement des flamands francophones). En néerlandais, un franskiljon est en fait une personne flamande (ou par extension: un néerlandophone), qui parle le français même si sa langue maternelle est le néerlandais, et qui en plus méprise le néerlandais comme langue et culture. Un franskiljon supporte la francification de la Flandre. Franskiljon, donc, est un mot péjoratif qui signifie plus que "flamand francophone".
Il est vrai que à partir du Moyen-Age les comtes de Flandre et la haute noblesse parlaient le français. Plus tard, la bourgeoisie et la basse noblesse ont suivie, quoi que elles étaient plus tôt bilingues. Mon grand-père côté paternel venait d'une famille bourgeoise. Chez eux, le flamand (patois) était parlée à la maison, mais toute l'éducation s'effectuait en français. Ceci n'était pas par choix mais parce que l'éducation en néerlandais était tout simplement interdite (comme elle est encore interdite en Flandre-française). Et voilà pourquoi le mouvement flamand s'est issue de cette même bourgeoisie flamand (forcément francophone).
La grande différence entre les flamands francophones anversois (ou gantois) et les flamands francophones bruxellois, c'est que les gantois et anversois sont presque tous bilingues (néerlandais/français) et se sentent en tout cas flamand. Les bruxellois, presque tous des flamands francisés, ne veulent plus rien à avoir faire avec leur héritage flamand et se disent aujourd'hui "bruxellois", "francophones" (ce qui, pour eux, exclut être flamand), ou "belges". Pour un néerlandophone, eux, ils sont des "franskiljons pur-sang".
Par conséquence, un flamand de la Flandre française (ou d'Anvers/Gand) d'expression uniquement française n'est pas forcément un franskiljon ... |
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felyrops
Inscrit le: 04 May 2007 Messages: 1144 Lieu: Sint-Niklaas (Belgique)
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écrit le Wednesday 08 Aug 07, 0:36 |
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Je ne peux que souscrire ce que Baldr vient de poster. |
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Maisse Arsouye

Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 2037 Lieu: Djiblou, Waloneye
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écrit le Wednesday 08 Aug 07, 8:13 |
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Attention quand même à une chose : il y a aussi beaucoup de Bruxellois francophones d'origine wallonne. Mais ils souffrent du même syndrome d'oubli de leurs origines que ceux d'origine flamande.
Sinon, merci pour les précisions ! C'est très intéressant. |
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Lou caga-blea
Inscrit le: 05 Sep 2006 Messages: 514 Lieu: Nissa
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écrit le Wednesday 08 Aug 07, 11:25 |
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C'est donc un francophone plus royaliste que le roi ou plus romain que le pape (ou plus cocorico que le coq ??). Le mot est intéressant. Les Belges francophones ont-ils forgé un nom pour désigner le phénomène inverse (s'il est répandu), à savoir un francophone de naissance qui fait le choix de parler flamand, tout en méprisant sa langue d'origine ? |
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Maisse Arsouye

Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 2037 Lieu: Djiblou, Waloneye
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écrit le Wednesday 08 Aug 07, 11:58 |
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Non, il n'y a pas de terme spécifique, probablement parce que c'est extrêmement rare. |
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meuuh
Inscrit le: 12 Jun 2006 Messages: 982 Lieu: Mie en ole opaštuja Karjalašša
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écrit le Wednesday 08 Aug 07, 13:06 |
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Et il existe des wallons flamannophone? |
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Baldr Adriaen
Inscrit le: 07 Aug 2007 Messages: 3 Lieu: Rijks-Vlaanderen
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écrit le Wednesday 08 Aug 07, 15:48 |
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Citation: | Et il existe des wallons flamannophone? |
La réponse est oui. Pour commencer, il y a des tas de villages et petites villes au bord de la frontière linguistique, mais sur le territoire wallon, qui sont historiquement néerlandophones ou bilingue. La majorité de ces villages, aujourd'hui, est complètement francisée, quoi que il reste encore des lieux où le néerlandais, sous forme de patois, est encore pratiqué, surtout par des vieillards (même situation qu'en Flandre française). Des villages/villes ou le néerlandais était parlé jadis sont p.ex. Wavre (néerl: Waver, village qui a un homologue dans la province d'Anvers, où se trouve le village de Sint-Kathelijne-Waver/Wavre Saint Cathérine), Braine-le-Compte (néerl: 's Gravenbrakel), Braine-l'Alleud (Eigenbrakel), Braine-le-Château (Kasteelbrakel), Waterloo (néerl: Waterlo, l'orthographie avec double "o" n'est que l'orthographie flamande ancienne), La Hulpe (néerl: Terhulpen), Clabecq (Klabeke), Eerken (Archênes), Bauvechain (Bevekom), Jodoigne (Geldenaken), Waremme (Borgworm), Flobecq (Vloesberg), Enghien (Edingen), Ghislenghien (Lettelingen), Thorembais-Saint-Trond (Sint-Truiden-Torenbeek), Piétrebais (Pieterbeek), etc. etc. Comme j'ai déjà écrit, souvent le néerlandais/patois flamand était parlé à côté du français/wallon.
En plus, la région de Welkenraedt, Raeren etc. constitue un cas spécial: là, jusqu'à la révolution française et l'occupation française des Pays-Bas autrichiennes, la langue d'administration était le néerlandais (dans ce temps encore connu comme bas-allemand/Nederduits)-- voilà pourquoi leur nom est écrit dans l'orthographie flamande de ce temps; la langue de l'église était l'allemand (haut-allemand). Les gens, eux-mêmes, parlaient un patois francique, voire bas-allemand. A partir de l'occupation française, la langue de l'administration et de l'église sa été remplacée par le français. Par après, ceci n'a jamais été renversé. Aujourd'hui, il y a encore des gens qui parlent un patois "néerlandais". Au niveau des lois linguistiques, cette région, en principe, a le droit de demander des facilités linguistiques. Ce droit n'a jamais été exercé . En plus, les originaires de Raeren et Welkenraedt ne se diraient jamais "flamands". Ils sont wallons mais leur parler local est d'origine francique (bas-allemand).
Pour conclure, donc: oui, il y a (encore) des wallons d'expression néerlandaise, mais très peu et surtout des personnes âgées.
Et maintenant: comptons les fautes que j'ai faites en français ;-)
Il n'y avait pas tant de fautes que ça. J'ai remplacé quelques mots par un mot proche qui allait mieux dans le contexte.
Maîsse Arsouye |
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Maisse Arsouye

Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 2037 Lieu: Djiblou, Waloneye
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écrit le Wednesday 08 Aug 07, 16:13 |
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J'insiste sur le fait qu'ils sont très peu et pour la plupart âgés. A mon avis, ça ne doit pas concerner plus de quelques centaines personnes dans les quelques communes à facilités que compte la Wallonie. La plupart des villages cités par Baldr Adriaen sont totalement francisés depuis longtemps. La plupart ont même été "wallonisés" avant de passer au français en même temps que le reste de la Wallonie. Thorembais, par exemple, est un toponyme d'origine germanique mais la population y est wallonne depuis des siècles.
Il n'y a pas en Wallonie de "néerlansquillons" comparables aux "fransquillons" de Flandre. L'intégration finit toujours par se faire, naturellement. |
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belgix
Inscrit le: 03 Sep 2007 Messages: 1 Lieu: Bruxelles
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écrit le Monday 03 Sep 07, 2:01 |
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Baldr Adriaen a écrit: | La grande différence entre les flamands francophones anversois (ou gantois) et les flamands francophones bruxellois, c'est que les gantois et anversois sont presque tous bilingues (néerlandais/français) et se sentent en tout cas flamand. Les bruxellois, presque tous des flamands francisés, ne veulent plus rien à avoir faire avec leur héritage flamand et se disent aujourd'hui "bruxellois", "francophones" (ce qui, pour eux, exclut être flamand), ou "belges". Pour un néerlandophone, eux, ils sont des "franskiljons pur-sang".
Par conséquence, un flamand de la Flandre française (ou d'Anvers/Gand) d'expression uniquement française n'est pas forcément un franskiljon ... |
Hello ! L'association entre fransquillon et bruxellois francophone est inapropriée et douteuse. Pourquoi ?
Il y a 3 critères pour définir un fransquillon. Un fransquillon, c'est avant tout un néerlandophone de Flandre (la Région flamande) qui parle le français "à la maison" : par exemple, de nos jours, citons Axelle Red, et d'autres. Deuxièmement, les fransquillons font plutôt partie d'une certaine élite de la bourgeoisie, culturelle, financière, banquière, commerçante (etc) de la Flandre. Troisièmement, un fransquillon avait la réputation de mépriser sa langue maternelle, le néerlandais, mais ce genre de fransquillon méprisant est aujourd'hui en voie d'extinction (de très vieilles personnes), la majeure partie des fransquillons étant ouverts aujourd'hui au multilinguisme.
Donc, les Bruxellois (qui sont francophones à 90%) ne sont pas fransquillons, de même que les gens de la Flandre française (Dunkerque, ettc) ne sont pas des fransquillons, car les Bruxellois francophones, tout comme les "flamands" du Nord de la France, sont francisés depuis des générations et leur langue maternelle n'est pas le néerlandais, par conséquent la définition de "fransquillons" ne s'applique pas à eux.
Le problème de "l'héritage culturel" n'a rien à voir là-dedans, c'est une affaire de volonté personnelle. Les Louisianais anglicisés sont effectivement moins proches de la culture française même s'ils ont des ancêtres francophones : doit-on leur reprocher éternellement une soi-disant trahison culturelle ? Non. Faut-il les forcer à se refranciser ? Non. Idem pour les Bruxellois francophones. Nous (les Bruxellois francophones) ne sommes plus des flamands sur le plan linguistique et nous ne nous sentons pas flamands. Pas par militantisme stupide, mais simplement parce que notre culture est francophone, ce qui ne nous empêche pas d'apprendre l'anglais et le néerlandais en langues secondes à l'école avec intérêt (je parle 4 langues personnellement).
Donc, les Bruxellois francophones, rappelons-le, ne sont pas des fransquillons selon la définition, mais que certains Flamands aient du mal à admettre la réalité linguistique de Bruxelles majoritairement francophones, ça c'est une autre histoire ... comme certains Francophones ont du mal à admettre la réalité linguistique majoritairement anglophone de la Louisiane actuelle. De là à traiter les Bruxellois de fransquillons...
Ou pour dire les choses autrement : l'honnêteté intellectuelle voudrait que si des Flamands considèrent les 90% de Bruxellois francisés comme des "fransquillons" qu'ils ne sont pas, alors les Flamands francisés du nord de la France sont aussi des Fransquillons, et j'en passe, et alors on peut préparer la grande reconquête flamande de la Grande Flandre qui ira:D ;-) |
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Normanneren
Inscrit le: 18 Mar 2007 Messages: 165 Lieu: Odense - Danemark
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écrit le Wednesday 05 Sep 07, 1:21 |
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Maisse Arsouye a écrit: | ...Le fransquillon le plus célèbre, c'est Jacques Rogge, président du CIO. C'est un anversois francophone... |
Je croyais que Jacques Brel était lui aussi fransquillon.
Je ne voudrais surtout froisser personne parmi nos amis flamands, bruxellois et wallons (j'essaie de m'y prendre avec le plus de diplomatie possible car j'ai failli semer la zizanie la dernière fois que j'ai utilisé le mot belge ) mais il y a quelque chose qui m'a toujours étonné: il me semble que la Wallonie pourtant bien majoritairement francophone n'a jamais fait partie de la France (sauf sous Napoléon mais c'était aussi le cas d'une bonne partie de l'Europe de l'Ouest) alors que la Flandre majoritairement néerlandophone en a fait partie... et en fait toujours partie du moins partiellement (Franse Westhoek et Flandre picarde autour de Lille/Rijsel). Est-ce que je me trompe? Si non, comment expliquer ce qui pourrait être à priori un paradoxe? |
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Maisse Arsouye

Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 2037 Lieu: Djiblou, Waloneye
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écrit le Wednesday 05 Sep 07, 7:43 |
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L'explication est très simple : le traité de Verdun de 743. Après la mort de Charlemagne, le partage de son empire mit le comté de Flandre dans le giron français et la future Wallonie dans l'orbite germanique, en contradiction avec les langues parlées par les peuples, chose dont on se moquait bien à l'époque.
Il faut noter qu'on parle du seul Comté de Flandre et pas de la Région Flamande. Trois des cinq provinces flamandes actuelles faisaient partie du Saint-Empire.
fin du hors-sujet... |
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