Kugulistan
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écrit le Sunday 09 Nov 14, 20:17 |
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Ici j’essaie de comparer les mots kurdes des différents dialectes entre eux et avec certaines autres langues de cette même famille, en essayant d'expliquer certaines particularités du kurde (du mieux que je peux).
Comme ouvrage intéressant sur le sujet, il y a le Grammaire et lexique comparés des dialectes kurdes: éléments de linguistique iranienne de Mohammad Mokri.
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Français -- kurde dialecte kurmanji -- kurde dialecte sorani -- autres dialectes kurdes -- zazaki -- gorani (hewrami...) -- autre langues iraniennes -- persan -- langues iraniennes mortes
Mère -- da(yik), dê, ca -- dayk, da -- dâlik (kirmanshahi) -- da(y), ma(y) -- dâyâ, adâ --
mad (ossète), môr (pachto) -- mâdar -- mād(ar) (pehlevi), mât (sogdien), mātar (vieux-perse)
Nous pouvons remarquer que les dialectes kurdes n’utilisent pas la même racine pour dire mère que les autres langues iraniennes. Nous retrouvons cependant un même terme en moyen-persan (pehlevi) : dâyag, et en persan moderne : dâya, qui prennent le sens de 'nourrice'. Car en effet, il y a eu une glissement sémantique en kurde passant de nourrice à mère (au sens de la mère nourricière). Néanmoins, la racine ma- persiste en kurde dans certains mots et seul le zazaki garde cette racine dans le mot ma(y) (faisant tomber au passage le d).
Père -- bav -- baw, bab -- pi --
fyd (ossète), plâr (pachto) -- pedar -- pid(ar) (pehlevi), pǝtǝr (sogdien), pītar (vieux-perse/avestique)
En kurde il n'est pas rare que une finale en -b devienne -v. D'après Mokri, les mots issus du radical bab- contiennent "une nuance de respect par rapport à la fonction sociale du père, qu'une nuance affective". Le mot kurde provient de ce radical, sauf en zazaki.
Frère -- b(i)ra, kek -- bra, kak -- bıra--
äfsymär (ossète), wrôr (pachto) -- brâder -- brad(ar) (pehlevi), bǝrât (sogdien), brātar (vieux-perse)
Le d est très instable en kurde et tombe très facilement dans beaucoup de dialectes. Le mot kak- est un terme qui désigne aussi bien le grand frère que une désignation respectueuse (= monsieur)
Sœur-- xwişk, xweh -- xuşk -- wa(y)--
xo, xwæræ (ossète), xôr (pachto) -- xâhar -- xwah(ar) (pehlevi), xwâr (sogdien),xᵛaŋhar (avestique)
la syllabe [xᵛ] > [xw] en kurmanji / [w] en zazaki/gorani / [x] en persan. La finale en -şk reste un diminutif.
Garçon-- kurr, law -- kurr, law-- laj (lac, laz) --
pesar, kor
Le premier mot kurde, kurr, est apparenté au mot persan kor. Le second terme reste plus obscure, peut-être apparenté ou emprunté à l'adjectif arménien լաւ [law], bon, bien.
Fille-- keç, qîz-- kiç, kîj-- kêna (çêna)-- kinaçê --
kijâ (mazandarani), čyzg, kizgä (ossète) -- doxtar -- kanig, kanizag; duxt(ar) (pehlevi), kainya-, dugədar- (avestique)
La forme kainya signifie la (jeune) fille (=/= garçon), et duxt(ar) signifie la fille (=/= fils). Le kurde reprend le premier terme pour désigner les deux significations (mais le radical dot- existe toujours dans certains mots composées comme dotmam (cousine, fille de l'oncle)) alors que le persan utilise le second. Il faudrait aussi voir si le mot turc qiz n’aurait pas une origine iranienne.
Homme-- mêr, zelam, xort-- pyaw-- merdım--
sarey (pachto) -- mærd -- mard, wîr (pehlevi), martiya (vieux-perse), nar (avestique)
xort signifie un jeune homme. Le radical mer(d) provient de la racine mourir.
Femme-- jin -- jin -- cînî--
us (ossète), hazaa (pachto) -- zan -- narig, zan (pehlevi), înç (sogdien), martiya (vieux-perse), jə̄naya (avestique)
Enfant-- zar -- mindall, rolle, wurd -- qeçek --
māšūm (pachto) -- bače, farzand -- aburnay(ag), frazand, rahig, waccag, zadag, zahag (pehlevi), zǝyān (sogdien) |
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