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Invidia
Inscrit le: 24 Jul 2008 Messages: 441 Lieu: Gasconha (França)
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écrit le Saturday 14 May 11, 15:39 |
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"Idiotismus Tectosagicus latissime patet ; ejus duae sunt summae
differentiae : altera continetur in vetere Aquitania Caesaris, hoc est
intra Garumnam, Pyrenaeos, et Oceanum Aquitanicum. Hic idiotismus
proprie dicitur Vasconismus, multam a reliqua parte idiotismi
Tectosagici discrepans, adeo ut neque commercium quotidianum, neque
vicinitas, neque flumina pontibus juncta illam differentiam tollere
potuerint. Reliquae partis, quae citra Garumnam in usu est, etiam
multae sunt differentiae, in quibus Lemovicismus et Petrocorismus a
reliquis idiomatibus valde alienus est. Denique in tota Europa non
invenies, in tantis angustiis finium, tot discrepantias dialectorum."
"La langue tectosage est une langue bien répandue ; on en connaît deux variétés fort dissemblables : l'une se parle à l'intérieur des limites de l'ancienne Aquitaine de César - Garonne, Pyrénées, Golfe de Gascogne. L'idiome que l'on parle là - ou gascon - diffère considérablement de l'autre variété de l'idiome tectosage. Bien plus, ni les contacts quotidiens, ni les relations de voisinage, ni les ponts qu'on jette sur les fleuves ne paraissent susceptibles de supprimer cette différence. Dans l'usage des régions situées de l'autre côté de la Garonne, il existe aussi bien des variétés ; le limousin et le périgourdin y diffèrent fort du reste. Bref, nulle part en Europe, on ne trouverait une aussi grande différenciation dialectale sur un territoire aussi restreint."
Scaliger (1540-1609) in Diatriba de hodiernis francorum linguis
Que dire ?
- Scaliger nomme ce que nous appelons "occitan" "idiome tectosage", ce faisant il poursuit l'identification entre Languedoc et ancienne cité des Volques, continuité bien réelle au demeurant.
- Scaliger affirme l'irréductible distinction du gascon, à peu près à la même époque que Pey de Garros. Il délimite lui aussi sentimentalement ce pays où se parle le "vasconismus", à savoir le gascon.
- Scaliger affirme que le limousin et le périgourdin (ce que l'on appelle le nord-occitan au fond) sont également fort distincts.
- Scaliger possède l'intuition qu'en Gaule méridionale, une formidable mosaïque de langues existe, sans équivalent en Europe. A mon avis, c'est une exagération car s'il est vrai que l'étendue des domaines castillan ou oïlique est impressionnante (mais cela est la cause du terrain et de la poussée formidable d'un pouvoir central), la variation en Italie est grande. |
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Valeia
Inscrit le: 22 Apr 2011 Messages: 90 Lieu: Languedoc, France.
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écrit le Saturday 14 May 11, 18:35 |
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La variation à l'intérieur de la zone d'oil est au moins aussi importante que celle de la zone d'oc, sinon plus. Quant à la zone francoprovençale, n n'en parle même pas.
Pour l'Espagne, il faut distinguer la zone où a eu lieu la Reconquista, qui diffuse le castillan en éliminant sans phrase le mozarabe antérieur, et les zones du nord (Asturies, Aragon, Catalogne, épargnées par la poussée arabo-berbère et où là, on trouve une variabilité semblable à celle du reste du domaine roman. Quant à la variation dans les zones germanophones, elle n'est pas mal non plus.
Bref, l'intérêt du texte de Scaliger est surtout documentaire. Mais un mec capable de faire un calembour du style "vivere est bibere" ne peut pas être entièrement mauvais. |
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Invidia
Inscrit le: 24 Jul 2008 Messages: 441 Lieu: Gasconha (França)
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écrit le Saturday 14 May 11, 20:07 |
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Valeia a écrit: | La variation à l'intérieur de la zone d'oil est au moins aussi importante que celle de la zone d'oc, sinon plus. |
Je recopierai ce que dit Scaliger de la zone d'oïl, pour lui il y a le français, des patois avoisinants, et seulement deux variantes vraiment autonomisées, le poitevin et le wallon.
Citation: | Quant à la zone francoprovençale, n n'en parle même pas. |
Pour quelle raison parlerait-il d'une pure invention théorique, un artéfact consécutif de la création des cartes isoglossiques ?
Citation: | Pour l'Espagne, il faut distinguer la zone où a eu lieu la Reconquista, qui diffuse le castillan en éliminant sans phrase le mozarabe antérieur, et les zones du nord (Asturies, Aragon, Catalogne, épargnées par la poussée arabo-berbère et où là, on trouve une variabilité semblable à celle du reste du domaine roman. |
Semblable, semblable, ... Tout dépend. Oui, l'asturien, prototype de ce qu'aurait pu être la langue d'un Léon indépendant, est typé. Mais le navarro-aragonais, le castillan, le cantabre de l'Est, ... c'est la même chose. |
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Valeia
Inscrit le: 22 Apr 2011 Messages: 90 Lieu: Languedoc, France.
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écrit le Saturday 14 May 11, 21:41 |
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Bien sûr que Scaliger ne parle pas du francoprovençal, ni de l'asturien, ni de l'aragonais (pyrénéen je précise). Mais moi j'en parle. Je ne sais pas ce que Scaliger dit des parlers d'oïl, je le soupçonne de n'en savoir pas su grand chose, et à vrai dire je m'en fous, parce que ce n'est pas lui qui peut nous apprendre quoi que ce soit sur des réalités linguistiques qu'un homme de son temps n'avait pas les outils pour comprendre. Son propos n'a donc d'autre intérêt que documentaire, et on évitera d'en tirer des conclusions valables pour aujourd'hui, même s'il dit sur le gascon des choses qui vous enchantent. Ce dont je parle, c'est de la situation actuelle |
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