Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant |
Auteur |
Message |
Nikura
Inscrit le: 08 Nov 2005 Messages: 2035 Lieu: Barcino / Brigantio
|
écrit le Friday 09 Mar 07, 16:51 |
|
|
Le verbe douloir est tombé en désuétude, remplacé par l'expression avoir mal à.
Le mot provient du verbe latin dŏleō, -ēs, -ēre lui-même formé sur le mot dŏlŏr, -ōris, signifiant "douleur physique, souffrance".
À noter que le verbe s'employait en latin avec le sens "éprouver de la douleur, souffrir", avec emploi de préposition.
Ex: Doleo ab oculis. = J'ai mal aux yeux.
On le rencontre cependant avec fréquence dans les écrits du XVIº siècle (Ronsard, du Bellay...).
En voici la conjugaison (avec graphie d'époque) :
je deulx, tu deulx, il deult, nous doulons, vous doulez, ils deulent
Exactement comme "vouloir". Aujourd'hui on supprimerai donc le -l- des trois premières personnes.
Je présume que la disparition de ce verbe provient d'un risque de confusion.
Ex:
"- La tête me deut...
- De quoi ?!"
L'expression "avoir mal" est polysyllabique et plus claire. La relation douloir/douleur se transmets peut-être clairement avec les formes "doulons/doulez" (rares) mais avec des formes mononsyllabique, il manque de clarté. L'expression "avoir mal", passez-moi l'expression, cible la douleur, grâce au mot "mal".
L'espagnol semble être l'unique langue à avoir maintenu l'usage de ce verbe quelque peu archaïque : doler (Conjugaison: duelo, dueles, duele, dolemos, doléis, duelen). Ex: Me duele la cabeza. = J'ai mal à la tête.
L'italien a eu utilisé ce verbe "dolere", avec la même conjugaison que "volere" (vouloir), comme en français (doglio, duoi, duole, dogliamo, dolete, dogliono). Il ne l'emploie plus de nos jours.
Il me reste à vérifier si le catalan l'a connu (c'est fort probable, tout comme en occitan) et comment il le conjugait.
Le roumain conserve également ce verbe pour désigner le poids, la compassion, la nostalgie.
Il est à remarquer cela dit que ce verbe s'emploie principalement de façon impersonnelle, à la troisième personne. Son emploie est donc souvent pronominal.
À rapprocher aussi de l'ancien verbe souloir, remplacé par l'expression "avoir l'habitude de".
> soler
Dernière édition par Nikura le Friday 09 Mar 07, 17:03; édité 1 fois |
|
|
|
|
José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
|
écrit le Friday 09 Mar 07, 17:01 |
|
|
Sur le même mode, on a "souloir" : avoir l'habitude de
soler (en esp.), solere (en ital.)
La tournure est peut-être plus exclusivement impersonnelle en italien qu'en espagnol (Nikura?)
En tout cas, ces verbes ont un charme fou, tant à l'infinitif que conjugués.
Dernière édition par José le Wednesday 26 May 10, 13:24; édité 1 fois |
|
|
|
|
Nikura
Inscrit le: 08 Nov 2005 Messages: 2035 Lieu: Barcino / Brigantio
|
écrit le Friday 09 Mar 07, 17:07 |
|
|
J'ai actualisé... voulu ouvrir un nouveau fil mais il n'y a pas autant de choses à dire sur "souloir" ! L'étymologie est bien sŏleō, -ēs, -ēre mais je ne sais pas trop d'où cela vient, peut-être sur "seul" mais... je ne vois pas bien le rapport.
"solere" est peu usité en italien moderne et effectivement, impersonnelle, alors que l'espagnol le conjugue volontiers. Cela reste tout de même un mot assez soutenu.
J'aime beaucoup ces verbes anciens en effet... un peu comme "challoir" (doublon de "falloir" car souvent confondus), qu'on retrouve en caldre = falloir, ou en caler/chaler/faler = falloir ; "cheoir" (pour "tomber"), qu'on retrouve presque dans toutes les langues romanes sous ce sens précis (sauf sarde et romanche) : cair, caer, caure, caire/càser/chaire/cheire, cadere, a cădea. |
|
|
|
|
Castells
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 260 Lieu: País Valencià
|
écrit le Friday 09 Mar 07, 17:33 |
|
|
douloir= doldre ... dolc/dols/dol/dolem/doleu/dolen
valoir= valdre ... valc/vals/val/valem/valeu/valen
avoir= tindre ... tinc/tens/té/tenim/teniu/tenen |
|
|
|
|
max-azerty
Inscrit le: 11 Jan 2006 Messages: 796 Lieu: arras
|
écrit le Friday 09 Mar 07, 18:38 |
|
|
"douloir" est à rapprocher, d'un point de vue étymologique, du verbe "tolérer" et de l'allemand "dulden", tolérer, supporter.
La racine indoeuropéenne * "tol" ,à l'origine de ces mots, a le sens de "souffrir".
Au 18è siècle, on disait "souffrez que" pour dire "tolérez que". |
|
|
|
|
Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
|
écrit le Friday 09 Mar 07, 20:00 |
|
|
Et « doléance » est toujours utilisé … |
|
|
|
|
Dino
Inscrit le: 09 Oct 2006 Messages: 479 Lieu: Αθήνα – Ελλάδα
|
écrit le Friday 09 Mar 07, 20:21 |
|
|
En et en il y a le très commun "dor" => douleur (e.g. dor de cabeça = mal à la tête) et le verbe très commun aussi "doer" => avoir mal, souffrir. Par contre, il n'y a pas d'équivalent du verbe soler qui, dans quelques pays hispanoaméricains est, souvent, mal utilisé et confondu avec le verbe saber. |
|
|
|
|
Le garde-mots
Inscrit le: 22 Dec 2005 Messages: 743 Lieu: Lyon
|
écrit le Friday 09 Mar 07, 20:28 |
|
|
Ne pas confondre avec doloire, qui est un outil de charpentier. Du latin dolatoria, hache. |
|
|
|
|
Le garde-mots
Inscrit le: 22 Dec 2005 Messages: 743 Lieu: Lyon
|
écrit le Friday 09 Mar 07, 23:44 |
|
|
Jean s'en alla comme il était venu,
Mangea le fonds avec le revenu,
Tint les trésors chose peu nécessaire.
Quant à son temps, bien le sut dispenser :
Deux parts en fit, dont il soulait passer
L'une à dormir et l'autre à ne rien faire.
Jean de La Fontaine (1621-1695) |
|
|
|
|
Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
|
écrit le Saturday 10 Mar 07, 0:38 |
|
|
Kyrillion a écrit: | Quelles pertes déplorables...surtout souloir. |
Au XVIIe, Vaugelas pensait déjà comme toi :
« ce mot est vieux, mais il seroit fort à souhaiter qu'il fust encore en usage »
(TLFi, s.v.) |
|
|
|
|
José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
|
écrit le Saturday 10 Mar 07, 10:34 |
|
|
En italien, on utilise beaucoup l'adjectif tiré de solere = solito (accent tonique sur -so) :
* solito : habituel, usuel
la solita storia : l'histoire habituelle
sei sempre il solito : tu es toujours le même
cameriere, il solito! garçon, comme d'habitude!
* di solito : habituellement |
|
|
|
|
gilou
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 1528 Lieu: Paris et Rambouillet
|
écrit le Saturday 10 Mar 07, 20:45 |
|
|
On voit le lien probable avec le français insolite.
A+, |
|
|
|
|
Kyrillion
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 311 Lieu: Haute-Savoie
|
écrit le Tuesday 13 Mar 07, 20:13 |
|
|
Comme on passe en été le torrent sans danger,
Qui soulait en hiver être roi de la plaine,
Et ravir par les champs d'une fuite hautaine
L'espoir du laboureur et l'espoir du berger :
Comme on voit les couards animaux outrager
Le courageux lion gisant dessus l'arène,
Ensanglanter leurs dents, et d'une audace vaine
Provoquer l'ennemi qui ne se peut venger :
Et comme devant Troie on vit des Grecs encor
Braver les moins vaillants autour du corps d'Hector :
Ainsi ceux qui jadis soulaient, à tête basse,
Du triomphe romain la gloire accompagner,
Sur ces poudreux tombeaux exercent leur audace,
Et osent les vaincus les vainqueurs dédaigner.
Joachim du Bellay |
|
|
|
|
José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
|
écrit le Wednesday 26 May 10, 13:28 |
|
|
Dans les parlers bas-normands :
- doulant : douloureux, qui fait souffrir
(participe présent adjectivé du verbe douloir) |
|
|
|
|
giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
|
écrit le Wednesday 26 May 10, 16:27 |
|
|
L'italien utilise encore le verbe dolere.
Par exemple dans les expressions: "Mi duole molto!" = Mi fa molto male
Et aussi "Me ne dolgo!", "Sono dolente!" = Mi dispiace molto
Et apres il y a le mot doglianza: "Le esprimo le mie doglianze per il suo comportamento". |
|
|
|
|
|