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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3672 Lieu: Massalia
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écrit le Thursday 16 Feb 12, 21:34 |
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Pour éviter les doublons, n'y figureront pas les mots tels que U-turn, X-Bein ou ceux dont la lettre correspond à une abréviation comme U-Bahn ( métro).
Peuvent être aussi concernées des expressions évoquant des signes diacritiques ou l'alphabet lui-même.
Premiers exemples:
* Droit comme un I.
* faire le V de la victoire
* Mettre les points sur les i. = donner tous les détails, expliquer clairement sans laisser le moindre doute.
* Da fehlt auch nicht das Pünktchen auf dem i. Il n'y manque même pas le (petit) point sur le i = tout est parfait, complet, il ne manque rien.
* Bis auf letzte I_Tüpfelchen = jusqu'au dernier point sur le I = très exactement, méticuleusement.
* Etwas aus dem Effeff ( f f) kennen, verstehen, beherrschen = savoir, comprendre, dominer quelque chose par ff ( à partir de ff): savoir quelque chose parfaitement, dominer son sujet .
Ici, il existe plusieurs explications à ce f redoublé, ff ( Effeff) :
1) En langage commercial dès le XVIIème siècle, les marchandises pouvaient être qualifiées par la lettre F ( fino) = fein= bonne qualité ou par FF = finissimo ( sehr fein= très bonne qualité) . De là, le FF aurait été perçu comme étant le mieux.
2) L'origine pourrait se trouver dans le langage musical: F = forte et FF = fortissimo ( très fort)
3) Selon le dictionnaire de Röhrich, la troisième explication est plus vraisemblable: dans les Pandekten ( pandectae en latin, { désolée, je ne trouve pas l'équivalent français} ) appelées aussi Digesten de digesta en latin, des recueils de textes écrits par des juristes romains , les copistes notaient des abréviations par le signe ff . Lequel n'aurait pas du tout représenté en fait un double F, mais la lettre grecque π indiquant par là qu'ils faisaient une citation venant des pandectae . Au 16ème siècle encore, les juristes notaient ff pour indiquer ces œuvres, et tout au long du Moyen Âge c'est de ces textes que ces experts tiraient leur savoir, d'où l'expression populaire s'expliquant par une fausse interprétation du signe.
* Nicht ein Jota ou bien kein Jota: pas un iota = rien du tout
à comparer avec notre:
* Ne pas bouger d'un iota .
Dernière édition par rejsl le Friday 17 Feb 12, 13:27; édité 1 fois |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3672 Lieu: Massalia
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écrit le Thursday 16 Feb 12, 22:13 |
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et
* Das ABC einer Sache lernen = apprendre le b.a.-ba.
* von A bis Z: de A à Z = du début à la fin.
* Wer A sagt muss auch B sagen ( qui a dit A doit aussi dire B) correspond à quand le vin est tiré, il faut le boire.
* das A und O = l'alpha et l'oméga = le début et la fin, donc le tout, la plénitude. Référence à l'alphabet grec dans lequel l'alpha occupe la première place et l'oméga la dernière. Quant à l'acception religieuse de l'expression, je laisse le soin à de plus qualifiés que moi de l'expliquer. |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6533 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Thursday 16 Feb 12, 23:59 |
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angl. Plan B : Plan d'actions alternatif prévu si le plan initial (sous-entendu le plan A) ne marche pas. S'utilise sans article, avec une majuscule.
Ex. What happens if Plan B doesn't work. (Que se passe-t-il si le plan B ne marche pas)
L'expression est actuellement populaire dans le domaine de la contraception.
Je soupçonne une origine militaire de l'expression. |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Friday 17 Feb 12, 5:14 |
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Citation: | ( pandectae en latin, { désolée, je ne trouve pas l'équivalent français} ) |
C'est... pandectes, l'équivalent français ! Mieux vaut parler de translittération... Pandectes vient du grec par l'intermédiaire du latin, et digestes vient directement du latin.
Citation: | Ne pas bouger d'un iota . |
Je connais l'expression sous la forme : ne pas changer un iota.
C'est une référence religieuse, tirée du Nouveau Testament, Matthieu, 5, 18, dans la traduction Chouraqui :
Citation: | ... tant que les ciels et la terre ne seront pas passés, pas un yod d'autres traduisent pas iota)pas un signe de la tora ne passera que tout n'advienne. |
Ainsi s'affirme la continuité du christianisme par rapport au judaïsme. Le iota est la plus petite lettre de l'alphabet grec, et le yod la plus petite lettre de l'alphabet hébreu.
Hors du contexte religieux, ne pas changer un iota signifie transmettre avec exactitude. |
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Charles Animateur
Inscrit le: 14 Nov 2004 Messages: 2526 Lieu: Düſſeldorf
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écrit le Friday 17 Feb 12, 9:58 |
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Deux expressions toujours employées russes avec des lettres supprimées en 1918.
Знать на ять - connaître sur le bout des doigts, lit. savoir à yat'. Le yat' (ѣ) est une lettre dont l'emploi correct montrait la culture d'une personne.
Поставить точку над і - mettre le point sur le i. |
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András Animateur
Inscrit le: 20 Nov 2006 Messages: 1488 Lieu: Timişoara, Roumanie
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écrit le Friday 17 Feb 12, 12:01 |
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rejsl a écrit: | * Wer A sagt muss auch B sagen ( qui a dit A doit aussi dire B) correspond à quand le vin est tiré, il faut le boire. |
Reprise par le hongrois : Aki át mond, mondjon bét is [Qui dit A, qu'il dise aussi B.] |
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dawance
Inscrit le: 06 Nov 2007 Messages: 1897 Lieu: Ardenne (belge)
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écrit le Friday 17 Feb 12, 12:41 |
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Et en néerlandais.
Sur l'alpha et l'omega, cité par rejsl: Citation: | La tradition chrétienne assimile souvent Jésus-Christ à l'alpha et l'oméga, du nom de la première et de la dernière lettre de l'alphabet grec classique (ionique) (α et ω). Cela symbolise l'éternité du Christ | Le sens initial (plénitude) est quelque peu étendu: à la fois le commencement et la fin du monde.
Cette métaphore est reprise par Teilhard de Chardin dans "Le phénomène humain" (1955). |
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ramon Animateur
Inscrit le: 13 Jan 2005 Messages: 1395 Lieu: Barcelone, Espagne
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écrit le Friday 17 Feb 12, 19:51 |
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En espagnol:
(I) Poner los puntos sobre las íes : mettre les points sur les i
(H, B) Por hache o por be : pour une raison ou une autre
(R) Erre que erre : obstinément (Voir mon message de correction du 11 juin 2012)
(A, Z) De la A a la Z : du debut à la fin, tout, complet
(H) Llámelo H : appelez ça comme vous voulez
(J) No entender ni jota = n’y comprendre rien du tout
(,) No quitar ni una coma = (litt. ne pas enlever une virgule) ne changer absolument rien d’un texte
Dernière édition par ramon le Monday 11 Jun 12, 18:28; édité 1 fois |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3672 Lieu: Massalia
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écrit le Friday 17 Feb 12, 20:31 |
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Citation: | Je connais l'expression sous la forme : ne pas changer un iota.
C'est une référence religieuse, tirée du Nouveau Testament, Matthieu, 5, 18, dans la traduction Chouraqui :
Citation: | Citation:
... tant que les ciels et la terre ne seront pas passés, pas un yod d'autres traduisent pas iota)pas un signe de la tora ne passera que tout n'advienne. |
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On trouve trace, bien sûr, de cela dans le judaïsme mais pas directement dans la Torah. Il est évident pour la religion juive, religion du Livre, que pas une lettre des textes sacrés ne peut être ôtée ou changée. L'hébreu, la langue même , étant loshn-koydesh, לשון־קודש = langue sainte, on ne peut changer quoi que ce soit à l'orthographe des mots, quand bien même ces hébraïsmes intégrés dans les différentes langues juives se prononceraient bien autrement que le terme d'origine.
Une expression yiddish en témoigne, issue du même impératif religieux, mais évoquant la lettre, le caractère de l'alphabet et non le yod.
Lettre de l'alphabet: אות = os , pluriel : אותיות = oysyes
- נישט נאַכגעבן אָן אות = nisht nakhgebn on os = ne pas céder une lettre = tenir bon, tenir ferme.
Sur Babel, il nous faut à présent séparer les deux références, l'une migrant vers les expressions bibliques, l'autres vers celles issues de la religion. Le lien restera ici, grâce aux lettres.
Dernière édition par rejsl le Friday 23 Mar 12, 21:24; édité 1 fois |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3672 Lieu: Massalia
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écrit le Saturday 18 Feb 12, 0:35 |
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yiddish : Quelques autres expressions faisant intervenir la lettre אות ,אותיות , os, oysyes:
* לױטן אות פֿון געזעצ = loytn os fun gezets = selon la lettre de la Loi = de façon formelle, sans déroger.
* אַ טױטער אות = a toyter os = une lettre morte = une chose inutile, un sujet incompréhensible.
* אות־ באות = os-beos = littéralement
Ex :אות־ באות דער טאַטע = os-beos der tate = le père à la lettre = c'est son père tout craché.
*בלײַבן אָן אותיות = blaybn on oysyes = rester sans lettres = ne rien avoir à répondre, rester sans voix.
* די קלײנע אותיות = di kleyne oysyes = les petits caractères : expression qui désigne la Torah, les textes traditionnels du judaïsme et leur étude.
exemple: ער יז באַהאַװנט אין די קלײנע אותיות = er iz bahavnt in di kleyne oysyes = il est calé, versé dans les petites lettres , c'est un érudit du judaïsme, versé dans l'étude de la Torah.
Explication: : Les textes traditionnels en hébreu étaient réputés être écrits en petis caractères. De plus, pas de majuscules en hébreu ou yiddish.
*קידוש-לבֿנה-אותיות = kidesh-levone-oysyes = lettres de la bénédiction de la lune expression qui désigne les écrits en gros caractères
Explication: קידוש-לבֿנה , kidesh-levone est la bénédiction du mois courant, de la nouvelle lune, qu'on récite de nuit face à la lune entre le troisième et le quinzième jour de la lunaison. Le texte de cette bénédiction est traditionnellement écrit en très gros caractères pour pouvoir être déchiffré à la seule lumière de la lune, dans la penombre. Du coup, les kidesh-levone-oysyes sont les gros caractères en typographie en yiddish, en hébreu cela se dit otiot shel kiddush levanah
Citation: | On the other hand, letters appearing in any book in large print are referred to in Hebrew as (otiot shel kiddush levanah), letters for sanctifying the new moon. This is because the blessing for the Sanctification of the Moon is recited outdoors by moonlight, and the print in the prayerbook is therefore always large. |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Saturday 18 Feb 12, 1:44 |
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Citation: | Une expression yiddish en témoigne, issue du même impératif religieux, mais évoquant la lettre, le caractère de l'alphabet et non le yod. |
C'est André Chouraqui qui introduit le yod dans le texte.
L'auteur grec emploie les mots iota, la voyelle i, et keraia, la petite corne qui désigne un signe diacritique : ἰ .
(J'ai copié le iota esprit doux, pour montrer le caractère infinitésimal de la chose.)
Les traducteurs non issus de la tradition judaïque rendent généralement par un i et un point sur l'i, ce qui frôle la trahison, AMHA. |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6533 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Saturday 18 Feb 12, 4:09 |
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angl. "To dot the i's and cross the t's" : litt. "Pointer les i et barrer les t.", prendre soin de tous les détails, etre méticuleux. |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3875 Lieu: Paris
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écrit le Saturday 18 Feb 12, 14:45 |
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Glossophile a écrit: | Les traducteurs non issus de la tradition judaïque rendent généralement par un i et un point sur l'i, ce qui frôle la trahison, AMHA. |
Mais une traduction en français d'une phrase dite en araméen (?) par Jésus, collectée ensuite par Matthieu en araméen ou en hébreu, puis traduite en grec par lui ou Philippe ou un autre, puis en latin et en français, peut-elle avoir du sens quand la phrase originale se réfère à un environnement culturel totalement différent du lecteur français moyen ? Le choix du i et point sur le i ne correspond pas à l'original, mais apporte un sens général compréhensible en français et qui n'est pas nécessairement éloigné de l'enseignement visé. S'embarquer dans les yod et les diacritiques nécessite du lecteur français un arrière-plan culturel plus grand ; c'est généralement le cas de ceux qui lisent Chouraqui, heureusement. Pour les premiers qui se contentent du i, ils donnent généralement en note des explications complémentaires afin d'éclairer le lecteur curieux et de ne pas égarer ou indisposer le lecteur ingénu.
De toute façon, si je comprends bien certains commentateurs (Vayikra Rabba), ce qui est visé, ce sont plutôt les petits coups de plume qui permettent de distinguer ב beth de כ caph; ח cheth de ה he; ר resh de ד daleth, ou de transformer (déformer) l'un en l'autre ; le iota et l'esprit doux ne sont guère plus adaptés en traduction. Tout ça, c'est de l'hébreu pour moi, et je compte sur rejsl ou Xavier pour des explications plus pertinentes. |
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rejsl Animatrice
Inscrit le: 14 Nov 2007 Messages: 3672 Lieu: Massalia
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écrit le Saturday 18 Feb 12, 18:22 |
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Citation: | De toute façon, si je comprends bien certains commentateurs (Vayikra Rabba), ce qui est visé, ce sont plutôt les petits coups de plume qui permettent de distinguer ב beth de כ caph; ח cheth de ה he; ר resh de ד daleth, ou de transformer (déformer) l'un en l'autre ; le iota et l'esprit doux ne sont guère plus adaptés en traduction. Tout ça, c'est de l'hébreu pour moi, et je compte sur rejsl ou Xavier pour des explications plus pertinentes. |
Difficile pour moi de dire à quoi les commentateurs chrétiens de textes chrétiens font réellement allusion. Les textes judaïques ne commentent ni les paroles de Jésus ni celles des Évangiles.
Cependant, si la référence concerne les textes des rouleaux de la Torah ( Sefer Torah) en caractères hébraïques anciens, il semble évident, pour moi tout au moins, qu'il n'y a aucun risque de confusion entre et ni entre les autres lettres que vous citez. Il ne s'agit pas seulement de coups de plume mais de formes différentes, de lignes droites ou d'arrondis par exemple.
En revanche, observez ici une page reproduisant un extrait du Sefer Torah, ce qui frappe, c'est la présence de ces nombreux signes diacritiques au dessus de certaines lettres. Leur présence ou absence change la prononciation du mot , transforme donc le sens et du mot et du texte. C'est, à mon avis, ainsi qu'il faut comprendre cette insistance à ne changer ni une lettre ni le moindre signe pour ne pas altérer le message.
En hébreu ou yiddish moderne, ces signes diacritiques, placés différemment, existent toujours et gardent la même importance.
Ainsi, le khof , se prononce comme le Ach-Laut allemand, la jota espagnole.
Alors que le le kof se prononce comme le K de kilo. Seul le point à l'intérieur de la lettre permet de les distinguer. |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3875 Lieu: Paris
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écrit le Saturday 18 Feb 12, 18:37 |
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rejsl a écrit: | Difficile pour moi de dire à quoi les commentateurs chrétiens de textes chrétiens font réellement allusion. Les textes judaïques ne commentent ni les paroles de Jésus ni celles des Évangiles. |
Le lien que j'ai donné plus haut faisait référence à des textes judaïques commentant des textes qui se trouvent aussi dans l'Ancien testament :
Citation: | In Vayikra Rabba, s. 19, it is said:
"Should any person in the words of Deuteronomy 6:4, Hear, O Israel, the Lord our God is אחד achad, One Lord, change the ד daleth into a ר resh, he would ruin the world." [Because, in that case, the word אחר achar, would signify a strange or false God].
"Should any one, in the words of Exodus 34:14, Thou shalt worship no Other, אחר achar, God, change ר resh into ד daleth, he would ruin the world." [Because the command would then run, Thou shalt not worship the Only or true God].
"Should any one in the words of Leviticus 22:32, Neither shall ye Profane תחללו techelelu, my holy name, change ח cheth into ה he, he would ruin the world." [Because the sense of the commandment would then be, Neither shall ye Praise my holy name].[...] |
J'ai trouvé ces commentaires obscurs et j'espérais vos lumières.
rejsl a écrit: | Cependant, si la référence concerne les textes des rouleaux de la Torah ( Sefer Torah) en caractères hébraïques anciens, il semble évident, pour moi tout au moins, qu'il n'y a aucun risque de confusion entre et ni entre les autres lettres que vous citez. Il ne s'agit pas seulement de coups de plume mais de formes différentes, de lignes droites ou d'arrondis par exemple. |
Pourtant, d'un point de vue géométrique, la seconde lettre est à très peu près entièrement contenue dans la première. Autrement dit, on peut d'un seul petit coup de grattoir transformer la première en la seconde, ou d'un seul petit coup de calame transformer la seconde en la première.
Cela dit, je ne mentionne cela que parce que j'ai lu les commentaires ci-dessus. Jusque-là, mon interprétation allait plutôt aux signes diacritiques qui, en hébreu comme en arabe, ont un rôle capital dans la lecture d'un texte.
Dernière édition par embatérienne le Saturday 18 Feb 12, 18:59; édité 1 fois |
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