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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Friday 12 Jun 09, 19:40 |
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Le perfectif, c'est le procès achevé, l'imperfectif, le procès en cours.
On dit aussi inachevé/achevé, ou encore infectum/perfectum (pour ceux qui font du latin).
La terminologie actuelle de la grammaire française, en parlant de passe composé masque le fait évident que ce temps est un présent perfectif :
Je bois, et quand mon verre est vide, j'ai bu.
Hier, je buvais, et mon verre vide, j'avais bu.
Demain, je boirai, et mon verre vide, j'aurai bu.
Les temps composés expriment l'achèvement, et la tranche temporelle est indiquée par le temps de l'auxiliaire.
Seulement, comme une fois que l'on a bu, l'action de boire est du passé, le passé composé a pris un sens passé dans les énoncés oraux. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
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écrit le Saturday 19 Nov 11, 12:05 |
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Lire les Fils suivants :
- Le passé simple en catalan
- Le passé composé en gallo
Le Berton a écrit: | Déclin du passé simple et disparition de l'oral
Le déclin du passé simple du fait de la concurrence du passé composé a débuté dès le XIIe siècle où il commence à perdre ses valeurs imperfectives et résultatives[3]. Au XVIe siècle, dans le récit le passé simple exprime des événements lointains dont on se sent détaché, alors que le passé composé exprime des faits dont les conséquences sont ressenties dans le présent[4]. Au XVIIe siècle, on connaît dans le monde littéraire la « règle des vingt-quatre heures » : un fait datant de plus de vingt-quatre heures doit s’énoncer au passé simple[1].
Depuis la fin du XXe siècle, le passé simple a pratiquement disparu de la langue parlée courante, sauf dans certains dialectes[4]. Il n’est plus guère utilisé à l'oral qu'à la troisième personne du singulier, dans des tournures figées comme il fut un temps ou s'il en fut, ou dans des énoncés « solennels » (Ce fut pour moi un honneur...)[4].
Au XXIe siècle, comme il est relativement peu usité, l'irrégularité de sa conjugaison (« il chanta », « il finit », « il crut », « il vint ») est ressentie comme difficile et peu de francophones savent que le passé simple du verbe « coudre » est « il cousit ». Les patois de langues d'oïl ont généralisé la forme en « -it », comme le rappelle un récit bien connu, l'« Histoire du chien de Brisquet », de Charles Nodier[5] ; il se termine par la citation d'une expression en parler paysan :
« Malheureux comme le chien à Brisquet, qui n'allit qu'une fois au bois, et que le loup mangit ».
Le retrait du passé simple au profit du passé composé a séparé le français des autres langues romanes et fait disparaître une précieuse nuance : « Quand je suis arrivé à Paris… » (j'y suis encore) et « Quand j'arrivai à Paris » (il est possible que je n'y sois plus). De plus, le maintien du passé simple dans la langue écrite à intention littéraire a eu pour conséquence sa disparition aux premières et surtout aux deuxièmes personnes qui y sont peu employées.
Source : Wikipedia |
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Oliv
Inscrit le: 16 Oct 2011 Messages: 124 Lieu: Toulouse
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écrit le Saturday 19 Nov 11, 14:42 |
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En hongrois il n'y a plus qu'un seul passé, et la différence entre imparfait et passé composé se fait par d'autres moyens (préverbes, adverbes, contexte). Mais ce n'a pas toujours été le cas. Deux passés à forme simple (sans auxiliaire) se sont développés, par exemple pour ad "donner" (forme du dictionnaire, "il donne"):
- adott "il a donné, il donnait", adta "il l'a donné, il le donnait", formé sur le participe passé en -t (avec ainsi -tt au lieu de -t uniquement à la forme "il a" de la conjugaison, sauf finales verbales qui acceptent bien -t: vár "attendre" -> várt "il a attendu", ou mal: hall "entendre" -> hallotta "il l'a entendu"): c'est le passé du hongrois moderne,
- ada "il donna", adá "il le donna" (peut-être formé sur le participe présent en -vá/vé aujourd'hui devenu -ó/ő: cf. Halotti Beszéd terümtevé = 1. teremtő "créateur", 2. teremté "il le créa"): c'est le passé archaïque, elbeszélő múlt "passé narratif", avec des terminaisons de conjugaison qui sont aujourd'hui celles du conditionnel (car le conditionnel a été fait avec infinitif + terminaisons du passé archaïque: adni "donner" infinitif, adna "il donnerait", adná "il le donnerait").
Il y a donc en hongrois moderne une distinction entre un temps ordinaire et un temps archaïque comme entre passé composé et passé simple en français, mais pas entre deux aspects verbaux car le passé hongrois moderne intègre tous les aspects du passé. On peut donc considérer, en ne prenant en compte que le caractère archaïque, que le passé archaïque hongrois est très bien traduit par le passé simple français, à ceci près qu'il est en quelque sorte "encore plus archaïque": il n'est plus du tout utilisé aujourd'hui même à l'écrit, ou très rarement en poésie (et aussi dialectalement).
Mais en hongrois ancien, il y avait aussi des temps composés au passé (probablement développés au Moyen-Âge par une élite lettrée à l'imitation du latin), formés d'une forme conjuguée du verbe suivie d'un auxiliaire non conjugué vala "il fut" ou volt "il était, il a été".
D'où un système à 4 temps passés, 2 simples et 2 composés (cf. ce résumé en hongrois de différents points de vue sur la valeur de ces temps):
- adott (befejezett múlt "passé accompli"), temps nettement le plus fréquent à l'oral dans les textes anciens (dialogue, discours cité) et le seul à avoir subsisté: déroulement dans le passé avec état résultant dans le présent = parfait ~ "il a donné",
- ada (elbeszélő múlt "passé narratif"): passé général sans lien avec le présent = aoriste ~ "il donna" (aussi peut-être à l'oral: passé proche "il vient de donner", subsistant dialectalement aujourd'hui: Hogy megijedék! "Comme j'ai été/ça m'a surpris!"),
- ad vala (folyamatos múlt "passé continu") = imparfait "il donnait",
- adott volt ou adott vala (régmúlt "passé ancien") = plus-que-parfait "il avait donné".
De ce système il ne reste plus aujourd'hui que la possibilité assez marginale (à valeur surtout archaïsante) d'ajouter volt à une forme passée: mondtam volt "j'ai dit, j'avais dit", szoktam volt "j'avais l'habitude" qui introduit une différence avec szoktam (forme passée mais généralement sens présent) "j'ai/j'avais l'habitude". |
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András Animateur
Inscrit le: 20 Nov 2006 Messages: 1487 Lieu: Timişoara, Roumanie
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écrit le Sunday 20 Nov 11, 11:24 |
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Je me demande si c'est vraiment un "système plus ou moins artificiel et jamais vraiment adopté à l'oral", puisque le "passé narratif" et le "passé ancien" sont toujours vivants dans les parlers sicules et csángó. cf. Érettségi tételek (Sujets de baccalauréat). |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11176 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 21 Nov 11, 5:57 |
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ramon a écrit: | ... le passat perifràstic, une construction formée par le présent d’indicatif du verbe anar (aller) suivi de l’infinitif du verbe principal. ... comme auxiliaire, la conjugaison de anar est :
(Jo) vaig
(Tu) vas (ou vares)
(Ell/ella) va
(Nosaltres) vam (ou vàrem)
(Vosaltres) vau (ou vàreu)
(Ells/elles) van
Toutes les formes viennent de VADO.
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Effectivement, cet auxiliaire m'a toujours intrigué, et continue à le faire. N'a-t-on jamais émis l'hypothèse que cette série pourrait être, sous l'influence de VADO, une altération propre au catalan du présent de l'indicatif de HABER ? |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3664 Lieu: Massalia
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écrit le Monday 21 Nov 11, 13:37 |
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La langue yiddish confirme cette tendance décrite dans certains dialectes germaniques, à savoir la disparition du passé simple, c'est-à dire le prétérit. Il ne reste qu'un passé composé qui se forme avec auxiliaire et participe passé.
Ikh bin gekumen, er hot geshmust.
Il existe aussi un passé périphrastique, correspondant à un aspect itératif , pour une action qu'on avait l'habitude de faire...
Il se forme avec flegn ( conjugué au présent) + infinitif.
Als kind fleg ikh geyn inderfri tsu ir un zikh shpiln.
Enfant, j'avais l'habitude d'aller chez elle le matin pour jouer. |
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Moutik Animateur
Inscrit le: 06 Apr 2008 Messages: 1236
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écrit le Friday 08 Aug 14, 22:58 |
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Pour le breton, voir dans le forum consacré aux langues celtiques le fil :
Temps du récit en breton |
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ElieDeLeuze
Inscrit le: 14 Jun 2006 Messages: 1622 Lieu: Allemagne
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écrit le Saturday 09 Aug 14, 22:25 |
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rejsl a écrit: | La langue yiddish confirme cette tendance décrite dans certains dialectes germaniques, à savoir la disparition du passé simple, c'est-à dire le prétérit. Il ne reste qu'un passé composé qui se forme avec auxiliaire et participe passé. |
C'est même plus qu'une tendance à mon humble avis. Dans le domaine haut-allemand, le seul passé possible est le passé composé. Dans les dialectes du centre, de l'ouest à l'est, on a une perte quasi totale pour les verbes en général avec des restes pour les verbes de modalité et auxiliaires. Dans le nord, le bas-allemand est plus compliqué:
- zone nord, imparfait très présent voire forme préférée même à l'oral dans le Schleswig et dans la langue littéraire.
- zone centrale et est, formation très très productive d'un imparfait avec le verbe doon + infinitif, surtout au passé mais la structure existe aussi au présent.
- zone ouest où je lis que l'imparfait n'est plus qu'un souvenir, mais je n'ai aucune source par expérience directe, il faudrait voir en ripuaire de Cologne, par exemple, ou en westphalien, dialecte assez mal en point de nos jours.
La tendance illustrée ici par le jiddisch est un fait germanique haut-allemand général qui s'étend dans le nord. Dans la langue parlée actuelle, haut-allemand, même dans le nord, on raconte au passé composé à l'oral sauf désir (un peu artificiel) de bien parler. De plus, la forme en flegn est en allemand pflegen + infinitif, en bas-allemand plegen + infinitif. La correspondance est parfaite, pas forcément dans les usages particuliers mais dans les formes et le système en tant que construction conceptuelle. |
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