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A la frontière entre Béarn et Pays Basque - Forum langue d'oc - Forum Babel
A la frontière entre Béarn et Pays Basque

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Invidia



Inscrit le: 24 Jul 2008
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Lieu: Gasconha (França)

Messageécrit le Wednesday 30 Dec 09, 3:18 Répondre en citant ce message   



Légende : Basse-Navarre autour de Saint-Palais et Bidache (gasconophone)
Soule autour de Mauléon
Béarn autour de Navarrenx


Taille initiale

Pour ce qui s'agit du gascon parlé en Basse-Navarre et Labourd, cf ici.

Commençons avec Osserain. Village gasconophone souletin dit Ozarain(e) (mais probablement anciennement Osarain ainsi qu'en atteste Lhande), géographiquement en Béarn, sur la rive gauche du Saison.
Il est séparé de la Soule par la ligne de coteaux occidentale qui délimite la vallée du Saison.
Il s'agit donc d'une avancée extrême de la Soule sur la vallée du Saison, peu avant le confluent avec le Gave d'Oloron.
Le Pont d'Osserain était le passage principal pour atteindre la Basse-Navarre d'où son importance stratégique.

Selon Orpustan, le village est un ancien castrum, siège d'une seigneurie. Il s'agissait de défendre Saint-Palais. D'ailleurs, la zone sauvage de coteaux entre le pays de Mixe et le bourg d'Osserain est dite "Burgeincy", qu'Orpustan analyse comme burgu-aintzin "avant du bourg".
L'histoire particulière du village colle bien avec sa supposé étymologie, à savoir une formation anthroponymique sur le prénom basque médiéval Ochar/Ocharra, dérivé du basque otso (loup), avec finale béarno-souletine en -ain qui indique la possession. Bref, la seigneurie d'Otsar.

"Osarain" est classiquement devenu Aussaranh/Aussarenh en gascon par diphtongue récente du o initial et mouillure de la finale (n double sous-entendu).

Une forme "Lo Saranh" a existé par incompréhension du toponyme.
Il ne reste rien des traces de toponymie basque à Osserain : Brouquet, Bergeras, Bédat, Péhau, La Heyte, L'Oustau, Tres Cassous, Cabannes, ... sont tout à fait gascons.

Dans le Censier gothique du XIVème siècle, on détecte pourtant quelques toponymes basques altérés : Darconborde, Sohaet.
Le reste était déjà gascon : Labadie, Berger, Colac, Poey, La Cuihe, Lauguaa, Lostau Nau.

Bref, alors que les Béarnais de Lichos, Haute et Charre parlaient encore basque, les Souletins d'Osserain parlaient déjà gascon au XIVème siècle.

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Invidia



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Messageécrit le Wednesday 30 Dec 09, 3:19 Répondre en citant ce message   

Continuons avec Lichos (repérez-vous sur la carte).

Premier village béarnais de la rive gauche du Saison en venant de Mauléon, le village de Lichos (Lexoze en basque) était en 1385 réuni à Haute rive droite, aujourd'hui hameau de Charre (son nom basque Hagoeta fournit la solution : hago=hêtre + suffixe locatif -eta, passé par un probable Hagauta, puis chute du g intervocalique).

La majorité des noms de maison de l'époque étaient basques : Lissague, Arrusteguie, Uheyce, Cheverce, Goeyhenche, Berhando, Behetie, Harispe, Gamughuli, ... Mais déjà pointaient des noms gascons : Lembeye (mais le propriétaire s'appelle Peteri !), Boye, Xerbee (?).

Le premier évêque d'Oloron, Grat, est né à Lichos, maison Camichelu. Il était indubitablement bascophone, tout comme devait l'être encore tout l'Oloronais.

http://www.bearn-gaves.com/spip/article.php3?id_article=888

Aujourd'hui, la toponymie de ce village gasconophone est à dominante gasconne : Las Camouères, Lou Cesca, Cournet, Lou Haout, Montalibet, Lous Pradouils, Lou Touroun, ...
Sont basques : Artichoundou, Bordaguere, probablement Hagueres (déformation d'Aguerre, Guixarnaut de Guerre en 1385), Haritçague.

Pour ce qui est du nom de Lichos, il entre dans la série bien connue des toponymes basco-aquitains en -os.
Le radical est plus difficile d'analyse : la forme basque Lexoze comme la première attestation de 1376 (Lesxos) confirment que c'est lex- qu'il faut expliquer.
Le basque leze (gouffre) conviendrait mais on peut aussi avoir un dérivé de lexarr, variante souletine du basque leizarr (=frêne) comme dans Lichans en Soule (lexartzu > lexantzü avec alternance entre r et n), même si l'on explique mal la perte de la vibrante dans un hypothétique *lexarros.


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Invidia



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Messageécrit le Saturday 02 Jan 10, 22:28 Répondre en citant ce message   

Nous sommes dans le petit village de Charre, rive droite du Saison, en Béarn, au hameau de Cherbeys.

Cherbeys est Xerbee-Jusoo de Haute en 1385. L'adjonction d'un s (Cherbes au XIXème siècle) est assez mystérieuse comme dans le hameau voisin de Bisqueys (du basque bizkai, encore noté Biscay sur la carte de Cassini), à moins qu'il ne s'agisse d'un pluriel pour signifier Xerbee-Susoo que pourtant Paul Raymond n'identifie pas à Xerbee-Jusoo. Il semble bien que selon l'attestation de 1386 s'appelait tout simplement Xerbe.

Dans le dénombrement des feux de 1385, X sert à noter une chuintante, souvent issue du s apico-alvéolaire gascon (Guixarnaut, issue de Gassie-Arnaut), commun au castillan, mais pas nécessairement.

On pense immédiatement au gascon "gerbèr" qui aurait été cependant plutôt Yerbee, car en Béarn, g + i,e donne y, peut-être anciennement j, mais jamais une chuintante. "serbèr" ne signifie rien.

Alors, dans le contexte de présence de la langue basque encore au XIVème siècle, on peut imaginer qu'il s'agit de la déformation du basque Etxeberri :

(Et)xeberri > 'Cheberri > Cherbe (métathèse gasconne).

Il faudrait savoir la prononciation actuelle : l'accentuation sur l'initiale est souvent un indice, mais elle a pu se perdre. Dans le même village, en 1385, le basque Etxebertze* est Cheverce. Ce qui pose problème, c'est que dans le même village à la même époque, on note Cheverce d'une part avec "ch" (affriquée ?) et Xerbee avec "x" (simple chuitante).
Il est certain qu'en gascon, "etxe" est in fine interprété en chuintante (cf Xandie à Sauvelade à la même époque qui ne peut qu'être Etxehandia).
Mais pourquoi cette différence ? Il est vrai que par exemple, pour la commune basque de Charritte-de-Haut, on note dans le Censier gothique "exartea" Etxartea et "echeverrie" Etxeberria.

* : bertze en basque, c'est "autre". "L'autre maison". "Lautecaze" existe en gascon.

A titre anecdotique, dans le Censier gothique de Soule, quand le nom basque des maisons est transparent, il est traduit en gascon. La grande majorité des Etxegapare/Etxekapare est dite "casemayor".

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Invidia



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Messageécrit le Friday 08 Jan 10, 23:20 Répondre en citant ce message   

Orriule est un petit village dans les coteaux au Nord de la vallée du gave d'Oloron près de Sauveterre, soit assez loin de la frontière linguistique actuelle. Pourtant, le nom du village est une formation basque classique : orre (genévrier) et ola (cabane) comme Esquiule est dans les peupliers (ezki).

Attesté Oriure en 1385 qui fait la preuve d'une part de la réduction fréquente et fautive de r double en r simple, et de la confusion des vibrantes r et l, qui me semble la clé d'interprétation de nombreux toponymes gascons restés mystérieux jusqu'ici. La diphtongaison initiale est un fait moderne en gascon.

Il n'y avait pas de toponymes basques en 1385 sauf une hésitation sur Beuste (la maison existe encore), qui s'il n'est pas lieu d'origine, est la gasconnisation de quelque chose qui doit être le basque Beltza. A la marge, il y a Hitos, attesté Heytos en 1385, toponyme basco-aquitain sur une base à identifier.

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Invidia



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Messageécrit le Saturday 09 Jan 10, 2:26 Répondre en citant ce message   

Posons-nous à Bergouey, petit village bas-navarrais, compris dans les possessions des Gramont, de langue gasconne.

Le Bergouey charnégou a les mêmes attestations anciennes que le Bergouey chalossais :
généralement Bergui (qui doit représenter une prononciation Bergouy), plus tardivement Bergoy au XIIème siècle (là aussi une prononciation Bergouy).
Il y a ensuite eu diphtongaison en Bergouey ce qui est généralement le cas de ouy devant palatale.
La date de la diphtongaison est forcément antérieure au passage de "ou" à "u" français (comme elle apparaît à la fin XIVème siècle dans les premières attestations, on peut déduire que le u français date au grand maximum du XVème).

On trouve outre les deux villages : Bergoey à Guiche, Bergouey à Loubieng, Bergoueits à Bielle, Bergouey à Estaing, Berguey à Saint-Martin-de-Seignanx, Bergueil à Estigarde. Il y a également les très nombreux Bergay d'Orthe et du pays charnégou.

Intuitivement, j'ai envie de mettre ces lieux en relation avec le patronyme et toponyme béarnais Bergouli, qui est très probablement "Bergoulh". Il rappelle le "Bergueil" d'Estigarde qui doit en être la version diphtonguée après palatale.
BBF évoque le mot "berguilh" (lieu où poussent les saules) ainsi que le basque bergo/bergu (branche mince et flexible dont on fait les paniers), probable emprunt au latin virga (branche flexible).
Le suffixe diminutif latin -ulium peut expliquer ces formes (il y a un patronyme italien Bergoglio).

La question est donc la suivante : est-il possible que dès le Xème siècle, un Bergoulh gascon soit prononcé Bergouy et qu'à aucun moment, le l mouillé n'apparaisse dans les attestations anciennes, d'autant plus qu'actuellement, lh est encore mouillé en finale ?
Peut-on ignorer la distribution très sud-gasconne des dérivés de Bergouy ?
L'ancienne toponymie gasconne laisse entrevoir de drôles de toponymes avec des finales énigmatiques en -ui/ei : dans le cartulaire de Dax, larbiey, garrei, garnui, onei, agyrizi. BBF cite balestui donné par Coromines.
Tout cela sonne basque mais il est difficile de trouver une explication globale.
On notera que le Bergouey chalossais est voisin de Larbey, non loin de Momuy et Garrey, dans un environnement somme toute passablement bascoïde (Ozourt, Lourquen, Gamarde, Poyartin qui est l'ancien agyrizi, Candresse, Narrosse, Nassiet, ...).
Et il va sans dire que le Bergouey charnégou est dans un environnement basque, ainsi que celui de Guiche.


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Invidia



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Messageécrit le Saturday 09 Jan 10, 14:51 Répondre en citant ce message   

Andrein, village béarnais, est un toponyme de la série basco-béarnaise des noms de village suffixés en -ein/ain, probablement sur le nom de personne basque Andere "dame".
La confirmation d'une telle hypothèse, c'est que l'une des maisons nobles de la paroisse était "La Sale d'Andrenh".

Il semble que quelques maisons de ce village avaient encore des noms basques romanisés en 1385 : Araspin, Larssuu (Lahartzun ?), Xarre. Le reste est gascon : Carejusaa, Caresusaa, Betoseg, Baxoey, Bordes-Jusoo, (deu) Lee, Casenave, Mossieg, Arrosere, Castaede, Bouet, Bordes, Casemayor.

Un nom basque de la commune doit être quelque chose comme Anderañ(e).

Quelques une de ces maisons subsistent : Araspy, Arrouzère, *Bachoué, Betouzet, Casamayou, Castagnède, Charrie (?), ...

* (notez Baxoey qui montre la forme aujourd'hui cantonné au Nord-Gascogne)


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