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Camelia
Inscrit le: 14 Jan 2008 Messages: 711
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écrit le Saturday 12 Nov 11, 23:20 |
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költeni /dépenser
En roumain:
a cheltui - dépenser,
cheltuitor - prodigue,
cheltuială - dépense
Expr. Cu (sau pe) cheltuiala cuiva / aux dépens de qqn.
Dernière édition par Camelia le Sunday 13 Nov 11, 10:10; édité 1 fois |
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Jacques
Inscrit le: 25 Oct 2005 Messages: 6523 Lieu: Etats-Unis et France
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écrit le Saturday 12 Nov 11, 23:36 |
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Peux-tu nous en donner l'étymologie ? |
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Camelia
Inscrit le: 14 Jan 2008 Messages: 711
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écrit le Sunday 13 Nov 11, 9:10 |
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Je ne connais pas d'où vient költeni en hongrois, mais ce terme s'est introduit en roumain.
Voir ici : mots d'origine hongroise en roumain.
http://projetbabel.org/forum/viewtopic.php?t=12561
András, Piroska, nous diront plus. |
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Oliv
Inscrit le: 16 Oct 2011 Messages: 124 Lieu: Toulouse
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écrit le Sunday 13 Nov 11, 9:19 |
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J'ai un dictionnaire étymologique hongrois et il indique: factitif -t de kel "se lever" (celui du point cardinal kelet), d'origine ougrienne *kälä (mots mansi/vogoul et khanty/ostiak, avec en plus le sens "arriver sur la rive, monter à terre"), ou même finno-ougrienne si on y rattache des mots permiens et fenniques (finnois kahlata "marcher dans l'eau", kaalamo "gué", en supposant changement de série vocalique et évolution de sens vers "monter sur la rive").
En hongrois e->ö est possible et est ici explicable par l'effet du lt, et l'évolution de sens avec le factitif serait: sens général "se mettre en mouvement" -> "faire mettre en mouvement", d'où
kelt, költ "éveiller",
költ "dépenser": cf. le sens elkel "être vendu/utilisé" (el- "en s'en allant"),
költ "inventer (qc de faux), composer (un poème)" (via un sens ancien "propager une nouvelle"), d'où költő "poète" (-ő part.pr.: "qui compose"), költemény "une poésie", költészet "la poésie",
költözik, költözködik "déménager".
De la même famille en hongrois, à partir du même sens général:
kikelet (peu courant, littéraire) "printemps": de kikel "sortir (du bourgeon, de l'œuf)" (ki- "en sortant"),
kelés "furoncle",
kelt "fait le ..." (formule à la fin d'un document, part.passé -t),
kerekedik "se former, commencer", l -> r par confusion avec kerekedik "s'arrondir" (qui vient de kerek "rond" d'origine finno-ougrienne),
keletkezik "se former, survenir".
Dernière édition par Oliv le Sunday 13 Nov 11, 9:48; édité 1 fois |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11165 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Sunday 13 Nov 11, 9:45 |
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Camelia a écrit: | Expr. Cu (sau pe) cheltuiala cuiva / avec la dépense de quelqu'un. |
Plutôt "aux dépens de qqn", je pense. |
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Zsofia Reibli
Inscrit le: 20 Jan 2014 Messages: 1 Lieu: Nantes Pécs Istanbul
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écrit le Monday 20 Jan 14, 1:02 |
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En fait ce qui est tres intéressant ave költeni, c'est que le verbe a a la fois le sens de "couver" et celui de "composer un poeme, un chant". Cette pensée suit le meme modele que le sens étymologique de poiesis en grec ancien: la poésie est comme une création concrete. Donc dans la conception hongroise de la poésie, celui qui compose un poeme est celui qui couve, ainsi le poeme serait comme l'oiseau qui sort de l'oeuf. Voici une image d'une grande richesse de sens: elle compare la poésie a ce phénomene curieux qu'est la transformation du liquide en un etre vivant a l'intérieur de l'oeuf fragile, en évoquant également le fait que le poeme s'envole de la bouche du poete. Cette facon de penser est vraiment propre a celle des finno-ougriens, pour qui le shaman, (ou táltos si l'on veut) était capable d'agir par les paroles et par la musique... Guérir ou trouver un trésor, changer le temps, par sa musique et ses formules. Et donc on voit aussi que la poésie avait une dimension religieuse aussi (ou surtout?).
D'ailleurs dans le Kalevala on lit souvent que les mots s'envolent de la langue de quelqu'un, ce qui rejoint cette meme idée exposée. J'ai lu quand j'étais petite que les chanteurs finlandais chantaient les mains dans les mains, le deuxieme répétant ce que dit le premier, ainsi les mots s'envolaient de la bouche du premier sur celle du deuxieme. Malheureusement je ne sais plus oú j'ai pu lire cette image, probablement dans la préface du Kalevala ou du Kanteletar, ou dans celle du Kalevipoeg. A voir. |
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