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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10941 Lieu: Lyon
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écrit le Wednesday 24 Sep 14, 9:41 |
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- Cala Madonna, molto amata dalle famiglie perché qui si possono noleggiare sdraio e ombrelloni.
= Cala Madonna, une crique de l'île de Lampedusa très appréciée des familles car on peut y louer des chaises longues et des parasols.
[ La Stampa - 23.09.2014 ]
noleggiare
- louer
- fréter - affréter
noleggiatore : loueur (de voitures par ex) - affréteur
nolo : location - fret
noleggio : location
- prendere/dare a noleggio un'automobile
= prendre/donner une voiture en location - louer une voiture
ETYMOLOGIE [ TRECCANI ]
- nolo : latin tardif naulum, grec ναῦλον (= naῦlon), dérivé de ναῦς (= naῦs) (= navire/bateau)
nolo/noleggiare (ital.) et nautique (fr.) ont la même racine.
Le nolo, c'est le prix du transport de marchandises par bateau (= nolo marittimo) ou par avion (= nolo aereo).
Le mot le plus courant pour traduire louer en italien est affittare (dérivé du latin figere : fixer). |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3887 Lieu: Paris
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écrit le Wednesday 24 Sep 14, 11:23 |
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C'est le papa de notre bon mot français noliser, bien connu des Québécois, qui utilisent vol nolisé plutôt que vol charter.
http://www.cnrtl.fr/definition/noliser |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11235 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Wednesday 24 Sep 14, 18:23 |
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Ce papa volage a aussi des enfants arabes : : نولون nawlūn ou نول nawl, “fret, nolis, naulage”. |
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Kugulistan
Inscrit le: 09 Aug 2010 Messages: 190
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écrit le Wednesday 24 Sep 14, 22:49 |
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Ces mots arabes ne viendraient-ils pas du persan ناو nâw ?
Je suppose que ces termes sont de la même origine que le mot kurde asnaw (dialecte dimilî) qui signifie nager ; et en dialecte du nord (kurmandji) : ajnê, la nage, la natation . Et aussi de la même origine que le mot persan ci-dessus. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11235 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Thursday 25 Sep 14, 17:49 |
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Kugulistan a écrit: | Ces mots arabes ne viendraient-ils pas du persan ناو nâw ? |
Je ne pense pas. Le l final, absent du persan mais présent dans le grec, est tout de même un indice fort de la filiation grecque. Et puis, pour des raisons historiques et géographiques, une filiation persane de tels termes est peu probable. Ce sont de bons exemples de la lingua franca qui a permis aux marins et commerçants de la Méditerranée de se comprendre entre eux pendant des siècles quelle que fût leur langue maternelle : italien, grec, arabe, espagnol, français ... |
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Jeannotin Animateur
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 879 Lieu: Cléden-Poher
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écrit le Friday 27 Oct 17, 11:19 |
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Le cognat celtique du grec ναῦς [naῦs] apparaît dans une lettre d'Ausone sous la forme nausum "barque", qui doit être une latinisation d'un gaulois *nauson. Pour Delamarre, il s'agit d'une forme refaite d'un plus ancien *nāuā, qui expliquerait le nom de Nau-stalo une ville de Narbonnaise. *Nāuā explique bien, en tout cas, le vieil irlandais nau "navire". Le breton new viendrait, lui, d'un brittonique *nāuiā refait sur le génitif. Le i de cette forme explique le passage de la première voyelle de a à e par métaphonie.
New [nɛw] a pris le sens d'auge en Centre-Bretagne :
Am(añ) oa ur plac'h, ur plac'h ba, ba kêr am(añ) ha' na un new ba penn he di ha toud an dour, an dour a implijè-hi da werc'h(iñ) hi vaisselle… (...) Daolè-hi 'naoñ ahe ! Ha pé 'h ee da 'n-om werc'hiñ, tàè-hi ahe ha 'n-om werc'hè ga'n dour-hezh !
Il y avait ici une femme, une femme, au village, ici, qui avait une auge au bout de sa maison, et toute l'eau, l'eau qu'elle utilisait pour sa vaisselle... (...) Elle la jetait là ! Elle quand elle se lavait, elle allait là et elle se lavait avec cette eau-là (Carhaix)
https://brezhoneg-digor.blogspot.fr/2017/10/brageier-tokeier-rochidi-chupennou.html
On peut mettre cette évolution sémantique en parallèle avec celle de lestr "vaisseau", qui, du moins en Centre-Bretagne ne s'entend plus qu'au pluriel listri avec le sens de "vaisselle", ou en composition dans pelestr "cuvier, saloir". En français, vaisselle et vaisseau ne diffèrent que par le genre. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
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écrit le Friday 27 Oct 17, 12:08 |
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Le thème eurindien que l'on reconstitue est *neh₂-u-s qui est fort bien attesté dans les principales langues anciennes :
sanskrit naús (cf. aussi persan nâv « petit bateau », emprunté ou non par l'arménien naw)
grec ναῦς [naûs]
latin nāvis
vieil-irlandais nau (< *nāu-ā, voir ci-dessus) et, comme en breton, gallois noe « auge »
vieil-islandais nōr (< *nāwos)
Tous (sauf les brittoniques) avec le sens de « bateau, navire ».
En dépit du double sens du français nef, aucun rapport étymologique avec le grec ναός [naós] « temple (bâtiment) » et, plus spécifiquement, « cella » qui, lui, < *νασϝός [naswós]. On ne peut déterminer si le mycénien ka-ko na-wi-jo est du bronze (χαλκός) de navire ou du bronze du temple … |
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Jeannotin Animateur
Inscrit le: 09 Mar 2014 Messages: 879 Lieu: Cléden-Poher
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écrit le Friday 27 Oct 17, 12:27 |
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Le sens d'auge en brittonique est-il si isolé que cela ? En français, on parle bien de nef de table. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11235 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 27 Oct 17, 14:44 |
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En espagnol le mot nave a aussi le sens de "hangar, entrepôt", ces bâtiments qui peuplent les banlieues des grandes villes, où s'effectue le commerce de gros et entre lesquels les camions vont et viennent.
C'est intéressant car on voit que pour le commerçant, ce n'est pas l'élément sur lequel se déplace le navire qui l'intéresse vraiment mais la quantité de marchandises qu'il peut contenir. Un navire, un vaisseau, ce n'est qu'un gros récipient, une grosse pièce de vaisselle, dont on mesure la capacité en tonneaux.
Est-ce le cas dans d'autres langues ? |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11235 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Thursday 14 Feb 19, 22:46 |
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Kugulistan a écrit: | Ces mots arabes ne viendraient-ils pas du persan ناو nâw ?
Je suppose que ces termes sont de la même origine que le mot kurde asnaw (dialecte dimilî) qui signifie nager ; et en dialecte du nord (kurmandji) : ajnê, la nage, la natation . Et aussi de la même origine que le mot persan ci-dessus. |
J'ajoute que ce mot persan a bien le sens de bateau, mais aussi celui de rivière, canal, conduite d'eau. S'agit-il bien du même mot ou de deux homonymes ?
Je me rends compte que je n'avais que partiellement répondu à Kugulistan, et c'est dommage, car on voit qu'elle soulève à son insu une question importante, celle du rapport, pour faire bref, entre ναῦς [naῦs] navire et νάω [naô] couler.
Dans le présent mot du jour, c'est de ναῦς [naῦs] dont il est question. Pour νάω [naô], il faut aller voir le mot du jour naïade.
Le DELG ne propose pas de renvoi de l'un à l'autre, et personne à Babel ne l'a fait non plus, ni proposé, alors que c'était tentant. D'autant plus tentant que le fameux critère de la quantité vocalique ne semble ici jouer aucun rôle : aussi bien sous une entrée que sous l'autre, que ce soit sur ce forum ou dans le DELG, il y a des dérivés et des cognats avec des a brefs et d'autres avec des ā longs.
Calvert Watkins fait d'ailleurs dériver ναῦς [naῦs] de la racine *nāu- bateau et νάω [naô] de la racine *(s)nāu- nager, couler. Où l'on voit que ce qui distingue formellement l'une de l'autre ce n'est plus que l'instable préfixe s de la deuxième.
Franchement, j'ai du mal à comprendre pourquoi ces deux racines sont ainsi laissées dans l'indifférence l'une de l'autre... On a vu proposés et acceptés des rapprochements plus acrobatiques.
Tout éclaircissement sera le bienvenu. Merci d'avance. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11235 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 04 Oct 19, 9:41 |
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Il n'est plus besoin d'être en bateau pour avoir de nos jours la nausée. Cette indisposition affecte maintenant les estomacs et les esprits fragiles en toutes circonstances. Jean-Paul Sartre a gravé ce mot dans le marbre en en faisant le titre d'un des ses plus célèbres romans.
(NB : Un mot de cette ligne ayant été "corrigé" par un animateur, elle perd son intérêt et n'a plus lieu d'être, je l'ai donc supprimée.)
Des deux adjectifs dérivés synonymes nauséeux et nauséen, le premier est très probablement le plus usuel. |
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 898 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Friday 04 Oct 19, 14:07 |
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Papou JC a écrit: |
Calvert Watkins fait d'ailleurs dériver ναῦς [naῦs] de la racine *nāu- bateau et νάω [naô] de la racine *(s)nāu- nager, couler.
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C'est un tout petit détail, "en passant" : le α de νάω est bref. Dans ce terme homérique, on ne peut alléguer un abrègement par position. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11235 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 08 Oct 19, 8:07 |
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Il est long dans de nombreux dérivés. Explications ou tentatives d'explications dans Chantraine p. 738. |
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 898 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Tuesday 08 Oct 19, 9:14 |
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Je n'en doute pas, mais attention aux "cas particuliers" : le grec est piégeux ! |
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