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Feintisti
Inscrit le: 09 Oct 2005 Messages: 1591 Lieu: Liège, Belgique
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écrit le Sunday 08 Mar 15, 12:19 |
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Je me pose la question de savoir si les dialectes du Levant sont toujours marqués par l'araméen, ancienne langue vernaculaire dans la région.
Je ne connais pas vraiment la grammaire de cette langue, mais je sais qu'elle est similaire à l'hébreu.
Or, deux traits que j'y ai trouvés sont:
1) l'utilisation généralisée de iyya avant un complément direct lorsqu'un complément indirect précède, là où d'autres dialectes agglutineraient compléments indirect et direct; la particule s'emploie largement en hébreu (pour un complément direct défini) sous la forme de et (ot- avec suffixes) (notez que le farsi fait un usage similaire de la particule ra)
2) l'utilisation fréquente de bi- pour remplacer fî, sans vraiment de différence de sens; l'hébreu utilise toujours be-.
Pensez-vous que l'on puisse considérer ces traits typiques des dialectes du Levant comme des influences de l'araméen ?
En connaissez-vous d'autres ? |
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tounsi51
Inscrit le: 12 Dec 2013 Messages: 203 Lieu: Dubai
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écrit le Sunday 08 Mar 15, 14:57 |
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Feintisti a écrit: | 1) l'utilisation généralisée de iyya avant un complément direct lorsqu'un complément indirect précède, là où d'autres dialectes agglutineraient compléments indirect et direct; la particule s'emploie largement en hébreu (pour un complément direct défini) sous la forme de et (ot- avec suffixes) (notez que le farsi fait un usage similaire de la particule ra) |
Vous voulez parler de la particule comme dans "ab3atli iyaha" (Levant/Golfe) c'est-a-dire "envoie-le moi"? En comparaison avec le "ab3at'houli" (Egypte/Maghreb)
Il me semble que grammaticalement la première est correcte en arabe. |
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Mr M
Inscrit le: 15 Aug 2012 Messages: 372
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écrit le Sunday 08 Mar 15, 15:19 |
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Je relève deux traits marquants dans les dialectes levantins, la prononciation en "eh" de la lettre ta marbouta ( ah) ة, et la tendance à ne pas prononcer la première voyelle courte ( par exemple "kabir", grand, y est prononcé "kbir") un peu à l'instar des dialectes maghrébins.
Peut-on y voir l'influence d'un substrat ? ( je ne connais ni l'araméen ni l'hébreu) |
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Feintisti
Inscrit le: 09 Oct 2005 Messages: 1591 Lieu: Liège, Belgique
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écrit le Sunday 08 Mar 15, 18:46 |
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tounsi51, oui c'est bien ça. Mais j'avais lu aussi quelque part qu'en général la particule "iyya" était nettement plus utilisée (même dans des textes en arabe littéraire) dans le Levant (et même dans des cas où elle n'est pas nécessaire) qu'ailleurs.
Mr M, pour "kbir", je me suis dit que vu qu'il en valait de même (à ma connaissance) pour les dialectes maghrébins, on ne pouvait pas vraiment parler d'un trait typiquement levantin. Cela dit, je sais qu'en levantin, on a tendance à utiliser une voyelle d'appui juste avant quand le contexte le demande: rajjel ekbir "un grand homme". Je crois qu'en hébreu, la première voyelle courte a tendance à être délaissée, donc on a souvent des mots qui commencent par deux consonnes. Je me demande si c'est également le cas en araméen.
Une autre caractéristique des dialectes du Levant est l'ajout d'une voyelle entre deux consonnes à la fin d'un mot: sahl > sahel, etc.
J'ignore aussi si ce trait vient de l'araméen. |
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Mr M
Inscrit le: 15 Aug 2012 Messages: 372
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écrit le Sunday 08 Mar 15, 19:04 |
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La disparition de la première voyelle est un trait typiquement levantin au Moyen-Orient ( dans ce qu'on appelle l'arabe oriental opposé à l'arabe occidental), au Maghreb certains imputent cette prononciation à l'influence du berbère, mais le fait que ce phénomène se retrouve dans d'autres dialectes arabes ne permet pas d'être catégorique.
Il est possible que dans les deux cas, l'influence de deux substrats différents aient abouti au même résultat ( même si le phénomène est bien plus marqué au Maghreb qu'au Levant)
La fausse voyelle d'appui existe également dans les dialectes du Maghreb, par exemple "des gens bien", se dira "nas e mlaH" ( ناس ملاح)
Cela facilite la prononciation en évitant d'avoir trop de consonnes consécutives. |
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tounsi51
Inscrit le: 12 Dec 2013 Messages: 203 Lieu: Dubai
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écrit le Sunday 08 Mar 15, 19:52 |
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Feintisti a écrit: | tounsi51, oui c'est bien ça. Mais j'avais lu aussi quelque part qu'en général la particule "iyya" était nettement plus utilisée (même dans des textes en arabe littéraire) dans le Levant (et même dans des cas où elle n'est pas nécessaire) qu'ailleurs. |
Mais le iyah s'emploie également dans les dialectes du Golfe. Toujours |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3864 Lieu: Paris
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écrit le Sunday 08 Mar 15, 20:34 |
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Mr M a écrit: | La fausse voyelle d'appui existe également dans les dialectes du Maghreb, par exemple "des gens bien", se dira "nas e mlaH" ( ناس ملاح)
Cela facilite la prononciation en évitant d'avoir trop de consonnes consécutives. |
C'est probablement un aspect linguistique qu'on trouve un peu partout, y compris en français où "Parc des Princes" se prononce souvent "Parque des Princes". |
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Mr M
Inscrit le: 15 Aug 2012 Messages: 372
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écrit le Sunday 08 Mar 15, 20:53 |
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embatérienne a écrit: | y compris en français où "Parc des Princes" se prononce souvent "Parque des Princes". |
Cette prononciation sonne assez "sudiste" je trouve, mais oui, très généralement prononcer trois consonnes à la suite est assez compliqué.
Cependant toutes les langues n'ont pas la même tolérance, l'arabe maghrébin ( et en particulier marocain) tolèrent plus facilement les successions de consonnes que l'arabe oriental. |
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Luba1994
Inscrit le: 15 Mar 2015 Messages: 10 Lieu: France
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Shaoul
Inscrit le: 10 Apr 2015 Messages: 17 Lieu: Rhône-Alpes
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écrit le Friday 10 Apr 15, 21:56 |
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"Je me pose la question de savoir si les dialectes du Levant sont toujours marqués par l'araméen, ancienne langue vernaculaire dans la région.
Je ne connais pas vraiment la grammaire de cette langue, mais je sais qu'elle est similaire à l'hébreu."
Au contraire des intervenants, je ne sais pas l'arabe, mais un peu d'hébreu et d'araméen. Ces deux langues ont beau se ressembler parfois, elles ne sont pas absolument similaires. En particulier, l'état construit hébreu devient souvent une forme analytique en araméen : "le jour du jugement" se dira en hébreu yom-ha-din, en araméen yoma de-dina, avec une particule qui sert à marquer le complément de nom. Si l'hébreu possède, comme l'arabe, un article défini préfixé (ha- / al-), l'araméen place son article défini en fin de mot : ha-melekh, le roi en hébreu, en araméen malk-a.
En revanche, je suis frappé par la remarque sur les initiales de mots à deux consonnes : l'hébreu place la voyelle particulière nommée shewa, entre les deux consonnes en début de mot, et on trouve la même chose dans les textes araméens vocalisés, mais beaucoup plus fréquemment qu'en hébreu. C'est peut-être un trait levantin. |
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Feintisti
Inscrit le: 09 Oct 2005 Messages: 1591 Lieu: Liège, Belgique
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écrit le Friday 10 Apr 15, 23:33 |
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Shaoul a écrit: | En particulier, l'état construit hébreu devient souvent une forme analytique en araméen : "le jour du jugement" se dira en hébreu yom-ha-din, en araméen yoma de-dina, avec une particule qui sert à marquer le complément de nom. |
Ce type de construction est également possible en arabe, mais je ne sais pas si c'est plus fréquent dans le Levant. Voir cette discussion. |
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