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Hen : le nouveau pronom neutre suédois

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José
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Inscrit le: 16 Oct 2006
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Messageécrit le Thursday 13 Feb 14, 11:56 Répondre en citant ce message   

A lire :
- le Fil TELE - Il, elle, "hen" : la pédagogie du genre (Suède)
- l'article ci-dessous de slate.fr du 27.05.2012

Tout ajout d'informations d'ordre linguistique sur la question du neutre est bienvenu.

slate.fr a écrit:

Hen: le nouveau pronom neutre qui fait polémique en Suède

La Suède tente de se débarrasser de ses «il» et «elle» en les remplaçant par le pronom neutre «hen». À tort ou à raison?

Pour la plupart des gens, la Suède est un paradis pour femmes libérées. On y trouve le taux d'emploi féminin le plus important au monde et environ 2/3 des diplômes sont obtenus par des femmes. Le congé parental y dure en moyenne 480 jours, dont 60 exclusivement réservés aux papas, ce qui fait que, pour certains, ce pays a ouvert la voie à un nouveau type de masculinité nourricière. En 2010, le Forum économique mondial avait désigné la Suède comme le pays le plus sexuellement égalitaire du monde.

Mais pour de nombreux Suédois, l'égalité des sexes ne suffit pas. Beaucoup font pression pour que la nation nordique ne soit plus simplement sexuellement égalitaire, mais devienne sexuellement neutre.

Selon cette idée, le gouvernement et la société ne devraient plus tolérer la moindre distinction entre les sexes. Plus spécifiquement, la société devrait prendre davantage en considération les individus pour qui l'identité ne relève ni du masculin ni du féminin, y compris en autorisant n'importe quel type de couple à se marier.

Mais c'est là le côté le moins radical du projet. Pour de nombreux militants de la neutralité sexuelle, la société devrait viser à effacer totalement les stéréotypes et les rôles sexuels traditionnels, y compris aux niveaux les plus terre-à-terre.

Spiderman et sa poupée

Ces militants font du lobbying pour que les parents puissent choisir n'importe quel prénom pour leur enfant (actuellement, la Suède reconnaît officiellement 170 prénoms unisexes). L'idée consiste à ne pas lier les prénoms au sexe et autoriserait donc les parents à appeler, par exemple, une fille Jack ou un garçon Lisa.

Une marque de vêtements pour enfants suédoise a supprimé les rayons «fille» et «garçon» de ses magasins, et l'idée d'habiller les enfants de façon neutre a été largement débattue sur la blogosphère parentale. Pour ce catalogue de jouets suédois, le changement consiste à présenter un petit garçon déguisé en Spiderman poussant un landau rose, tandis qu'une petite fille en jean conduit un tracteur jaune.

La fédération suédoise de bowling a annoncé son intention de fusionner les tournois féminins et masculins afin de neutraliser ce sport. Des politiciens sociaux-démocrates ont proposé l'installation de toilettes neutres pour que les citoyens ne soient plus obligés de se catégoriser en dames ou messieurs.

Dans de nombreuses écoles maternelles, toutes les références au sexe des écoliers ont été supprimées et le personnel choisit désormais de s'adresser aux enfants par leurs prénoms ou en utilisant le terme de «copains».

Ainsi, un enseignant va plutôt dire «bonjour les copains» ou «bonjour Lisa, Tom et Jack» que «bonjour les filles et les garçons». Ce qui répondrait aux directives du ministère de l'éducation nationale incitant les écoles maternelles à «contrer les schémas et les rôles sexuels traditionnels» et à offrir aux enfants «des opportunités identiques de tester et de développer des aptitudes et des intérêts sans être limités par des stéréotypes sexuels».

L’entrée du pronom «hen» dans l’encyclopédie

Au début du mois, le mouvement pour la neutralité sexuelle a franchi une étape importante: quelques jours après la Journée internationale des femmes, un nouveau pronom, hen [hɛn], fut ajouté à la version numérique de l'Encyclopédie nationale suédoise.

L'entrée définit hen comme une «suggestion de pronom neutre remplaçant il [han, en suédois] et elle [hon]». L'annonce de l'Encyclopédie nationale s'est faite au beau milieu d'un débat houleux sur la neutralisé sexuelle agitant les colonnes des journaux, les plateaux de télévision, les blogs parentaux et autres sites féministes.

Une polémique déclenchée par la publication du premier livre pour enfants sexuellement neutre, Kivi och Monsterhund (Kivi et Monstrochien). Il raconte l'histoire de Kivi, personnage voulant un chien pour son anniversaire. L'auteur, Jesper Lundqvist (un homme), introduit de nombreux termes neutres dans son ouvrage, en remplaçant par exemple mammor et pappor (mamans et papas) par mappor et pammor.

Un journal plein de «hen»

Le magazine gratuit Nöjesguiden, dédié à l'art de vivre et distribué dans les grandes villes suédoises à peu près sur le même modèle que Village Voice, a récemment sorti un numéro employant hen dans tous ses articles.

Dans sa chronique, l'écrivain Kawa Zolfagari déclare «L'égo masculin est parfois dur à porter. J'ai personnellement tendance à mal le prendre quand une amie qui a souffert du sexisme ou qui a été blessée par un type quelconque se met à dégoiser des généralités sur les hommes. Je me dis parfois 'hen me connaît, hen sait que je ne suis pas un idiot, alors pourquoi parle-t-hen ainsi de tous les hommes?».

Pour la rédactrice en chef de Nöjesguiden, Margret Atladottir, hen devrait être inclus dans le dictionnaire de l'Académie suédoise, l'institution qui remet chaque année le Prix Nobel de littérature.

Ambitions linguistiques ou politiques

Hen fut mentionné pour la première fois par des linguistes suédois au milieu des années 1960 puis, en 1994, c'est le linguiste Hans Karlgren, aujourd'hui décédé, qui suggéra son ajout en tant que nouveau pronom personnel, principalement pour des raisons pratiques. Karlgren essayait d'éviter l'embarras du il/elle, engluant l'écriture, et voulait inventer un terme unique pour «nous permettre de parler d'une personne sans avoir à préciser son sexe». Selon lui, l'initiative allait permettre d'améliorer la langue suédoise et de lui conférer davantage de nuance.

Mais aujourd'hui, les partisans du hen ont des ambitions politiques bien spécifiques. Par exemple, le livre de Lundqvist est publié chez Olika, une maison d'édition dont le nom signifie «divers ou différent». Olika ne publie que des livres qui «défient les stéréotypes, les normes obsolètes et les traditions dans le monde de la littérature».

On trouve ainsi dans son catalogue 100 möjligheter Istället för 2! («100 possibilités plutôt que 2!»), un livre pour les adultes qui «veulent donner aux enfants davantage d'opportunités dans un quotidien emprunt de stéréotypes sexuels»; et Det var en gång … en ritbok!(«Il était une fois...un livre de coloriage!»), le premier livre de coloriage «sexuellement critique» pour enfants qui «défie les conceptions traditionnelles et discriminantes des filles, des garçons, des hommes et des femmes».

La polémique «hen»

Mais de telles ingérences politiques dans la grammaire suédoise sont loin de faire consensus. Dans une récente interview pour le magazine Vice, Jan Guillou, l'un des plus célèbres écrivains suédois, évoquait les partisans de hen comme des «militants féministes qui cherchent à détruire notre langue».

D'autres détracteurs pensent que son emploi peut s'avérer psychologiquement et socialement délétère, en particulier pour les enfants. Elise Claeson, chroniqueuse et ancienne responsable des questions d'égalité au sein de la Confédération suédoise des associations professionnelles, avait ainsi déclaré que l'idée d'un «entre-deux» sexuel pouvait troubler les jeunes enfants en plein développement cérébral et corporel. Pour Claeson, les adultes ne devraient pas déranger les enfants dans leur découverte du genre et de la sexualité. Interrogée par le quotidien Dagens Nyheter, elle déclara que les «idéologues du genre» avaient réussi à s’immiscer dans les programmes scolaires nationaux et faire que les écoles luttent activement contre les rôles sexuels.

Les stéréotypes à l’école

Claeson n'a peut-être pas tort. Le système scolaire suédois s'est lancé à corps perdu dans ce nouveau programme et son adoption s'est sans doute fait avec un peu trop d'enthousiasme et de rapidité. A l'automne dernier, 200 enseignants s'étaient rendus à une grande conférence, organisée sous l'égide du gouvernement, et qui visait à débattre des manières d'éviter les «schémas sexuels traditionnels» à l'école.

A Egalia, une école maternelle modèle de Stockholm tout –de la décoration aux livres, en passant par les jouets– est méticuleusement choisi pour promouvoir une perspective sexuellement égalitaire et éviter ainsi les visions traditionnelles du genre et des rôles parentaux. Les enseignants tentent d'exposer le moins possible les écoliers à des «expressions genrées». A Noël, le personnel d'Egalia a réécrit les paroles d'une chanson traditionnelle en «hen fait des gâteaux toute la journée».

Quand les enfants jouent à la famille, ils sont incités à placer des «maman, papa, enfant» dans leurs univers imaginaires, mais aussi des «papa, papa, enfant»; des «maman, maman, enfant» ; des «papa, papa, sœur, tata, enfant» ; ou n'importe quelle autre configuration domestique moderne.

Une adaptation normative?

Pour ceux qui ont le sentiment que l’égalité sexuelle ou la neutralité sexuelle sont des notions intrinsèques à la société moderne, défendre l'instillation de telles valeurs au plus jeune âge relève probablement de la logique. Les Verts suédois ont même suggéré la mise en place de «pédagogues du genre» dans toutes les écoles maternelles de Stockholm, la capitale suédoise, afin qu'ils puissent agir en «chiens de garde» du processus. Mais évidemment, en termes d'interventions linguistiques, les nourrissons ne peuvent soupeser les arguments de chacune des parties et ne conçoivent ni n'analysent les rôles sexuels comme le font les adultes.

L'ironie de la chose, c'est qu'en voulant absolument libérer les enfants suédois de comportements soi-disant normatifs, les partisans de la neutralité sexuelles les soumettent à tout un ensemble de nouvelles lois et de nouvelles normes, vu que certains types de jeu deviennent tabous, que le langage se voit régulé, et que les interactions et les attitudes des enfants sont scrupuleusement observées par les enseignants.

Une école suédoise s'est ainsi débarrassée de toutes ses petites voitures car les garçons y assignaient des «codes genrés» et les considéraient comme symboliquement supérieures aux autres jouets. Une autre école maternelle a préféré supprimer toutes les plages de «jeu libre» de son emploi du temps car, comme l'a expliqué un de ses pédagogues, c'est quand les enfants sont livrés à eux-mêmes que «naissent et s'enracinent les stéréotypes sexuels. Quand ils jouent librement, on retrouve de la hiérarchie, de l'exclusion et les fondements du harcèlement».

Et c'est ainsi que le moindre petit détail des interactions enfantines sera soumis à la microgestion d'adultes préoccupés, des adultes qui en viendront à problématiser l'existence des enfants dans ses aspects les plus dérisoires, que ce soit leurs manières de se faire des amis, le type de jeux qu'ils jouent ou le genre de chansons qu'ils chantent.

Nathalie Rothschild - Traduit par Peggy Sastre
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hunnamkuerf



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Messageécrit le Tuesday 18 Feb 14, 16:09 Répondre en citant ce message   

Je crois que finalement, il faudra supprimer les genres dans toutes les langues. Les Anglais et les Hongrois semblent bien l'avoir compris. Un seul genre, un seul article. Que du bonheur pour les féministes... et surtout les élèves !
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embatérienne
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Messageécrit le Tuesday 18 Feb 14, 16:13 Répondre en citant ce message   

hunnamkuerf a écrit:
Les Anglais et les Hongrois semblent bien l'avoir compris. Un seul genre, un seul article.

Un seul article pour les Anglais, mais quand même trois genres pour les pronoms he, she et it.
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Jacques



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Messages: 6523
Lieu: Etats-Unis et France

Messageécrit le Tuesday 18 Feb 14, 16:17 Répondre en citant ce message   

Souvent, en anglais on écrit "his/her" (he/she) et on dit "his or her" (he or she), ce qui est très lourd et brise la continuité de la phrase. Lorsqu'il est possible, le pluriel (indépendant du genre) passe bien mieux.
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José
Animateur


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 10950
Lieu: Lyon

Messageécrit le Tuesday 18 Feb 14, 18:20 Répondre en citant ce message   

Hunnamkuerf a écrit:
Je crois que finalement, il faudra supprimer les genres dans toutes les langues. Les Anglais et les Hongrois semblent bien l'avoir compris. Un seul genre, un seul article. Que du bonheur pour les féministes... et surtout les élèves ! moqueur

- Supprimer les genres ?
Quelle tristesse, on finirait alors par parler un semblant de langue simplifiée.
Nous sommes des Humains, nous avons donc le sens de l'exigence.

- Les Anglais et les Hongrois semblent bien l'avoir compris.
Les Anglais et les Hongrois ont compris quoi (avec tout le respect que je voue à ces peuples) ?
Ils pratiquent comme ils l'entendent, ça les regarde ou ça les dépasse mais une langue n'est pas un modèle pour une autre.
Ce qui est magnifique dans l'Histoire des langues, c'est l'extraordinaire diversité et l'absence de modèle.

- Un seul genre, un seul article. Que du bonheur pour les féministes... et surtout les élèves !
Le minimum syndical, c'est comme baiser une fois par mois. Ca suffit à certains. Mais comme on doit s'ennuyer...
Certaines féministes sont plus que critiquables, elles font peur.
Quant aux élèves, je les encourage à prendre la voie de l'exigence plutôt que celle de la facilité.
Moi, ce qui m'intéresse dans une langue, c'est plus sa complexité et ses spécificités que son côté simpliste.
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ElieDeLeuze



Inscrit le: 14 Jun 2006
Messages: 1622
Lieu: Allemagne

Messageécrit le Tuesday 18 Feb 14, 18:52 Répondre en citant ce message   

La Suède n'a rien d'égalitaire. 2/3 des diplômés sont des femmes, pas 1/2. Nulles en math, ces Suédoises... en plus d'être nulles en linguistique car le genre n'est pas le sexe.
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