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lengo d'o ou occitan ? - Forum langue d'oc - Forum Babel
lengo d'o ou occitan ?
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Valeia



Inscrit le: 22 Apr 2011
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Lieu: Languedoc, France.

Messageécrit le Wednesday 27 Apr 11, 12:05 Répondre en citant ce message   

Il y a deux niveaux à envisager sur la question de la nomination de la langue, plus un troisième.
Le niveau "savant",comme vous dites. On a eu depuis le XVIIIe siècle dans les milieux érudits une succession qui commence avec "gascon" de l'abbé de Sauvages (de Bordeaux à Antibes, dit-il, mais d'autres établissent la limite entre "gascon" et "provençal" sur le Rhône). Viennent ensuite les enquêtes officielles du premier empire qui parlent de "patois" mais déterminent cependant un espace d'oc (auquel on associe alors le francoprovençal. Puis vient la mode de "roman" u néo-roman, nourri du souvenir des troubadours. Puis Mistral impose provençal comme synonyme de langue d'oc,ce qui permettra à des dialectologues comme Terracher en 1914 de parler de la rencontre du provençal et du français du coté d'Angoulême... Le mot "occitan"ou "occitanien" au sens de langue d'oc dans son ensemble, loin donc de son sens originel de "languedocien" est lancé par le félibre rouge X de Ricard en 1878, repris par la suite par des félibres languedociens, pas forcément rouges d'ailleurs -dans ce problème, les choix politiques des acteurs n'ont aucune incidence. Est-ce clair ?). Les milieux universitaires officiels, eux,parlent de "patois gallo-romans", ou de provençal. La dénomination langue occitane est adoptée par la loi Deixonne en 1951, et est devenue depuis normale dans le monde de la romanistique internationale, peu suspecte, je suppose que vous vous en doutez, de visées séparatistes ou fascisantes... Le problème étant qu'aucun pouvoir (national ou local) n'ayant diffusé activement "occitan" en société, le mot reste d'usage facultatif.
-Les locuteurs dont vous parlez n'ont pas "le choix". Soit ils n'éprouvent pas le besoin de nommer ce qu'ils parlent, soit ils en sont réduits à utiliser des dénominations que d'autres mettent à leur disposition. Patois tient effectivement la corde, et occitan, globalement, semble encore souvent bizarre, sauf en Languedoc et un peu dans le Cantal d'après une enquête IFOP de 2006. Je ne vois personnellement aucun inconvénient à employer "patois" avec des locuteurs natifs, pour qui c'est moins péjoratif que pour le francophone ordinaire. Je ne vais pas leur taper dessus à coups d'annuaires pour les convaincre de dire "occitan" ! En Provence, le Félibrige a popularisé "provençal", mais la plupart des gens pensent qu'il s'agit d'une langue spéciale qui se parle ailleurs que chez eux, eux-mêmes parlant "patois"..
-Il y a enfin "langues d'oc" au plurel, qui satisfait sur place un certain nombre de localistes effrénés, dont je reconnais que M. Félibre d'Auvergne ne fait pas partie, et qui satisfait surtout dans le Minisitère de l'Education Nationale les décideurs qui ressortent régulièrement depuis trente ans ce concept hasardeux pour justifier le fait qu'on ne peut pas enseigner une langue qui n'existe pas sus une forme unitaire.
Une dernière chose : il est tout à fait exact que certains rêvent d'un occitan unifié qui se substituerait aux parlers vivants (on attend donc impatiemment qu'ils ne le soient plus, et à nous les ivresses..). D'autres avant eux suggéraient que chacun se rallie au provençal de Mistral. Je pense pour ma part que c'est à la fois idiot, idéologiquement discutable, et irréalisable.
J'espère avoir été assez clair, et aussi modéré que possible.
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Xavier
Animateur


Inscrit le: 10 Nov 2004
Messages: 4087
Lieu: Μασσαλία, Prouvènço

Messageécrit le Wednesday 27 Apr 11, 13:03 Répondre en citant ce message   

Je ne partage pas trop cette analyse.
Citation:

Les locuteurs dont vous parlez n'ont pas "le choix". Soit ils n'éprouvent pas le besoin de nommer ce qu'ils parlent, soit ils en sont réduits à utiliser des dénominations que d'autres mettent à leur disposition.

D'accord pour le premier point. pas pour le second : c'est trop réducteur !
Mais il faut aussi éviter de partir du principe que le peuple n'est pas libre. Il ne faut pas oublier qu'on impose aussi difficilement un choix à un peuple s'il ne l'accepte pas.

Il y a quand même un point essentiel : on n'a pas l'habitude de dissocier une langue de l'identité culturelle dans laquelle on vit.
En Provence, il y a une culture provençale. On parle donc le provençal.
En fait, le nom de la région donne le nom de la langue.
C'est souvent ainsi que le locuteur conçoit sa langue.

Cela n'a rien à voir avec les dénominations que vous présentez.
cependant, cette façon de voir pose des problèmes sur le plan linguistique : le provençal est parlé dans la vallée du Rhône.
Mais l'habitant dans le département du Gard, on n'a pas vraiment conscience d'une identité provençale.

Le Languedoc pose un problème au niveau dénomination. Nom de langue > nom du pays > nom de langue : languedocien : terme assez étrange, d'où le succès du mot occitan dans cette région.
C'est quand même important.

Ensuite, on peut constater que occitan désigne (dans son usage usuel) à la fois languedocien et à la fois langue d'oc du midi de la France.

Enfin, il y a un autre point important : une langue "régionale" (comme une culture "régionale") s'étend en général sur un département ou une région.
Là, aussi, on est dans une certaine logique. On n'a pas conscience d'une supra-région qui s'appellerait l'Occitanie ou le Midi de la France.


Citation:
"langues d'oc" au plurel, qui satisfait sur place un certain nombre de localistes effrénés

On en a déjà parlé. Personnellement, je ne vois pas pourquoi on parlerait volontiers de "langues d'oïl" mais pas de "langues d'oc".
J'emploie volontiers les deux expressions : langue d'oc et langues d'oc.
Et je ne me considère pas comme un localiste effréné.

Là aussi, on rejoint l'emploi du mot patois : faut-il ou non l'utiliser ?

Enfin, concernant Mistral. C'est avant tout l'âme de la Provence. Tous ses livres parlent de la Provence (la région provençale).
appeler provençal, la langue d'oc parlée à Toulouse ne me semble pas approprié.

En Provence, beaucoup de personnes disent qu'ils parlent provençal.
Mais là encore, le provençal de Mistral est un provençal littéraire.

Mais en France ,on conçoit une langue avec le prisme du français. On n'a plus conscience de ce que représentait la littérature orale.
Cette forme de littérature a disparu.

Et les instances officielles (comme l'Education nationale) conçoivent la langue régionale comme le français.
Comme le français s'est imposé face aux patois, on veut que la langue régionale s'impose par rapport aux langues locales.

Dès qu'on souhaite créer des grammaires, des méthodes de langue, on cherche à uniformiser.
c'est logique, et surtout plus pratique.
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Felibre d'Auvernho



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Messageécrit le Wednesday 27 Apr 11, 14:02 Répondre en citant ce message   

Citation:
Mais ce rejet est beaucoup moins virulent au Limousin, où l'emploi du terme "occitan" se rencontre souvent. Pourquoi ?


C'est surtout les hasards de l'implantation occitaniste.

Il y aussi une question de "conscience de soi" comme je dirais.

Les Auvergnats savent qu'ils sont Auvergnats et en sont fiers. Les Provençaux savent qu'ils sont Provençaux et en sont fiers.


Le provençal est très prestigieux depuis Mistral. Les Provençaux ne nient pas qu'il fasse partie de la langue d'oc, mais les limites géographiques de cette langue ne les intéresse guère. Le prestige est celui du provençal, pas de toute la langue d'oc.

L'auvergnat est très très très loin d'avoir le même prestige littéraire, mais la langue est restée, même souvent chez les Auvergnats de Paris nés à Paris. (Radio Pays à Paris a un animateur auvergnat, né à Paris, qui ne va en Auvergne qu'en vacances, et qui parle parfaitement) Elle est "lou sinne de familho" comme disait Vermenouze.


Il en résulte que Auvergnats et Provençaux n'ont pas envie de remplacer leur langue prestigieuse par un "occitan" inconnu et illisible.
On peut expliquer aux gens que "los enfants chantan" se lit "lis efonts chantou", ils ont du mal à le croire, et ne comprennent pas pourquoi on met une forme de première personne du pluriel à une troisième personne !


En Limousin et dans les zones du nord de la Provence, la "conscience de soi" est très faible.

Les gens ne sauraient même plus qu'ils sont Limousins s'il n'y avait pas la région programme. Ils se sentent "de la Creuse, de la Corrèze, de la Haute-Vienne" et c'est tout.

En Corrèze la langue est bien restée, mais dans les deux autres département elle est morte, et là où on l'a parle elle est mélangée aux dialectes d'oïl qui descendent à toute allure. Alors il est plus facile à dire à des gens sans identité que l'occitan les représente.

Même chose dans ces zones que les provençalistes ont négligée trop longtemps.


Dernière édition par Felibre d'Auvernho le Friday 29 Apr 11, 0:12; édité 1 fois
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Pasha



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Messageécrit le Wednesday 27 Apr 11, 14:12 Répondre en citant ce message   

Pour tout de suite me faire traiter de nazi, collabo, séparatiste d'extrême-droite et que mes propos soient dénigrés, je vous annonce que je suis militant occitaniste.

Concernant la dénomination de la langue régionale en Auvergne administrative le sondage de l'IFOP donnait ces résultats : patois (78 %), bourbonnais (5 %), auvergnat (10 %), occitan (8 %) ou langue d’oc (4 %). Personnellement, la langue que je parle je la désigne comme occitan, limousin ou patois si je parle avec quelqu'un qui utilise plus naturellement ce terme (je ne suis pas non plus adepte du bottin). De ce que je vois autour de moi en Limousin, le terme occitan est globalement accepté par les gens même si les locuteurs parlent de "patois" et considère que le vrai occitan c'est plus au sud. Personne ne parle de langue d'oc. L'avantage d'utiliser le terme de "limousin" est de couper court : on peut ainsi penser aussi bien à "langue limousine", "patois limousin" ou "occitan limousin" sans rentrer dans les querelles stériles.

J'ai déjà rencontrer le terme de "provençal" pour désigner l'occitan limousin dans des textes scientifiques du XIXe siècle. D'ailleurs le Trésor du Félibrige de Mistral est un "dictionnaire provençal-français dans tous les dialectes de la langue d'oc".

Et n'oublions pas que le terme "occitan" est le seul légal pour désigner cette langue dans le droit français et espagnol (en Italie, je ne sais pas, je n'ai pas de texte en tête).

Pour ce qui est de la différence entre langues d'oïl (au pluriel) et langue d'oc (au singulier), je laisse la parole à Cerquiglini (connu pour être un séparatiste d'extrême-droite) et à son rapport sur les langues de France :
Citation:
Les dialectes de la langue officielle

Par définition, les variétés de la langue officielle ne sont pas du ressort d'un texte qui entend protéger les langues minoritaires, rendues précaires par l'extension, le rayonnement et l'officialisation de cette langue. Il convient donc de préciser la situation dialectale du français "national et standard".

Que l'on adopte, pour expliquer sa genèse, la thèse traditionnelle et contestable d'un dialecte d'oïl (le supposé francien) "qui aurait réussi" aux dépens des autres, ou que l'on y voie la constitution très ancienne d'une langue commune d'oïl transdialectale, d'abord écrite, puis diffusée, le français "national et standard" d'aujourd'hui possède une individualité forte, qu'a renforcée l'action des écrivains, de l'État, de l'école, des médias. Il en résulte que l'on tiendra pour seuls "dialectes" au sens de la Charte, et donc exclus, les "français régionaux", c'est-à-dire l'infini variété des façons de parler cette langue (prononciation, vocabulaire, etc.) en chaque point du territoire. Il en découle également que l'écart n'a cessé de se creuser entre le français et les variétés de la langue d'oïl, que l'on ne saurait considérer aujourd'hui comme des "dialectes du français" ; franc-comtois, wallon, picard, normand, gallo, poitevin-saintongeais, bourguignon-morvandiau, lorrain doivent être retenus parmi les langues régionales de la France ; on les qualifiera dès lors de "langues d'oïl", en les rangeant dans la liste.

Cette disjonction entre le français "langue nationale standard" et les franc-comtois, wallon, picard, etc. tenus à bon droit comme langues régionales, est à opposer à la situation que montre l'occitan. Celle-ci pourrait être qualifiée de conjonction, l'occitan étant la somme de ses variétés. L'unité linguistique est en effet fort nette, même si une diversité interne est perceptible. Cinq grands ensembles au moins sont repérables : gascon, languedocien, provençal, auvergnat-limousin et alpin-dauphinois. Des subdivisions plus fines sont possibles (vivaro-alpin ? nissard ?) ; elles relèvent toutefois moins de la linguistique que de la géographie, voire de la politique
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Felibre d'Auvernho



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Messageécrit le Wednesday 27 Apr 11, 14:29 Répondre en citant ce message   

Ces chiffres sont faux. Le sondage donnait 12% de gens qui disent langue d'oc, ce que les occitans ont transformé en "langue d'oc ou occitan" dans leur presse.
Quand on leur a fait remarquer que JAMAIS un institut de sondage de mettrait deux termes dans la même rubrique, surtout deux termes aussi différents, ils ont répondu 8% occitan 4% langue d'oc. Or PERSONNE n'avait répondu "occitan". J'ai participé au sondage, j'en ai vu les résultats avant publication.
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Felibre d'Auvernho



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Messageécrit le Wednesday 27 Apr 11, 14:31 Répondre en citant ce message   

En Limousin le terme "occitan" est accepté pour les raisons que j'ai données :

- aucune conscience de soi limousine
- la langue a à peu près disparu.


En Auvergne c'est tout l'inverse.

Il est MALHONNÊTE et de surcroit GRAVEMENT INSULTANT pour les Auvergnats, de coller sur l'Auvergne des réalités du Limousin.

Avet renegat vousto lengo, nàutri san fizèls à la nostro.
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Felibre d'Auvernho



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Messageécrit le Wednesday 27 Apr 11, 14:34 Répondre en citant ce message   

Citation:
Et n'oublions pas que le terme "occitan" est le seul légal pour désigner cette langue dans le droit français et espagnol (en Italie, je ne sais pas, je n'ai pas de texte en tête).

Le CAPES de langue d'oc s'appelle très officiellement "CAPES d'occitan - langue d'oc", les deux termes sont officiels à égalité.

PRONOTE, le logiciel de l'Education Nationale où les profs mettent les notes distingue même :

Langue d'oc - limousin, langue d'oc - auvergnat, langue d'oc -occitan, langue d'oc - provençal, et langue d'oc - gascon.

où l'on voit donc que "occitan" veut dire "languedocien".
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Felibre d'Auvernho



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Messageécrit le Wednesday 27 Apr 11, 14:37 Répondre en citant ce message   

Pour ce qui est de la différence entre langues d'oïl (au pluriel) et langue d'oc (au singulier), je laisse la parole à Cerquiglini et à son rapport sur les langues de France

Cerquiglini n'est pas Auvergnat, et vous ne pouvez pas coller sur les Auvergnats les délires de Cerquiglini. Par ailleurs même si ce monsieur a un placard doré dans l'administration, ses rapports sont de simples rapports, et n'ont heureusement pas force de loi.
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Xavier
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Messageécrit le Wednesday 27 Apr 11, 15:10 Répondre en citant ce message   

Citation:
le terme "occitan" est le seul légal pour désigner cette langue dans le droit français

a-t-on le droit de dire cela ?
n'est-ce pas prendre ses désirs pour la réalité ?

Et c'est aussi incohérent : on fustige le centralisme français quand ça nous arrange et on défend ce même centralisme quand ça nous arrange ? étrange...

Le conseil régional de Provence reconnait "officiellement" (mais est-ce le terme adéquat ?) le provençal comme langue de la Provence (et aussi le nissart)
On pourrait aussi respecter la décentralisation,, surtout quand il s'agit de langues régionales ?
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Valeia



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Messageécrit le Wednesday 27 Apr 11, 15:29 Répondre en citant ce message   

- Le peuple est-il "libre" ? Les classes populaires sont soumises à l'hégémonie idéologique des classes dominantes (si on me pardonne cet emploi d'une terminologie d'extrême-droite), qui leur inculque un sens commun dont elles ne peuvent se défaire qu'au prix d'un gros travail : ça vaut aussi pour la place donnée aux langues (langues officielles/pas officielles, rentables en termes d'ascension sociale/enfermant dans une condition subalterne, etc. Avouez que ça limite quand même pas mal le "choix" de conserver ou non la langue). Le nom donné à la langue fait partie du dispositif : ce ne sont pas les dialectophones qui ont inventé le mot "patois."

-Région/espace interrégional : c'est la contradiction principale de la langue d'oc. Ses locuteurs -je ne parle pas des néos qui ont lu dans les livres, mais des locuteurs ordinaires -évoluent entre deux images de l'espace de la langue. ils peuvent vous dire dans un même mouvement qu'ils ne comprennent pas le patois du village d'à côté, mais que quand ils faisaient leur service militaire loin du village, ben, les gens de là-bas parlaient à peu près comme au village. Et depuis les débuts de la renaissance d'oc les acteurs de cete renaissance sont partagés entre l'attachement affectif à la variété qu'ils maîtrisent et la conscience, construite intellectuellement, que leur variété s'incrit dans un grand ensemble. J'ajoute à un autre niveau que le fait d'ouvrir le local sur un espace plus général me paraît un moyen d'éviter l'enfermement localiste et le "desouchisme",un des dangers qui guettent ceux qui se passionnent pur les langues régionales, l'autre danger étant celui du nationalisme. OUvrons les portes, nom de Dieu, et ne nous limitons pas à notre propre dialecte, à notre propre terroir !

-Sur le parallèle langue d'oc/ langues d'oïl, Pasha donne une citation de Cerquiglini qui me paraît éclairante. Les défenseurs du picard, du poitevin ont besoin de l'étiquette langue pour que ce qu'ils défendent ne soit pas confondu avec des formes de français régional. Le cas de l'occitan n'a rien à voir, puisqu'il n'existe pas de standard dont les formes locales auraient intérêt se différencier, et que toutes les formes locales, chacune en leur lieu, sont l'occitan, les "mille parlers qui n'en font qu'un dont parlait le poète Perbosc.. J'ajoute que d'un point de vue scientifique, si le terme de langues romanes au pluriel a un sens, on ne voit pas celui que pourrait avoir langues d'oc : ou il y a une lanue d'oc, ou il y a plein de langues romanes distinctes qui n'ont pas à être rassemblées dans une autre famille que celle, générique, des langues romanes.

-Quand je parle de "localistes effrénés", je ne parle pas de vous mais de gens qui sont de vraies boules de haine et avec lesquelles il est impossible de discuter. Et je maintiens, d'expérience, ce que je dis sur la façon dont le ministère peut exploiter ces haines et ces revendications pour ne rien faire.

-Au passage, rassurez-vous, le ministère ne risque pas d'imposer quelque forme standard que ce soit au détriment des parlers locaux: il s'en contrefout d'autant plus que les "chargés de mission" du ministère censés suivre ces affaires commencent en général par vous expliquer qu'ils découvrent le dossier, et quand vous prenez de nouveau rendez-vous avec eux pour voir ce qu'ils ont découvert, vous découvrez qu'ils ont été remplacés par un nouveau bureaucrate qui vous explique qu'il découvre le dossier et ragnagna. Ce qui se passe dans la vraie vie, c'est que le prof affecté dans une région qui n'est pas la sienne fait l'effort de s'initier à la forme locale. Jai connu ainsi trois néo-certifiés d'occitan-langue d'oc (oui, c'est la vraie formule depuis 1991 pour le CAPES) gascons, languedociens ou auvergnats affectés en PACA dans la zone vivaro-alpine (je maintiens, beine entendu) et qui avaient acquis la forme locale.

-Je ne vois pas en quoi "languedocien" est bizarre: tout le monde emploie ce terme très normalement, et on ne le confond pas avec "occitan" .
Quant à ce qu'on parle dans le Gard oriental (Nîmes, Uzès, Vaunage), il s'agit de parlers languedociens qui ont été touchés la fin du XVIIIe siècle par des innovations phonétiques et morphologiques venues de l'est du Rhône, et qui sont donc devenus "provençaux". Car le provençal n'est pas donné de toute éternité, il s'est bâti entre le XVIIe et le XVIIIe sur quelques innovations qui l'ont disjoint du languedocien, et qui ensuite se sont répandues vers l'ouest et vers le nord, aux dépens du languedocien et de l'alpin.
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Xavier
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Messageécrit le Wednesday 27 Apr 11, 16:01 Répondre en citant ce message   

Valeia a écrit:
Les classes populaires sont soumises à l'hégémonie idéologique des classes dominantes.

C'est ta façon de voir les choses. Je ne suis pas convaincu qu'on puisse dire que c'est un fait.
Cela mérite un débat plus approfondi. Le cadre du forum ne le permet pas.

Encore une fois, vous mélangez les opinions et les faits.

Qu'il y ait une influence des "classes dominantes", je ne le nie pas. Mais il faut nuancer. Elle est loin d'être totale.
Et il faut éviter de parler au nom du peuple.

Citation:
Ouvrons les portes, nom de Dieu, et ne nous limitons pas à notre propre dialecte, à notre propre terroir !

Pourquoi pas... Vous avez le droit de penser cela, d'appeler dans ce sens, mais j'estime que vous devez aussi respecter ceux qui défendent leur dialecte local.
Sinon, autant critiquer les partisans des langues régionales et, au nom de l'ouverture, appeler tout le monde à employer la langue française !
D'autant plus qu'on ressent toujours de façon très forte l'identité au terroir, au local. On est avant tout l'habitant de son village, de sa vallée.
Ce qui n'empêche pas de s'ouvrir.

Ensuite, il y a le problème de l'apprentissage. Quelle langue doit-on apprendre ? le patois local ou la langue régionale ?
Ou bien, parler n'importe comment , en employant des termes ici où là, sans respect de la grammaire, l'orthographe etc... ?

Enfin, cette phrase peut aussi être comprise comme "faisons table rase du passé !"

S'ouvrir, c'est bien gentil. Mais il y a souvent une langue plus faible qui cède devant une langue plus forte.

Je serais plutôt partisan du juste milieu, à la fois local et régional. En ayant bien conscience que le plus faible est le plus menacé.
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Pasha



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Messageécrit le Wednesday 27 Apr 11, 16:20 Répondre en citant ce message   

Quelques remarques pour Felibre :
- on ne peut plus vérifier les chiffres, je ne retrouve plus le détail de l'enquête sur le site de l'IFOP, c'est donc parole contre parole...
- je n'ai jamais collé la réalité limousine sur l'Auvergne, je ne vois pas pourquoi tu dis cela
- la langue n'est pas morte en Haute-Vienne, en Creuse ou en Charente, je t'invite à y aller te rendre compte par toi même
- les termes occitan et langue d'oc sont utilisés dans les arrêtés, en effet. Mais la loi Deixonne n'en connait qu'un.
- le rapport de Cerquiglini est un rapport au premier ministre (Jospin à l'époque), il a force de rien du tout sauf de rapport à un premier ministre, mais il répond à la question que se pose Xavier, à savoir pourquoi dire langues d'oïl et langue d'oc. D'ailleurs, le Félibrige dont tu te réclames parle de langue d'oc au singulier. Il n'y a que les anti-occitanistes qui utilisent le pluriel.

Pour Xavier, deux définitions (définitions du Larousse en ligne) :
officiel : Qui émane du gouvernement, de l'Administration, des autorités compétentes.
légal : Conforme à la loi, qui a valeur de loi, qui est défini par la loi.

Donc on peut dire qu'officiellement, le provençal est une langue de Provence et que légalement, l'Education Nationale (donc l'Etat) l'appelle occitan (voire occitan-langue d'oc). Mais ce dernier terme n'apparaît dans aucune loi, juste dans des arrêtés. Je peux donc dire qu'occitan est le terme légal en France et en Espagne. A cela prêt que le terme provençal a été utilisé dans une loi sous Vichy (dont je peux retrouver les références) mais je ne sais pas s'il fallait le prendre dans le sens d'occitan (comme au XIXe) ou juste de provençal (d'occitan de Provence, quoi, pour faire l'extrémiste de droite...).
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Pasha



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Messageécrit le Wednesday 27 Apr 11, 16:37 Répondre en citant ce message   

@ Xavier

Moi je ne comprends pas du tout le propos de Valeia comme Xavier. Pour moi, langue régional et patois local, c'est la même chose. La même langue. Je ne change pas de langue quand je m'adresse à un locuteur naturel du coin ou quand je parle à un occitaniste béarnais ou de Montpellier. Sauf que je ne me limite pas à mon coin du Limousin dans ma pratique linguistique. je ne suis pas en lutte contre les autres patois.
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Xavier
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Messageécrit le Wednesday 27 Apr 11, 16:40 Répondre en citant ce message   

Ce sont des termes juridiques. Et on ne peut pas présenter cela avec la définition du Larousse. C'est un peu trop simpliste.
Il faudrait l'avis d'un expert en droit.

Et puis quelle est l'autorité de ces textes ?
Et celle de l'Education nationale ? En dehors de l'Education nationale, point de salut ?

Je trouve que vous avez une façon bien "catholique" de concevoir la langue (donc opposée à ma culture protestante) !
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Pasha



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Messageécrit le Wednesday 27 Apr 11, 16:57 Répondre en citant ce message   

Felibre d'Auvernho a écrit:
Vous avez osé prétendre que "occitan était courant en Auvergne" parce que vous l'employez, mais vous êtes Limousin! Vous n'êtes pas Auvergnat !
Non, relisez, je cite les chiffres du sondage, je n'ai pas dit que c'était courant en Auvergne par ce que c'est ce que je dis. J'ai juste donné mon avis, et essayé de décrire la situation que je vois en Limousin. Je ne dis pas que c'est la même chose en Auvergne, je n'en sais rien. J'aurais du sauter une ligne, mon propos aurait été plus claire. Arrêtez la psychose !

Felibre d'Auvernho a écrit:
- disparition de la langue en dehors de la Corrèze.
C'est faux et comme vous êtes Auvergnat et pas Limousin, vous n'en savez rien...
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